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Le mois du mélomane professionnel
12/01/2020




L’événement majeur de ce mois de novembre fut, sans aucun doute, ma dernière émission «Musique au Présent» sur RCJ. J’ai terminé le vendredi 27 novembre une série qui s’est étalée sur trente ans. Toute une vie.


Tout a commencé en 1990. J’avais, une fois par semaine une émission d’une heure sur la Bible et l’introduction de la modernité dans la Tradition. A ce moment-là, je terminais un grand travail sur Wagner, que j’avais ignoré jusqu’à l’âge de 45 ans du fait de l’interdit, en Israël, pendant mes études musicales, d’écouter sa musique. J’ai fini par comprendre que c’était une erreur car il était indispensable de séparer le musicien du penseur de peur qu’on ne projette son génie musical sur sa pensée et qu’on prenne son abject antisémitisme pour génial aussi. Donc, il était temps que je fasse mon pèlerinage à Bayreuth, chose presque irréalisable du fait de la liste d’attente très longue. C’est là où j’ai eu l’idée de proposer au directeur de RCJ de couper mon émission en deux et de consacrer toutes les semaines une demi-heure à la musique classique. Il a accepté et m’a donné un papier disant que j’étais le responsable musical de RCJ. Cela m’a ouvert le chemin des salles de concert et du reste de la vie musicale telle qu’elle s’offre aux journalistes. J’ai immédiatement téléphoné à Bayreuth pour leur proposer des émissions sur le sujet «Un Juif à Bayreuth». Ils ont accepté et ce fut mon premier festival Wagner, qui m’a assez déçu et sur lequel j’ai écrit un papier assez méchant dans L’Arche.


C’est pendant ce séjour à Bayreuth que j’ai appris que la Radio de Cologne organisait quelques semaines plus tard un festival, pendant une semaine, consacré aux compositeurs juifs d’Israël et de la diaspora. Ce fut mon premier vrai travail pour mon émission. Une semaine de bonheur pendant laquelle j’ai rencontré mes professeurs de l’Académie de musique de Jérusalem que je n’avais pas vus depuis cinquante ans. Beaucoup d’émotions. Il y avait Kagel. Il y avait Ligeti, qui étais assis près de moi quand Gawriloff a créé son Concerto pour violon (en trois mouvements seulement à la création). J’ai essayé de lui expliquer en quoi sa musique ressemblait à la façon d’étudier la Bible dans les maisons d’études juives. Cela l’a beaucoup amusé. Il y a eu Violin and String Quartet de Morton Feldman par Gawriloff et les Arditti et qui durait plus d’une heure et demie. Une belle découverte. Et puis des créations de compositeurs israéliens. Il y a même eu une soirée consacrée à la liturgie de Jérusalem telle que je l’ai pratiquée, enfant alto solo, dans le chœur de la synagogue que je fréquentais.


Dès mon retour, la Radio de Cologne m’a fait parvenir les enregistrements de festival et j’ai démarré cette émission, «Musique au Présent», où je faisais les critiques des concerts de la semaine écoulée et donnais des conseils pour la semaine suivante. Cela devenait une vraie partie de ma vie. Mais, comme j’ai commencé il y a deux ans une série sur la musique du XXe siècle, je crois qu’il était temps que je laisse la place aux jeunes pour la suite. Comment je veux vivre sans cette émission, je ne le sais pas encore mais alea jacta est, c’est fait.


Très bonne année 2021 qui commencera le jour de mon prochain éditorial.


Benjamin Duvshani

 

 

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