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Les promesses confirmées

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
10/09/2014 -  et 11* octobre 2014
Bruno Mantovani : Time Strech (On Gesualdo)
Johannes Brahms : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 77
Albert Roussel : Bacchus et Ariane opus 43: Suites d’orchestre n° 1 et 2

Isabelle Faust (violon)
Orchestre national de Lyon, Kazuki Yamada (direction musicale)


K. Yamada (© Marco Borggreve)


Si c’est avec Leonard Slatkin que l’Orchestre national de Lyon ouvre, légitimement, sa saison – cette année avec un florilège d’ouvertures françaises –, la phalange lyonnaise ménage aussi une tribune aux baguettes montantes, à l’instar de Kazuki Yamada, lauréat du concours de Besançon en 2009. Ainsi que le chef japonais nous l’a confié avant le concert, ce succès est arrivé presque par hasard, ayant passé les auditions pour la compétition quelques jours après avoir atterri à Berlin – où il vit aujourd’hui –, et lui a ouvert les portes des salles européennes – il a d’ailleurs pallié l’annulation de Michel Plasson à l’Orchestre de Paris en 2009.


Héritage peut-être du riche maillage orchestral nippon où il a pu s’exercer, l’actuel premier chef invité de l’Orchestre de la Suisse romande depuis 2010 a réservé un programme éclectique pour sa première venue à l’Auditorium Maurice Ravel, entre tradition germanique et inspiration française. Et c’est sous le signe de cette dernière que se place la création contemporaine à laquelle il donne une tribune, avec une page de Mantovani, Time Strech, sous-titrée On Gesualdo. A lire l’intention du compositeur, associé cette année à l’Orchestre national de Lyon, la partition s’organise autour d’un canevas de cent trente accords abstraits d’un des madrigaux du Cinquième Livre du musicien italien, S’io non miro non moro. Refusant toute référence explicite, la pièce s’appréhende surtout comme une succession de tensions et de détentes, régie selon une certaine périodicité, à défaut d’une implacable nécessité. Du moins le vaste effectif est-il maîtrisé, coloré par des réminiscences chromatiques.


L’équilibre de la direction se retrouve dans le Concerto pour violon de Brahms. De ce jalon majeur du répertoire romantique, Kazuki Yamada soigne la balance sonore, ménageant l’impulsivité de l’inspiration, au diapason du jeu nuancé et mesuré d’Isabelle Faust. Plutôt que de grands élans, la soliste allemande privilégie une certaine concentration. On a certes connu Allegro non troppo plus expansif, et la cadence de Busoni récapitule avec une émotion plus intellectuelle que viscérale les thèmes et crescendos du mouvement. La lumière intime de l’Adagio, avec son solo de hautbois, ne verse jamais dans le détail artificiel, quand le Rondo final laisse s’épanouir une certaine générosité. L’intériorité de la violoniste se confirme dans le bis, la Sarabande de la Seconde Partita, dont elle distille la fragile réserve avec une délicate poésie.


Le concert se referme par un bel avatar d’inventivité française: les deux Suites que Roussel a tirées de son ballet Bacchus et Ariane. Entre évocations mimétiques et profusion rythmique, l’ouvrage met en valeur les pupitres lyonnais, soutenus en cela par une battue claire et cherchant le naturel. Rien de tel pour souligner la richesse d’une écriture qui renouvelle admirablement toute une école de pensée musicale. Entre grands classiques et redécouvertes, la performance de Kazuki Yamada confirme les promesses qui furent placées en lui.


Le site de Kazuki Yamada
Le site l’Orchestre national de Lyon



Gilles Charlassier

 

 

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