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Philippe Herreweghe, le postromantique

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/26/2014 -  et 25 (Poitiers), 27 (Gent) septembre 2014
Richard Wagner : Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude de l’acte III
Gustav Mahler : Kindertotenlieder
Johannes Brahms : Symphonie n° 4 en mi mineur, opus 98

Ann Hallenberg (mezzo-soprano)
Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)


A. Hallenberg


La musique de Richard Wagner (1813-1883) n’est pas spontanément associée au répertoire de l’Orchestre des Champs-Elysées même si, voilà dix ans, il avait donné le premier acte de La Walkyrie sous la direction de Daniel Harding – on était alors en mai 2004 – et si Philippe Herreweghe l’a dirigé en octobre 2012 dans la version pour violon et orchestre des fameux Wesendonck-Lieder (avec Isabelle Faust en soliste). Et pourtant, c’est bien Wagner qui ouvre ce concert consacré à la musique post romantique avec un très beau Prélude du troisième acte des Maîtres chanteurs de Nuremberg; même si l’orchestre, sur instruments d’époque, ne possède pas toujours la suavité des cordes des grandes phalanges traditionnelles (l’oreille étant habituée à des instruments modernes alors que les cordes sont pourtant en boyaux au-delà même de la mort de Wagner), la musicalité voulue par Philippe Herreweghe rend pleinement justice à cet extrait où les cors sont également de premier ordre.


Etonnamment, c’est sans pause que Philippe Herreweghe et son équipe enchaînent les Kindertotenlieder de Gustav Mahler (1860-1911). Ann Hallenberg, qui a récemment gravé une superbe version de la Rhapsodie pour alto, chœur d’hommes et orchestre de Brahms sous la direction du chef flamand, aura sans nul doute été une interprète idéale de ces pages douloureuses mais qui mêlent par ailleurs quantité d’autres sentiments et qui demandent, de ce fait, une voix pleine et non éthérée comme on les entend trop souvent. Portant une attention de chaque instant au moindre mot – le léger accent sur le mot «Schicksal» au sein du deuxième lied («Nun seh’ ich wohl, warum so dunkle Flammen») n’étant qu’un exemple parmi d’autres –, adoptant toujours le ton juste (le grincement du dernier lied «In diesem Wetter, in diesem Braus»), la mezzo suédoise, bénéficiant au surplus d’une diction exemplaire, a parfaitement su servir la musique de Mahler où l’Orchestre des Champs-Elysées a également tenu toute sa place – excellent cor anglais dans le troisième lied («Wenn dein Mütterlein»).


Johannes Brahms (1833-1897) est un compagnon de longue route de Philippe Herreweghe et de l’orchestre dont ils ont déjà interprété maintes œuvres chorales et orchestrales; à ce titre, signalons dès à présent qu’ils donneront les Deuxième et Quatrième Symphonies lors d’une tournée européenne qui aura lieu au mois d’avril 2015. Néanmoins, intégrer Brahms dans un programme où figure Wagner, son antithèse musicale, tient presque de la gageure mais, pour autant, on se situe toujours dans ce postromantisme qu’affectionne Herreweghe et qui tient lieu de fil conducteur à ce concert. Là aussi, comme pour Wagner, on est davantage habitué à une certaine onctuosité qui fera défaut ce soir mais, si on laisse de côté ses a priori et ses habitudes esthétiques, comment ne pas être séduit? Si le très bel Allegro ma non troppo s’avère plus héroïque que dramatique, on retiendra surtout un magnifique deuxième mouvement (Andante moderato) qui bénéficie de splendides couleurs, notamment lorsque les vents et les cordes entremêlent leurs motifs. On est également emporté par l’enthousiasme voire l’exubérance du troisième mouvement – Marie-Ange Petit aux timbales fait de nouveau des merveilles, Alessandro Moccia à la tête des premiers violons entraîne son pupitre sans coup férir – que Herreweghe empoigne à bonne allure, insufflant un climat bucolique général qui n’empêche nullement de laisser toute leur place aux interventions des différents pupitres (celui des altos notamment, habituellement noyé dans la masse). Quant au quatrième mouvement, si l’on pouvait regretter le léger manque de noirceur du premier mouvement, le drame est ici, en revanche, bien présent: il suffit de voir avec quelle rage sont lancés les pizzicati de cordes au début de cet Allegro energico e passionato. L’emballement de la partition joue à plein et c’est par une explosion sonore que le concert se termina, très justement salué par un public enthousiaste.


Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées



Sébastien Gauthier

 

 

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