About us / Contact

The Classical Music Network

Books

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

04/03/2020
Maria Callas – Lettres et mémoires
Textes établis et traduits par Tom Volf
Albin Michel – 598 pages – 25 euros


Sélectionné par la rédaction





Le travail de Tom Volf sur Maria Callas compte parmi les plus importants de ces dernières années. Après un documentaire, une exposition et deux volumes d’iconographies, l’auteur a réuni, traduit et annoté dans ce volumineux ouvrage près de 300 lettres de la chanteuse: un travail considérable, empreint d’admiration pour cette personnalité et cette voix d’exception.


Datées le plus précisément possible et reproduites dans l’ordre chronologique, de 1946 à 1977, les lettres couvrent trois décennies de cette vie précocement abrégée, non sans une certaine disparité entre des années riches en correspondances et d’autres plus pauvres, en particulier les dernières. L’artiste écrit donc beaucoup au début de sa carrière, surtout à son mari, Giovanni Battista Meneghini, avec une flamme amoureuse d’une naïveté presque gênante, ainsi que durant l’âge d’or des années 1950 et du début de la décennie suivante.


Le fond et la forme traduisent nettement l’état d’esprit de la Callas, entre l’enthousiasme de sa jeunesse et la lucidité, voire l’amertume, des ultimes années. Le style se fait, aussi, avec le temps, plus réfléchi, moins relâché. Le lecteur se rend compte en parcourant ces lettres, dont peu paraissent anecdotiques ou sans intérêt, de l’exigence inconditionnelle de cette chanteuse qui a lutté toute sa vie pour offrir le meilleur d’elle-même et imposer ses principes, au risque de se retrouver en conflit, avec le Metropolitan Opera, par exemple. La Callas se défend également sans cesse contre les ragots et les mensonges d’une presse malveillante, en quête de scandales et de sensationnalisme. L’exigence de cette artiste travaillant sans relâche, même à la fin de sa vie, dans la discrétion de son domicile, ne fait aucun doute. Et si elle refuse des propositions et annule des engagements, elle s’investit avec un absolutisme total, au service de la musique et du compositeur.


Evidemment, les correspondances rappellent la difficulté de son divorce avec Meneghini et sa longue relation bien connue avec Aristote Onassis, ainsi que sur le plan professionnel, ses collaborations avec des metteurs en scène de renom, comme Pier Paolo Pasolini – sans surprise, également, le soutien apporté par Bruna Lupoli, sa femme de chambre et plus proche confidente. Mais les lettres révèlent aussi une relation très conflictuelle avec sa mère, séparée du père de l’artiste, qui finira lui-aussi par la décevoir, pour des raisons qui nous paraissent moins évidentes. Ses relations avec d’autres chanteurs, notamment Giuseppe di Stefano, avec qui elle se produisit dans les années 1970 en récital, présentent de l’intérêt. Ces lettres témoignent aussi du lien étroit et maintenu jusqu’à la fin de sa vie avec sa professeure, Elvira de Hidalgo, qui devient au fil du temps une amie, ainsi que de son admiration sans bornes pour le chef Tullio Serafin. Mais ce sont celles à ses admirateurs, plus encore à son parrain, Leonidas Lantzounis, et à ses fidèles amis, qu’il faut retenir, tant elles éclairent les différentes facettes de cette personnalité fascinante, à la fois courageuse et fragile, soucieuse, aussi, de ses proches.


A cette correspondance entrecoupée de quelques lettres à son intention, de télégrammes et de lettres ouvertes, viennent s’ajouter trois textes du plus grand intérêt: les mémoires dictés par la Callas à la journaliste Anita Pensotti, entre fin 1956 et début 1957, d’autres souvenirs confiés, en vue d’une publication autobiographique, en 1977, à Stelios Galatopoulo, transcrits de manière complète et intacte, ainsi qu’un long article de Theodoro Celli, paru en 1958, dans lequel l’auteur étudie brillamment les caractéristiques de la voix de cette soprano. Ce court essai mérite par sa pertinence et sa précision d’être lu par les inconditionnels de la chanteuse, mais également par tous les amateurs d’opéra, en particulier des voix, tandis que les mémoires et les souvenirs complètent les propos exprimés par la Callas dans sa correspondance. Tom Volf intercale entre les lettres les dates de toutes les représentations, concerts, récitals, jusqu’à l’ultime apparition de la chanteuse sur scène, le 11 novembre 1974 à Sapporo, ainsi que les séances d’enregistrement. Cette publication captivante et incontournable constitue un contrepoint parfait à l’excellent documentaire Maria by Callas, à voir absolument, du même Tom Volf.


Sébastien Foucart

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com