About us / Contact

The Classical Music Network

Editorials

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ottomar Borwitzky (1930-2021)
04/23/2021


Ottomar Borwitzky: la disparition d’un pilier historique des Berliner Philharmoniker


Peu connu du grand public, c’est pourtant une figure inoubliable du Philharmonique de Berlin des années Karajan qui vient de disparaître: Ottomar Borwitzky, immuable violoncelle solo, est ainsi décédé le 29 mars dernier des suites d’une longue maladie.


Né le 6 octobre 1930 à Hambourg, il ne pouvait rester indifférent aux enseignements parentaux, son père et sa mère étant tous deux violonistes (son père était premier violon solo de l’Orchestre philharmonique de Hambourg). Il aurait donc pu devenir violoniste mais, comme il le confia dans un entretien au Märkische Allgemeine en date du 8 août 2015: «Pour moi, le violon était un trop petit instrument; le violoncelle m’a ainsi davantage impressionné». De fait, il rêvait de devenir soit violoncelliste, soit chef d’orchestre... Dès l’âge de 8 ans, il prend des cours avec Bernhard Günther, violoncelliste et membre de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin, puis avec Paul Grümmer et surtout Arthur Troester (1906-1997), ce dernier ancien membre du Philharmonique de Berlin entre 1935 et 1945 avant qu’il n’ait choisi de revenir à Hambourg où il avait commencé sa carrière et où il enseignait au Conservatoire de la ville. Doué, Ottomar Borwitzky devient violoncelle solo de l’Orchestre de la Radio de Hambourg (époque à laquelle il crée un trio avec deux de ses collègues), avant d’occuper à partir de 1954 le même poste à l’orchestre de l’Opéra de Hanovre.


Le 1er janvier 1956, il succède à Mirko Dorner comme violoncelliste au Philharmonique de Berlin avant de prendre la place de Wilhelm Posegga (1912-1962), prématurément décédé, comme premier violoncelle solo. Il devait y rester pas moins de trente et un ans! Ce poste lui permet de participer aux grandes aventures du Philharmonique sous l’ère Karajan (d’ailleurs, on le voit au premier rang sur la photo officielle de l’orchestre prise par Walter Köster pour illustrer le coffret de la fameuse première intégrale des Symphonies de Beethoven dirigée par Karajan à la tête du Philharmonique en 1961-1962). Sa longue carrière lui aura permis de jouer les piliers du répertoire concertant pour violoncelle, accompagné par le Philharmonique, qu’il s’agisse par exemple des concertos de Dvorák (en février 1982 sous la direction de Giulini), de Boccherini (celui en si bémol avec Riccardo Muti en juin 1985) ou le Premier de Martinů (sous la baguette de Jiri Bělohlávek en juin 1990). N’oublions pas non plus l’Ouverture de Guillaume Tell sous la direction de Karajan (concert de la Saint-Sylvestre 1983 où le maître autrichien fait saluer seul Borwitzky lors des applaudissements), le Concerto grosso opus 6 n° 12 de Händel sous celle de Seiji Ozawa en novembre 1986 ou, bien évidemment, la partie de violoncelle dans Don Quichotte de Richard Strauss sous la direction de Zubin Mehta en juin 1983 ou, et ce sera là son dernier fait d’armes, sous celle de Daniel Barenboim lors de deux concerts donnés les 17 et 18 avril 1993 à l’issue desquels il tire sa révérence. Le 30 avril 1993, il redevient musicien du rang avant de quitter l’orchestre quelques années plus tard.


A côté de ses fonctions au sein de l’orchestre, Ottomar Borwitzky est un des fondateurs, avec son fidèle partenaire de pupitre Eberhard Finke (également violoncelliste solo des Berliner), de l’ensemble Les Douze Violoncelles de Berlin, idée qui leur est venue en 1972 à la suite de leur interprétation pour la radio de Hymnus, pièce pour douze violoncelles de Julius Klengel. L’ensemble s’est adonné à tous les genres de musique (classique, jazz, tango...) mais également à la musique contemporaine, plusieurs compositeurs leur ayant écrit des pièces spécifiques (Blacher, Pärt, Xenakis entre autres!).


Professeur recherché (notamment au sein de la Karajan Akademie de Berlin), Ottomar Borwitzky laisse paradoxalement une discographie à la fois extrêmement riche en sa qualité de violoncelle solo et réduite, seuls quelques disques de musique de chambre le mettant personnellement à l’honneur. Pour Deutsche Grammophon, il assure un nombre important de parties solistes, par exemple dans l’enregistrement des Brandebourgeois sous la direction de Karajan en juillet 1978 et janvier 1979 (la première version de ces concertos, réalisée en août 1964 et février 1965 ne donnant aucune indication à ce sujet), dans divers concertos de Vivaldi toujours enregistrés sous la direction de Karajan en août 1970 à la Französische Kirche de Saint-Moritz (Eberhard Finke se chargeant des parties solistes des seuls Concertos RV 549 et RV 550) ou dans les concerti grossi de Händel que Karajan enregistra aux mois d’août 1966 et 1967. Signalons également que c’est lui, Ottomar Borwitzky, qui assure le continuo dans les enregistrements princeps de La Création de Haydn (février 1966 à avril 1969) et de la Passion selon saint Matthieu de Bach, réalisé par Karajan du 14 décembre 1971 au 1er novembre 1972. En tant que soliste, on notera un disque jadis publié sous l’étiquette Telefunken, où il joue Rubinstein, Granados et Cassadó en duo avec le pianiste Adolf Drescher, ainsi qu’un disque où il donne les deux Concertos de Haydn, Peter Ronnefeld dirigeant pour l’occasion les Wiener Symphoniker (Telefunken). Signalons enfin, pour qui souhaite retrouver Borwitzky le chambriste, les Premier et Deuxième Trios avec piano de Brahms (enregistrés en mars et septembre 1981) ainsi que ses trois Quatuors avec piano avec les violoniste et altiste solos du Philharmonique de Berlin Thomas Brandis et Wolfram Christ, Tamás Vásáry tenant la partie de piano (Deutsche Grammophon).


Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com