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CD, DVD et livres: l’actualité de mai
05/15/2016



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


    Christoph Eschenbach dirige Reimann


    Recueil de pensées de Liszt


    Jakub Hrůsa dirige Dvorák




 Sélectionnés par la rédaction


   Les pianistes J.-E. Bavouzet & F.-F. Guy


   Kolja Lessing interprète Gemmingen


   Edward Gardner dirige Mendelssohn


   Pierre Roullier dirige Strasnoy


   Œuvres concertantes de Lalo


   Garrick Ohlsson interprète Smetana


    Mariss Jansons dirige Bruckner




 Oui !

Karl-Heinz Steffens dirige Ginastera
Ivan Ilic interprète Feldman
Roman Simovic dirige Schubert et Chostakovitch
Michael Halász dirige Cimarosa
Bernardhur Wilkinson dirige Leifs
Livrets d’opéra de Quinault
Cornelius Meister dirige Bruckner
Seiji Ozawa chez Warner
Pierre Hantaï interprète Scarlatti
Johannes Maria Bogner interprète Scarlatti
Olivier Cavé interprète Haydn et Scarlatti
Peter Katin interprète Scarlatti
Le Concerto Köln interprète Avison
Anthologie «Louis XIV. Les Musiques du Roi-Soleil»
Così fan tutte à Aix (1957)
Andrew Litton dirige Copland
John Barbirolli dirige Brahms
Gérard Korsten dirige Eggert
Hans Knappertsbusch dirige à Vienne (1962-1963)
Mark Elder dirige Le Duc d’Albe
Enrique Mazzola dirige des ouvertures d’opéra



Pourquoi pas ?

Le Duo Silver-Garburg interprète Stravinski
Le Duo Koroliov interprète Stravinski
Janine Jansen interprète Brahms et Bartók
Juan Guillermo Vizcarra interprète Wagner/Stradal
Christophe Vautier interprète Wagner/Liszt
Llŷr Williams interprète des transcriptions de Wagner
Praxedis Geneviève Hug interprète Liszt
Sasha Cooke chante Liszt
Lorin Maazel dirige Fidelio
Claire Huangci interprète Scarlatti
Yevgeny Sudbin interprète Scarlatti
Antonio Pedrotti dirige la Philharmonie tchèque
Les Noces de Figaro à Londres (1961)
Le Trio Grieg interprète Haydn



Pas la peine

Camiel Boomsma interprète des transcriptions de Wagner
Rémy Ballot dirige Bruckner
Christoph Ullrich interprète Scarlatti
Duanduan Hao interprète Scarlatti
Nickolai Sheikov interprète Scarlatti
Cristiano Holtz interprète Scarlatti
Les pianistes Uri Caine et Jenny Lin
Paul Kletzki dirige à Lucerne
Les Noces de Figaro à Buenos Aires (1964)
Don Giovanni à Aix (1952)




Le match du mois


            

Neuvième de Bruckner: Rémy Ballot, Mariss Jansons ou Cornelius Meister?



En bref


Scarlatti: du nouveau et de l’ancien
Napoléon, si proche d’Eggert
L’amour d’Enrique Mazzola pour le bel canto
Le Duc d’Albe entre réussite et tripatouillages
Trop rare Copland
Knappertsbusch le wagnérien
Chefs oubliés: Paul Kletzki et Antonio Pedrotti
Le retour du Brahms de Barbirolli
La probité du Trio Grieg dans Haydn
Immersion dans le Grand Siècle
La trilogie Mozart/Da Ponte au fil des archives




Scarlatti: du nouveau et de l’ancien


         

        

        

        

           

        

