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Lohengrin à la fête de la bière

Zurich
Opernhaus
09/21/2014 -  et 25, 30 septembre, 3, 9, 14, 18 octobre 2014, 4, 8, 11 juillet 2015
Richard Wagner : Lohengrin
Christof Fischesser (Heinrich der Vogler), Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Elza van den Heever (Elsa von Brabant), Martin Gantner (Friedrich von Telramund), Petra Lang (Ortrud), Michael Kraus (Der Heerrufer des Königs), Iain Milne, Andri Robertsson, Spencer Lang, Bastian Thomas Kohl (Vier brabantische Edle)
Chor der Oper Zürich, Chor Zuzüger der Oper Zürich, SoprAlti, Jürg Hämmerli (préparation), Philharmonia Zürich, Simone Young (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors et costumes), Franck Evin (lumières), Werner Hintze (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


Zurich vient d’ouvrir sa saison lyrique 2014-2015 avec Lohengrin, dans une production étrennée à Vienne en avril dernier (pour l’anecdote, on signalera que c’est ce même spectacle qui a poussé le chef Bertrand de Billy à renoncer, pour d’obscures raisons de coupures dans la partition, à diriger les représentations viennoises et à ne plus mettre les pieds dans la fosse de la capitale autrichienne tant que Dominique Meyer sera à la tête de la Staatsoper). Le metteur en scène Andreas Homoki, par ailleurs directeur de l’Opernhaus, propose une vision du chef-d’œuvre de Wagner débarrassée de toute référence au conte et à la magie. L’action se déroule dans un village de Bavière au XIXe siècle ou au début du XXe siècle, où on boit beaucoup de bière et où les habitants sont vêtus d’habits traditionnels, avec culottes de peaux et chapeaux à plumes. Seules deux tables et plusieurs chaises sont posées dans un décor unique particulièrement sobre, encadré par des panneaux de bois. On l’aura compris, Andreas Homoki dépeint un monde clos et immobile, replié sur lui-même, dans lequel des clans se forment et les tensions s’exacerbent. Les relations entre les personnages sont au cœur du spectacle, dans une communauté où, sous une apparente bonhomie, se cachent frustration, méfiance et haine. Si cette version « folklorique », façon fête de la bière, n’apporte rien de fondamentalement nouveau à la compréhension de l’œuvre, il faut néanmoins reconnaître au maître de céans un grand professionnalisme dans la direction d’acteurs, avec une caractérisation fine de chaque personnage, une traduction délicate des relations entre les différents protagonistes et une occupation intelligente de l’espace. Au rideau final cependant, l’équipe de production a été bruyamment chahutée, comme ce fut déjà le cas à Vienne.


Le chef et les chanteurs ont, eux, tous reçus des applaudissements enthousiastes. Dans la fosse de l’Opernhaus, Simone Young a offert une lecture particulièrement dynamique et contrastée, avec un sens aigu de la continuité dramatique, même si certains passages ont pu souffrir de « tempi » très rapides. Au premier abord, le Lohengrin de Klaus Florian Vogt intrigue par sa voix claire et très haut perchée, une voix androgyne serait-on tenté de dire. Mais force est de reconnaître que cette voix sied au personnage, et que le chanteur est admirable de délicatesse, de nuances et de précision, avec de surcroît une diction exemplaire. Vêtue de blanc, comme d’ailleurs Lohengrin, l’Elsa d’Elza van den Heever apparaît touchante et fragile, au point d’être parfois couverte par l’orchestre, mais la ligne de chant est très bien maîtrisée. Les deux personnages, blonds, émouvants et presque enfantins, sont en opposition totale avec Telramund et Ortrud. Le premier est vu ici comme un notable colérique et aigri, à qui Elsa a résisté, une grosse brute épaisse en caleçons, magnifiquement incarné par Martin Gantner, dont les vociférations font froid dans le dos. L’Ortrud de Petra Lang est encore plus effrayante, matrone impassible qui surveille d’un œil implacable tout ce qui l’entoure et qui lance des regards haineux à ceux qui contestent son autorité, avec, dans la voix, des accents particulièrement intenses et expressifs, peut-être le personnage le mieux réussi. On relèvera également le roi Henri noble et élégant de Christof Fischesser ainsi qu’un chœur en très grande forme.



Claudio Poloni

 

 

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