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Hommage à un jeune septuagénaire

Berlin
Philharmonie
09/12/2014 -  et 13 septembre 2014
Wolfgang Rihm : In-Schrift 2
Peter Eötvös : Concerto pour violon n° 2 «DoReMi»
Johannes Brahms : Quatuor avec piano n° 1 opus 25 (orchestration Arnold Schönberg)

Patricia Kopatchinskaja (violon)
Berliner Philharmoniker, Peter Eötvös (direction)


P. Eötvös (© Marco Borggreve)


Les amateurs de concertos pour violon auront été gâtés par cette dixième édition de la Musikfest. Après ceux de Sofia Goubaïdoulina par Gidon Kremer et de Wolfgang Rihm par Leonidas Kavakos, le festival berlinois a rendu hommage pour son soixante-dixième anniversaire au compositeur hongrois Peter Eötvös en lui confiant un concert à la tête des Berliner Philharmoniker. Ceux-ci jouaient pour la première fois son deuxième Concerto pour violon, avec une formidable violoniste, Patricia Kopatchinskaja, originaire de Moldavie, dont c’était les débuts avec cet orchestre prestigieux. Après un premier concerto pour violon (Seven, 2006), Peter Eötvös en a composé un deuxième pour la violoniste japonaise Midori, créé à Los Angeles en 2013. Son titre, «DoReMi», sous une apparente simplicité, cache une réflexion très élaborée sur les musiques des deux modes principaux respectivement fondés sur le do pour la musique tonale occidentale et le mi pour la gamme pentatonique orientale, le étant une marche intermédiaire entre les deux systèmes permettant toutes les ouvertures possibles. Composé en trois parties non interrompues mais suivant la structure classique du concerto, c’est une œuvre extrêmement ludique dans laquelle le soliste doit faire preuve à la fois d’une extrême virtuosité et jouer un rôle interactif avec l’ensemble de l’orchestre par des interventions d’une étonnante précision. La cadence qui occupe la plus grande partie de la troisième partie, un dialogue avec l’alto solo de l’orchestre (Máté Szücz, incomparable), n’en est pas l’aspect le moins original. Œuvre admirable dont s’est jouée avec une habileté et une implication corporelle extraordinaire la jeune violoniste, qui a déjà trois créations de concertos à son actif et dont le charisme et la virtuosité sont tout à fait irrésistibles. Le Philharmonique de Berlin a semblé aussi prendre un grand plaisir à jouer pour la première fois cette œuvre d’une grande complexité, reçue par le public, très nombreux et plutôt jeune ce soir-là, avec énormément d’enthousiasme. Bel hommage pour ce grand compositeur septuagénaire, toujours très jeune d’allure et ayant le succès très modeste!


Pour le compositeur allemand Wolfgang Rihm, dont c’était la deuxième intervention lors de ce festival et en attendant la création en Allemagne de son Concerto pour cor et orchestre par Stefan Dohr et l’Orchestre de chambre Mahler ainsi que son Quintette pour instruments à vent le 14 septembre, In-Schrift 2 était un retour en ce lieu où elle avait été créée par les Berliner Philharmoniker et Simon Rattle en 2013, commande pour le cinquantenaire du bâtiment de Hans Scharoun. Beaucoup plus triste de tonalité, même assez lourde et douloureuse, cette courte pièce d’un quart d’heure en un seul mouvement pour un effectif orchestral réduit impose une structure spéciale originale. Six clarinettistes sont répartis sur les balcons de la salle et dialoguent entre eux et avec l’orchestre.


On avoue ne pas avoir été séduit par la seconde partie du concert. On imagine difficilement que le très austère Otto Klemperer ait été le créateur à Los Angeles en 1938 de cette transcription par Arnold Schönberg du Premier Quatuor avec piano de Brahms tant l’hypertrophie instrumentale et sonore est éloignée de la simplicité de l’original. On peut imaginer l’intérêt que peut trouver un compositeur de la trempe de Peter Eötvös à diriger le travail instrumental très élaboré utilisant un effectif orchestral énorme d’un collègue au savoir aussi élaboré que Schönberg. Mais, l’acoustique impitoyable de la Philharmonie aidant, on avait l’impression d’entendre un grand show hollywoodien, plutôt bruyant et assez peu en situation avec les traditions du lieu. Seul le Rondo alla zingerese final, par sa richesse thématique et son caractère rhapsodique, résiste à ce traitement. Une grande partie du public s’est montrée très enthousiaste encore qu’il ne soit pas certain qu’à l’applaudimètre la performance de la violoniste moldave n’ait pas réalisé un meilleur score...


Ce concert n’était pas comme souvent au moment de la Musikfest celui de rentrée des Berliner Philharmonikern qui s’était faite le 30 août dernier avec L’Oiseau de feu dirigé par Simon Rattle, lequel présentera, dans le cadre de ce festival, du 18 au 26 septembre (en quatre concerts doublés), l’intégrale des Symphonies de Brahms et de Schumann.


Le site de Peter Eötvös
Le site de Patricia Kopatchinskaja



Olivier Brunel

 

 

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