Guère présent au concert, Domenico Scarlatti est bien mieux servi par le disque, où les plus grands, au piano comme au clavecin, depuis Marcelle Meyer et Vladimir Horowitz jusqu’à Scott Ross, ont laissé d’inoubliables témoignages. Sans atteindre de tels niveaux, la récente moisson de nouveautés et de rééditions, quels que soient les instruments choisis et l’ambition des projets (intégrales en cours ou sélection de sonates isolées), apporte bon nombre de satisfactions, tout en recherchant des manières bien différentes, voire opposées, de rendre justice au compositeur.
La quatrième parution de l’intégrale de Christoph Ullrich (né en 1959) chez Tacet constituera le quinzième volume de cette entreprise titanesque et chronologique, lorsque celle-ci sera parvenue à son terme. Ce nouvel album de deux disques et de trente sonates (K. 484 à K. 513, parmi lesquelles de fameux joyaux) ne révèle rien de nouveau par rapport au précédent, la seule innovation étant l’intervention du percussionniste Eric Schaefer (né en 1976) qui, en «bonus» à la fin de chaque disque, improvise sur la trame d’une sonate jouée avec de légères modifications par le pianiste allemand, pour un résultat dans l’esprit du Bach revu par Jacques Loussier. Pour le reste, Ullrich demeure plus classique que baroque, offrant un parcours d’une grande régularité mais dont l’originalité trouve rapidement ses limites dans un manque d’ampleur et une prudence excessifs (Tacet 218).
Après un quinzième volume confié à Orion Weiss, l’intégrale Naxos, qui a désormais fait sans doute plus de la moitié du chemin, se poursuit avec Duanduan Hao (né en 1990), précédemment signataire du quatorzième volume. Dans ces dix-huit sonates éparses et assez peu connues, le pianiste chinois, travaillant trop peu la sonorité ou l’expression, semble être ici en service commandé: trop droit, à l’image d’ornements assez raides et de phrasés peu inventifs, il passe de façon rédhibitoire à côté de la fantaisie de Scarlatti (8.573288).
S’il n’ambitionne pas de réaliser une intégrale, Pierre Hantaï (né en 1964) n’en publie pas moins chez Mirare son quatrième volume consacré à Scarlatti. Plus de dix ans après trois volumes et cinquante sonates parus coup sur coup, en voici donc dix-sept nouvelles, la plupart peu fréquentées (hormis notamment le splendide cantabile de la K. 208), enregistrées en juin 2015 sur un clavecin conçu en 2004 par le Finlandais Jonte Knif «d’après des modèles allemands du XVIIIe»: instrument confortable et prise de son remarquable contribuent à une vision d’une belle richesse de couleur, d’une grande maîtrise, d’un parfait équilibre entre liberté et fidélité au texte (MIR 285).
Egalement sur un instrument moderne (Hubbard & Broekman de 2000 d’après un Taskin de 1769/1770), Nickolai Sheikov donne quinze sonates, le plus souvent par paires conformes au catalogue Kirkpatrick: ne manquant ni de style ni de raffinement, le jeu du claveciniste bulgare reste cependant trop sage, trop chiche en mordant et en caractère (Musica Omnia MO0509).
Quinze sonates, également par paires le plus souvent, mais sur un clavicorde de Thomas Vincent Glück d’après un Cristofori: l’option de Johannes Maria Bogner (né en 1964) est plus radicale, tant il semble d’abord difficile de s’habituer à l’instrument: sonorité nasale et pincée, comme une mandoline enrhumée, résonance assez brève, intonation instable et mécanique très présente. L’effort d’adaptation est cependant récompensé, car il faut se laisser entraîner par ce Scarlatti facétieux, inattendu et vivant, qui a à la fois beaucoup de chien et de musicalité, sachant prendre des risques et faire preuve d’une plaisante agilité dans les pluies de notes rapides (Fra Bernardo 1513497).
Fort bien enregistré, le clavecin Silbermann réalisé en 2010 par Matthias Kramer possède évidemment davantage de puissance, mais Cristiano Holtz (né en 1972) s’en tient à une lecture assez littérale, statique et appliquée de quatorze sonates. L’intérêt principal de l’album du claveciniste brésilien réside dans un rare Fandango del signore Scarlate en mineur, édité par la musicologue Rosario Alvarez Martínez, qui l’a découvert à Tenerife en 1983: pour l’occasion, Holtz s’entoure de trois musiciens, Maria Correia (guitare baroque), Duncan Fox (violone) et Carlos Alves (percussions), ce qui confère des textures authentiques à cette musique dont le seul titre suffit à évoquer le Padre Soler (Editions Hortus Hortus 129).
Retour au piano avec Olivier Cavé (né en 1977), qui retourne lui-même à Scarlatti. Mais si son premier premier disque, déjà publié chez Aeon, était monographique, celui-ci, sous le titre «Chiaro e scuro», propose un rapprochement très stimulant avec Haydn. Non seulement le choix d’œuvres est original, tant chez le Napolitain – cinq sonates relativement peu jouées – que chez le maître d’Esterháza – deux divertimentos de jeunesse (1766-1767) au côté de trois sonates plus célèbres (1773 et 1780) – mais l’influence exercée par l’aîné sur son cadet ressort de manière fulgurante: clair, lumineux, frais et pimpant, le jeu du pianiste suisse sert à merveille la démonstration (AECD 1545).
