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Retour de La Gioconda à Marseille

Marseille
Opéra
10/01/2014 -  et 4*, 7, 10 octobre 2014
Amilcare Ponchielli : La Gioconda
Micaela Carosi/Elena Popovskaya* (Gioconda), Béatrice Uria-Monzon (Laura), Qiu Lin Zhang (La Cieca), Riccardo Massi (Enzo Grimaldo), Marco Di Felice (Barnaba), Konstantin Gorny (Alvise Badoèro), Jean-Marie Delpas (Zuàne), Michael Piccone (Un Barnabotto, Un chanteur), Christophe Berry (Isepo, Un pilote)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille, Maîtrise des Bouches-du-Rhône, Fabrizio Maria Carminati (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Eric Chevalier (décors), Jean-Pierre Capeyron (costumes), Marc Ribaud (chorégraphie), Jacques Chatelet (lumières), Cyrille Chabert (réalisation lumières)


(© Christian Dresse)


A l’ombre de Verdi, et éclipsé par la gloire d’un de ses plus brillants élèves, Puccini, Ponchielli n’a retenu l’attention de la postérité qu’avec son opéra La Gioconda, souvent résumé dans la mémoire collective à quelques pages, la «Danse des heures» pour le grand public, l’élégie «Cielo e mar» d’Enzo et le puissant «Suicido» de l’héroïne éponyme pour les mélomanes. Et encore, les inconditionnels ont-ils eu souvent à traverser l’Atlantique pour voir l’ouvrage, le Met étant l’une des rares maisons à le programmer avec une relative constance, dans la même mise en scène de carton-pâte décidément inusable à force d’être usée. Sans aller jusqu’à l’Opéra de Paris, où l’œuvre n’a été donnée pour la première fois qu’au printemps 2013, Marseille ne l’avait plus entendue, en concert, depuis 1982 – la création scénique y remonte à 1967. On jugera donc de l’aubaine constituée par la reprise phocéenne de la version réalisée par Jean-Louis Grinda pour l’Opéra de Nice en 2006 – coproduite avec celui de Liège.


A n’en pas douter, le directeur de la maison monégasque a bien compris l’aspect spectaculaire de la partition, plus riche en situations dessinées à grands traits qu’en subtilités psychologiques, à défaut de lui rendre pleine justice. La toile de fond déroule l’illusion vénitienne en teintes nocturnes au premier acte, tandis que la «Danse des heures» joue habilement du trompe-l’œil dans une reconstitution de quelque plafond allégorique. Hélas, la chorégraphie de Marc Ribaud reste souvent élémentaire, et l’économie de moyens se contente de roquer la tour et la façade plus bleue que marine pour varier la perspective et les lieux, quand l’invitation de la neige pour le magnifique midi de printemps mentionné dans le livret ne rehausse guère l’apparence d’intelligence et d’inventivité du littéralisme affiché par la régie. Nonobstant son indéniable efficacité, le poème de Boito a besoin d’être davantage aidé pour que ses vastes tableaux s’animent avec crédibilité.


Confié à Micaela Carosi, le rôle-titre ne fait pas l’unanimité auprès des amateurs. Le matériau vocal ne manque pourtant pas de solidité, et résiste à l’endurance, mais son homogénéité est souvent prise à parti par une écriture exigeante. Si l’on excepte un grave parfois plus présent que charnu, Béatrice Uria-Monzon remporte de meilleurs suffrages en Laura: puissance et éclat mettent en avant cette amante de feu étouffée par un époux cruel et autoritaire, Alvise Badoèro, caricaturé par un Konstantin Gorny à l’émission grossie et sans noblesse. Souvent victime d’excès, Barnaba trouve ici en Marco Di Felice une incarnation équilibrée, qui n’a nul besoin d’appuyer la noirceur du timbre pour exprimer celle du personnage. Authentique contralto, Qiu Lin Zhang confère à La Cieca les apprêts qui lui reviennent. On appréciera le Zuanè de Jean-Marie Delpas, au juste pittoresque. Le vernaculaire Mikhael Piccone, également Barnabotto, fait une apparition favorable en chanteur au dernier acte, tandis que Christophe Berry ne démérite pas en Isepo comme dans le costume d’un pilote. Quant à Riccardo Massi, son Enzo valeureux au timbre plutôt prometteur semble pâtir de la direction énervée de Fabrizio Maria Carminati, là où l’orchestre de la maison aurait besoin de sortir de sa relative torpeur pour donner à la musique le relief qu’elle demande.



Gilles Charlassier

 

 

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