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Jeunes gens, libérez-vous !

Vienna
Musikverein
10/02/2014 -  
Modeste Moussorgski : Une nuit sur le mont Chauve (version Gottfried von Einem)
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 107
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6, opus 74 «Pathétique»

Harriet Krijgh (violoncelle)
Radio-Symphonieorchester Wien, Cornelius Meister (direction)


H. Krijgh (© Nancy Horowitz)


Le jeune chef titulaire de l’Orchestre radio-symphonique de Vienne monte sur le podium et fait une annonce relative à la pièce de Moussorgski. Il s’agira de la version (relativement obscure) de Gottfried von Einem, compositeur autrichien dont Cornelius Meister (né en 1980) a enregistré les œuvres. Il faut cependant attendre quelques centaines mesures pour se faire surprendre par rapport à la version habituellement donnée de Rimski-Korsakov; honnêtement, cela tient plus de la pochade que de la reconstruction d’une œuvre, mais cela apporte sans une touche d’exotisme dans un programme sinon fort classique.


Entre l’ironie d’un Chostakovitch et la sorcellerie évoquée par Moussorgski, cette première partie offrait l’occasion de tirer de l’orchestre vers des sonorités expressionnistes et mordantes. Le fait est qu’il n’en est rien! Cornelius Meister conduit son orchestre avec une concentration religieuse, dans des tempi à la lenteur assumée, qui lui permettent de faire chatoyer les couleurs et de ménager ses effets: à chaque point d’orgue, il fait sonner l’orchestre, laisse les ondes sonores tourner dans la salle du Musikverein, les savoure jusqu’à leur évaporation puis relance avec la même application. C’est toujours très beau et parfois un peu agaçant, comme si la partition se déroulait au ralenti. Cela fait ressortir de manière évidente le côté mécanique de la musique de Chostakovitch et offre un contraste assez réjouissant avec le splendide engagement de la soliste Harriet Krijgh (née en 1991). Mentionnons en particulier le deuxième mouvement du concerto, véritable centre de gravité de la pièce, dans lequel la violoncelliste trouve les nuances qui émeuvent, du plus infime des murmures jusqu’à une intensité volcanique. Le bis – une pièce de Pablo Casals pour violoncelle et orchestre – confirme la perfection de l’accompagnement du RSO et les qualités expressives de la jeune soliste.


La symphonie de Tchaïkovski se poursuit dans la même veine; le côté morbide de l’œuvre transparaît comme une marée montante et inexorable, qui engloutit paisiblement sur son passage tout espoir. Pas de coup tranchant et brutal, mais une densité de son et des timbres à pleurer; voilà une approche plantureuse, hédoniste et assez peu viennoise en fin de compte, qui rappelle sans hésitation des moments de la mort d’Isolde dans l’opéra de Wagner. L’autre aspect qui donne chair au qualificatif de «Pathétique» se trouve dans la répétition obsédante et quasi psychopathique de motifs sciemment décorrélés de ces flots d’émotion.


On ressort de la salle heureux mais assez surpris; dans ces œuvres qui invitent si facilement de jeunes interprètes à se livrer avec fougue, on se retrouve finalement avec une vision minimaliste, intériorisée et hypercontrôlée.


Le site de Harriet Krijgh
Le site de l’Orchestre radio-symphonique de Vienne



Dimitri Finker

 

 

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