L’éditeur britannique Claudio fait bien de ressortir l’album enregistré en 1985 par le regretté Peter Katin (1930-2015). Assez mate, la prise de son ne flatte pourtant guère le pianiste anglo-canadien, qui se montre cependant un fin scarlattien dans quatorze sonates pour la plupart bien connues, phrasant avec élégance, variant subtilement le toucher, refusant les effets gratuits mais n’hésitant pas à valoriser les caractéristiques de l’écriture harmonique et rythmique. Une belle réussite à redécouvrir, dans la grande tradition des interprètes de Scarlatti au piano (CR3502-2).
Baroque ou classique? Claire Huangci (née en 1990) apporte sur son Yamaha une réponse surprenante à la question: parmi les trente-neuf sonates, elle n’en interprète qu’une seule isolée, préférant regrouper les trente-huit autres, selon les tonalités et les affinités (permettant parfois même de retrouver des paires du catalogue Kirkpatrick), en trois «suites baroques» et cinq «sonates classiques». Mais au-delà de cet habillage discutable qui n’apporte pas grand-chose d’intéressant, d’autant que la manière est souvent plus «romantique» que «baroque» ou «classique», le résultat attire l’oreille par ses vertus artistiques propres: la pianiste américaine séduit par son envie de jouer, à tous les sens du terme, son autorité et son élan, avec un abattage assez éblouissant dans les mouvements vifs. Mais à force de recherche dans l’ornementation et d’effets de surprise délibérément déroutants, voire agaçants, on atteint les limites du maniérisme (album de deux disques Berlin Classics 0300603BC).
En fait, l’idée consistant à regrouper les sonates pour en faire des œuvres en plusieurs mouvements remonte à l’époque même de Scarlatti, dont le succès au Royaume-Uni inspira dès 1743 Charles Avison (1709-1770): il orchestra (et transposa) quelques-unes des toutes premières sonates pour en faire douze concerti grossi, tous sur le schéma en quatre mouvements lent/vif/lent/vif. Le Concerto Köln en donne six, jouant pleinement, avec cordes, clavecin, luth et basson, la carte baroque, celle des tempi virtuoses et des embardées expressives. En «bonus», le claveciniste de l’ensemble, Gerald Hambitzer, rend un bref hommage aux versions originales en interprétant la Sonate K. 29, dont Avison fit le deuxième mouvement de son Concerto grosso n° 6, ce qui permet aussi de juger sur pièces du travail du compositeur anglais (Berlin Classics 0300702BC)
Les deux dernières parutions interrogent encore plus quant à la liberté du musicien face au texte. Dix ans après un premier album monographique (qui était en même temps son premier disque), Yevgeny Sudbin (né en 1980) revient, toujours chez Bis, avec dix-huit sonates éparses, pour la plupart assez peu pratiquées. Le Pétersbourgeois n’est pas seulement adepte d’un grand piano brillantissime (quoique détonnant quelque peu dans ce répertoire) mais il aborde Scarlatti comme Busoni le faisait avec Bach, l’interprétation allant au-delà du texte, qu’il enrichit non seulement d’une ornementation envahissante mais aussi de voix supplémentaires, d’harmonies anachroniques et d’effets de pédale peu orthodoxes. Est-ce encore du Scarlatti ou bien est-ce déjà du Sudbin? Est-il nécessaire ou simplement légitime de modifier ainsi le texte pour lui rendre justice? Autant de dilemmes que l’auditeur pourra s’efforcer de trancher en fonction de sa conscience et de sa sensibilité (SACD hybride BIS-2138).
Après Bach, Mozart, Beethoven, Schumann, Wagner et Mahler, entre autres, Uri Caine (né en 1956) devait bien en arriver un jour à Scarlatti. C’est chose faite dans un album intitulé «The Spirio Sessions», du nom du nouveau modèle de Steinway où l’électronique remet au goût du jour le vieux concept de piano mécanique, capable de reproduire au plus près le jeu d’un interprète. Caine improvise ainsi sur trois sonates de Scarlatti (mais aussi la transcription de quatre madrigaux de Gesualdo et la Quinzième Sonate de Mozart) que Jenny Lin (née en 1973) a préalablement gravées sur le même piano: un duo à distance, puisque la phase finale de la réalisation du disque, mettant en présence les deux enregistrements, s’est faite... en l’absence des deux artistes américains – difficile, à vrai dire, de ne pas trouver quelque chose d’artificiel à l’écoute. Avec une forme d’humour détaché qui ne se prend pas au sérieux et quelque chose des moustaches de la Joconde, ces pages «classiques» commentées par le pianiste de jazz alternent avec deux séries de Neuf Miniatures qu’il a conçues pour l’occasion: l’une est écrite pour Jenny Lin seule, l’autre pour deux pianos mais enregistrée dans les mêmes conditions que précédemment, Caine venant donc ici compléter a posteriori sa propre musique jouée par sa partenaire. De Bach à Boulez, en passant par Schumann, Stravinski, Gershwin, Webern et Nancarrow, on y entend beaucoup de choses aussi plaisantes que peu essentielles (Steinway & Sons STNS 30044). SC




