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Saintes

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Fins de soirées

Saintes
Abbaye aux Dames
07/16/2014 -  et 17* juillet 2014
16 juillet
Nina Simone : Black Swan – Black is the colour of my true love’s hair – Hey, buddy bolden – Fodder on my wings – Little girl blue – Images – You can have him – I wish I knew how it would to be free – Brown baby – Come ye – That’s all I want from you – Stars – Return home
Johannes Brahms/Johann Sebastian Bach : Schmücke dich, o liebe Seele, opus 122 n° 5
Serge Rachmaninov : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, opus 19: Andante

Sonia Wieder-Atherton (violoncelle), Bruno Fontaine (piano), Laurent Kraif (percussions)


17 juillet
Frédéric Chopin : Scherzo n° 3 en ut dièse mineur, opus 39 – Sonate n° 2 en si bémol mineur, opus 35
Robert Schumann : Etudes symphoniques, opus 13

Beatrice Rana (piano)


B. Rana (© Neda Navaee)


A Saintes, festival rime avec festin, et les réjouissances musicales se poursuivent jusqu’en fin de soirée, avec un concert à 22 heures. En ce jeudi 17 juillet, le piano de l’abbaye accueille les mains de Beatrice Rana, premier prix du concours de Montréal en 2011, qui a rapidement conquis les auditoires. La pianiste italienne ouvre son récital avec le Troisième Scherzo de Chopin. Une indéniable énergie se dégage de ce jeu décidé, au son généreusement réverbéré. A l’opposé de conceptions retenues, elle fait valoir une expressivité débordante, presque sauvage. Cette nervosité se retrouve dans la Deuxième Sonate. Dès le Grave initial, la vigueur digitale prend le pouvoir, prise dans une sorte de course haletante vers l’effet de désespoir. Le Scherzo continue sur cette lancée, dans ce geste ample et emporté que vient tempérer une Marche funèbre apaisée. La puissance cède alors à une certaine intériorité. La relation avec l’instrument se pacifie et laisse s’épanouir un lyrisme au souffle large qui se précipite dans un finale tourbillonnant vers l’abîme. A la complexité polyphonique, on préfère, comme c’est généralement le cas, l’impact dramatique.


Si une telle lecture de Chopin peut surprendre les tenants de conceptions plus classiques, cette vision symphonique semble appelée par les Etudes symphoniques de Schumann, prêtes à s’appuyer sur les ressources du piano pour le faire sortir des confins chambristes. Pour autant, au fil de ces fragments, le compositeur allemand ne renonce pas la confidence et à la demi-teinte, et la diversité des couleurs ne doit pas faire oublier des accents intimistes que l’on peut trouver ici un peu noyés dans un maelström auquel le public ne manque pas cependant de se montrer sensible. L’émotion brute prime, sans pour autant faire injure à l’intelligence. Beatrice Rana sait où elle va, mais ne laisse pas l’auditeur entrer dans l’antichambre de ses choix: elle préfère l’impressionner.



S. Wieder-Atherton (© Richard Dumas)


Saintes cultive la musique au bout de la nuit, mais aussi au bout des genres, en flirtant avec le jazz. Avec Sonia Wieder-Atherton au violoncelle, Bruno Fontaine au piano et Laurent Kraif aux percussions, les grandes pages chantées par Nina Simone s’habillent de timbres et d’harmonies renouvelés et repoussent les frontières de la musique savante. Habilement conçu, le programme évolue d’abord dans des teintes mélancoliques, voire sombres, avant de s’éclaircir sur des notes plus lumineuses à partir du Schmücke dich, o liebe Seele, adaptation de Bach par Brahms. Avec une admirable variété de jeux, les trois musiciens nous invitent à un parcours d’improvisations et de recréations auquel on ne peut résister: une belle histoire imaginaire en une quinzaine de morceaux, excellent viatique pour la nuit saintongeaise.



Gilles Charlassier

 

 

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