About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Don Quichotte en personne

Geneva
Victoria Hall
09/18/2014 -  
Joseph Haydn : Symphonie n° 82 “L’Ours”
Richard Strauss : Don Juan, opus 20 – Don Quixote, opus 35

Gautier Capuçon (violoncelle), Frédéric Kirch (alto)
Orchestre de la Suisse Romande, Neeme Järvi (direction)


G. Capuçon (© Catherine Pluchart)


C’est dommage mais les ensembles baroques ont fait une quasi OPA hostile sur les Symphonies de Haydn et elles ne sont que trop rarement jouées par les orchestres symphoniques traditionnels. Non seulement ce sont des œuvres dynamiques, variées et pleines d’esprit, mais elles permettent surtout aux ensembles de pouvoir travailler pour améliorer leur niveau général. Si le premier mouvement (Allegro assai) de cette Quatre-vingt-deuxième Symphonie souffre de quelques phrasés un peu alanguis et si les cordes graves sont trop fondues dans la masse, les musiciens sont cependant très inspirés par les variations d’un Allegretto plein d’humour. Lorsqu’arrive le Vivace final, l’orchestre est « chaud ». Les cordes ont plus de cohésion, leurs attaques sont claires et les couleurs plus franches.


Le Don Juan de Richard Strauss a-t il bénéficié d’autant de répétitions et du même soin que le Haydn ? On peut se permettre d’en douter. Neeme Järvi, qui connaît maintenant bien sa salle et son orchestre, aborde certes la première phrase tempétueuse de l’œuvre avec un tempo légèrement retenu, permettant ainsi aux pupitres de s’équilibrer avec plus de soin que ce que les musiciens avaient fait pour Gianandrea Noseda dans leur récente exécution de Mort et Transfiguration. Mais très rapidement, la tension baisse. Certains rallentendos sont trop visibles, l’épisode de Zerline manque de douceur et l’orchestre souffre d’une certaine lourdeur.


Il faut cependant reconnaitre que ces défauts ne sont pas du tout présents dans le Don Quichotte de la seconde partie. Neeme Järvi trouve des talents de conteurs dans ce poème symphonique où plus que toute autre, Richard Strauss nous « raconte » une histoire, et on sent de la part du chef un engagement et une présence physique plus marqués. L’orchestre sonne avec un son plus aéré que par habitude, les musicien s’écoutent et les pupitres s’équilibrent avec soin et les tutti sonnent avec plénitude.


A ce niveau technique élevé s’ajoute la patte de Don Quichotte lui-même. Gautier Capuçon s’y révèle particulièrement éloquent. Sa sonorité riche et la qualité de son phrasé apportent émotion et musicalité. Le dialogue avec l’excellent Sancho Pança de Fréderic Kirch est plein de vie, la «Veillée d’armes» pleine de mystère et l’intériorité de la «Mort de Don Quichotte» nous rappelle pourquoi cette page est probablement une des plus belles jamais écrite pour cet instrument.


Le trajet en train entre Paris et Genève ne dure que trois heures. Voici un artiste qui a inspiré cet orchestre pour donner son meilleur que l’on espère revoir au Victoria Hall.



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com