Napoléon, si proche d’Eggert





En début d’année, Naxos nous avait fait découvrir quelques premières mondiales dévolues à l’œuvre orchestral du compositeur suédois Joachim Nikolas Eggert (1779-1813). Une bien belle découverte que ce contemporain de Beethoven très tôt disparu et au tempérament bien affirmé. Dynamisée par le chef sud-africain Gérard Korsten (né en 1960), cette courte intégrale s’achève avec les Deuxième et Quatrième Symphonies, respectivement composées en 1806 et 1810. On perçoit là encore l’influence de Haydn, dont quelques réminiscences du splendide Prélude de La Création peuvent se laisser deviner dans la très belle introduction lente de la dernière symphonie d’Eggert (de sa Cinquième, restée inachevée, seule l’introduction lente pourrait être jouée mais Korsten ne l’a malheureusement pas enregistrée). En complément, il choisit de présenter une version alternative de l’Adagio de la Quatrième où pointent, comme dans la Première, une alternance entre fragilité et échos guerriers de ces temps de conquête napoléonienne. Les différences se situent davantage au niveau de l’orchestration, l’autre version offrant une raréfaction de l’instrumentation intéressante pour le climat de désolation ainsi obtenu. Retour à un élan plus classique avec la Deuxième, à un même niveau d’inspiration mélodique, même si son originalité paraît moindre. On se réjouira une nouvelle fois du geste lyrique et engagé de Korsten, idéalement capté avec le bel Orchestre symphonique de Gävle, petite ville située au nord de Stockholm (8.573378). FC




L’amour d’Enrique Mazzola pour le bel canto





Spécialiste incontesté du bel canto (voir par exemple le Don Pasquale présenté à Glyndebourne en 2009), Enrique Mazzola poursuit de nombreuses années sa défense d’un répertoire souvent réduit à quelques grandes figures, de Rossini à Donizetti – elles-mêmes limitées à des ouvrages restreints. C’est donc avec un plaisir gourmand que l’on découvre, sous le titre «Bel canto amore mio», ce florilège de huit ouvertures d’opéras de Bellini, Donizetti, Meyerbeer et Rossini en guise de déclaration d’amour à un genre, autour d’un geste souple et toujours alerte, à qui ne manque peut-être qu’un soupçon d’assise dans les graves. Un détail tant ce disque plaisant (et malheureusement trop court) ravit de bout en bout par son engagement et sa bonne tenue. On espère désormais que le chef espagnol, directeur musical de l’Orchestre national d’Ile-de-France depuis 2012, saura s’intéresser au répertoire défendu en France à la même époque par Auber, Adam ou Hérold. Il ne serait pas inutile, tant le travail de réhabilitation s’avère immense et nécessaire, qu’un aussi bon orchestre et son chef passionné contribuent activement à la défense de notre patrimoine (NoMadMusic NMM029). FC




