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Clôture sous le signe de Rameau et Mondonville

Paris
Pontoise (Cathédrale Saint-Maclou)
10/19/2014 -  
Jean-Philippe Rameau : Quam Dilecta – In Convertendo
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville : De Profundis

Stéphanie Revidat (dessus), Muriel Chauvin (dessus), François-Nicolas Geslot (haute-contre), Alain Chilemme (taille), Alain Buet (basse)
Chœur du Capitole de Toulouse, Alfonso Caiani (direction des chœurs), Les Passions, Jean-Marc Andrieu (direction musicale)




Année commémorative oblige, le festival baroque de Pontoise met Rameau à l’honneur et c’est sous son signe que s’achève la vingt-neuvième édition de ce rendez-vous de début d’automne désormais installé dans le paysage francilien. Et c’est au grand motet versaillais, avatar idiomatique de la musique sacrée française, qu’est consacré le programme importé par Jean-Marc Andrieu et son ensemble Les Passions. Le concert s’ouvre avec Quam Dilecta, sur le psaume 83. La richesse instrumentale fait d’emblée la part belle aux vents, et en particulier au basson qui se distingue, par exemple, dans le récit d’entrée pour dessus. Le chœur «Cor meum» témoigne de l’imagination imitative dont est friande la musique française du dix-huitième siècle, où frémit l’empressement du chœur à rejoindre «le Dieu vivant». La finesse, sinon la recherche, de l’écriture, s’entend tout au long de l’ouvrage, sans que celle-ci atteigne cependant la théâtralité des deux pièces suivantes.


Au foisonnement orchestral du maître dijonnais répond un effectif allégé dans le De Profundis de Mondonville, à la séduction immédiate et virtuose – le musicien narbonnais était violoniste. Fin connaisseur de ce répertoire, Jean-Marc Andrieu en révèle les couleurs et les saveurs, soulignant la rhétorique de la partition, à l’instar des accents de déploration aux violons du «Requiem aeternam», avant la lumineuse fugue sur le «Et lux perpetua». La battue allante accentue une belle énergie dramatique, et ce dès les premières notes. Visiblement plus à l’aise que dans l’opus précédent, le haute-contre François-Nicolas Geslot livre un «Quia apud te» d’un relief certain, s’autorisant une prise de risque dans l’ornementation, plus sûr de son effet que de l’académisme stylistique peut-être.


Mais, à n’en pas douter, l’In Convertendo de Rameau referme cet après-midi avec l’une des plus admirables synthèses entre inventivité et intelligence. On y apprécie le cisèlement des pupitres, fondu dans une battue généreuse et sensuelle, autant que précise. Alain Buet confirme ici une déclamation solide et bien projetée. Stéphanie Revidat lui répond par une ligne fluide et ample, qui magnifiait l’«Et ipse redimet» du Mondonville, et que l’on retrouve ici concertant avec le chœur dans le «Laudate nomen» – emprunt au psaume 68 au milieu du 125 –, avant un expressif trio où s’ajoute la voix de haute-contre. Le chœur final, «Euntes ibant et flebant», constitue enfin une merveille de contrepoint et d’expression, auquel la formation du Capitole rend pleinement justice. Saluons à ce titre le remarquable travail réalisé par Jean-Marc Andrieu, en particulier sur la prononciation du latin à la française. Limpidité et puissance se conjuguent ici avec éclat, preuve que le baroque français sait, à sa manière, lever les barrières.



Gilles Charlassier

 

 

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