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Thibaudet, vedette américaine

Paris
Salle Pleyel
10/01/2014 -  et 2* octobre 2014
Samuel Barber : Adagio pour cordes, opus 11
Qigang Chen : Er Huang
George Gershwin : Variations sur «I Got Rhythm»
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette: Suites, opus 64 et 101 (extraits)

Jean-Yves Thibaudet (piano)
Orchestre de Paris, Long Yu (direction)


J.-Y. Thibaudet


L’Orchestre de Paris, avant sa tournée en Chine prévue pour la fin de ce mois dans le cadre de «France-Chine 50», a invité le chef d’orchestre chinois Long Yu, directeur musical de l’Orchestre philarmonique de Chine et directeur artistique du festival de musique de Pékin, à diriger deux concerts à Paris. Autre invité chinois, le compositeur Qigang Chen (né en 1951), présent dans la salle, ou plutôt son concerto pour piano Er Huang, commande du Carnegie Hall, où il fut créé par Lang Lang en 2009. Troisième invité, le pianiste français Jean-Yves Thibaudet, soliste de la récente création chinoise de ce concerto à Pékin sous la direction de Long Yu.


C’est toujours un événement non négligeable de découvrir à Paris des chefs réputés dans leurs pays, surtout venant d’un pays si lointain dont l’ouverture à la musique occidentale est en pleine expansion. Dire qu’il a fait sensation n’est pas faux si l’on en juge par l’accueil chaleureux du public et à l’ovation recueillie après l’exécution des extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev, pris à des tempi extrêmement lents, voire funèbres. On a pu certes admirer la bonne forme actuelle des musiciens de l’Orchestre de Paris, entendre de plus près – si l’on ose écrire – du fait de cette lenteur, la façon dont Prokofiev a tricoté ses fameuses dissonances au sein des différents groupes instrumentaux, mais pas une seconde on n’aura vibré au son de cette musique pourtant si prenante. L’Adagio pour cordes de Barber, qui ouvrait le concert, lui aussi propice à faire briller des cordes en très belles forme et sonorité, était plus appréciable.


On l’aura compris, le chef n’aura pas volé la vedette à son soliste, qui s’est taillé la part du lion de ce concert. A force de répéter que, du fait de sa carrière américaine, Jean-Yves Thibaudet est rare en France, la chose mérite vérification! Depuis 1999, il aura joué une bonne dizaine de fois avec les différents orchestres parisiens. L’Orchestre national du Capitole de Toulouse le compte aussi parmi ses solistes. Jean-Yves Thibaudet, avec ses qualités pianistiques, rythmiques et de sonorité, est certainement le pianiste le plus qualifié pour défendre la musique de Qigang Chen, élève d’Olivier Messiaen. Fondée sur un air célèbre de l’opéra traditionnel chinois, Er Huang est une œuvre en un seul mouvement, dont les différentes sections explorent tour à tour l’héritage de la culture chinoise et celui de l’Occident. D’une écriture en apparence simple, l’œuvre frappe surtout par les climats sonores et la sobriété de son jet mélodique. Le plus original en est certainement le mariage des sonorités du piano et du célesta, qui joue une part importante dans sa composition. Le retour à une musique plus rythmique était assuré avec les Variations pour piano et orchestre composées par George Gershwin en 1930 sur son air «I Got Rythm», probablement l’un des standards les plus fréquentés du jazz au siècle dernier. Ce n’est pas sa composition la plus originale, mais elle est propre à faire briller un pianiste et un orchestre et en cela n’a pas manqué son effet. Le pianiste français qui, cela fait partie de son image, ne recule jamais devant aucun effort d’élégance, était passé pour l’occasion d’une veste brun mordoré (selon ma voisine) à une autre d’un gris anthracite très approprié.


Il n’avait pas prévu de rechange pour la troisième partie de sa prestation, qu’au risque de bouleverser l’ordre établi, on qualifiera de la meilleure partie du concert. On ne sait quelle couleur il aurait pu choisir pour rivaliser avec ses propres couleurs, avec la sonorité magnifique dont il a fait preuve dans la longue et lente Pavane pour une infante défunte de Ravel, dont on ne se souvient pas d’avoir entendu une interprétation aussi émouvante. Si Thibaudet est rare, c’est bien dans l’exercice du récital. Pour l’avoir entendu jouer Ravel et Debussy en septembre 2012 dans l’acoustique désastreuse de l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz, on sait qu’il y excelle et on souhaite ardemment qu’il y revienne bientôt pour nous.



Olivier Brunel

 

 

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