Le Duc d’Albe entre réussite et tripatouillages





Composé lors de sa période parisienne après Les Martyrs (1840) et peu de temps avant La Fille du régiment, l’opéra inachevé Le Duc d’Albe ne fut créé qu’en 1882 dans la version italienne due à Matteo Salvi (1816-1887), un ancien élève de Donizetti capable de compléter les deux derniers actes à partir des ébauches du compositeur. Ayant eu accès aux archives de Ricordi, Opera Rara choisit aujourd’hui de nous rendre les deux premiers actes de la version originale française, les deux seuls qui soient entièrement de la plume de Donizetti. Seules quelques parties, à hauteur de 5 % de l’ensemble, ont été nouvellement complétées par Martin Fitzpatrick, chef d’orchestre assistant de Mark Elder. On a donc là une volonté d’authenticité certes louable mais pas entièrement satisfaisante, du fait de ces ajouts. Outre la perte des deux derniers actes (contrairement à l’autre reconstruction présentée voilà quatre ans à Anvers), les connaisseurs de la version italienne seront également surpris de retrouver certains airs de... La Favorite (1840) – Donizetti ayant très vite recyclé des airs fameux de son œuvre abandonnée. Pas mal de tripatouillages donc, mais le projet tient la route du fait d’une distribution convaincante, dominée par un impérial Michael Spyres (Henri de Bruges), toujours aussi insolent d’éloquence radieuse. Tout, de l’éclat du timbre jusqu’à la parfaite diction du français, n’appelle que des éloges. A ses côtés, Laurent Naouri (le Duc d’Albe) déçoit en comparaison avec une ligne plus brouillonne et un timbre sans grandes couleurs, tandis qu’Angela Meade (Hélène d’Egmont) montre un beau tempérament, seulement gênée par un vibrato trop envahissant dans l’aigu. On insistera en revanche sur le très beau travail réalisé avec le Chœur Opera Rara et l’Orchestre Hallé, galvanisés par un formidable Mark Elder, à l’engagement certain dans ce répertoire. Globalement, une belle parution, malheureusement amputée de deux actes (coffret de deux disques ORC 54). FC




Trop rare Copland





Bien belle idée de Bis que de consacrer un disque entier à l’œuvre orchestral d’Aaron Copland (1900-1990), compositeur fécond en ce domaine, qui reste aujourd’hui dans l’ombre de son ami Leonard Bernstein et surtout de son inspirateur Stravinski (dans sa veine néoclassique). C’est assez regrettable tant l’imagination mélodique et les talents d’orchestrateur du natif de Brooklyn font souvent mouche dans les œuvres toujours accessibles ici réunies, de la version intégrale des ballets Billy the Kid (1938) et Rodeo (1942) aux expressifs et étincelants petits joyaux symphoniques An Outdoor Overture (1938) et El Salón México (1936). On retrouve dans cette dernière pièce l’influence du compositeur mexicain Carlos Chávez, proche ami et créateur de sa Deuxième Symphonie en 1934. On est surtout surpris par le geste vif et éclatant d’Andrew Litton (né en 1959), à qui l’on pourra certes reprocher une direction trop univoque, mais incontestablement efficace. Il est bien aidé par une prise de son exemplaire et un très bon Orchestre symphonique du Colorado, une formation que Litton dirige depuis déjà trois ans (SACD BIS-2164). FC




Knappertsbusch le wagnérien





Avis aux amateurs d’archives: Arthaus regroupe en un volume la presque totalité de deux concerts de Hans Knappertsbusch (1888-1965) à la tête de l’Orchestre philharmonique de Vienne, le 31 mai 1962 et le 21 mai 1963, au Theater an der Wien. Le premier présente un peu moins d’intérêt que le second: il ne faut pas trop s’attarder sur l’ouverture Léonore III, d’une mollesse insupportable, et sur le Quatrième Concerto pour piano de Beethoven, malgré la contribution du vénérable Wilhelm Backhaus, qui assure une interprétation d’une indéniable pertinence stylistique. Le chef semble plus à son affaire dans Wagner. Le premier acte de La Walkyrie en 1963 fait d’ailleurs tout le prix de cette publication: magistrale, jamais pesante, malgré la lenteur de certains passages, et d’un souffle constant, l’exécution révèle un bien bel orchestre et, surtout, d’exceptionnels chanteurs: remarquable Sieglinde de Claire Watson, à la voix lumineuse, au phrasé élaboré; très bon Siegmund de Fritz Uhl, même si la tessiture conviendrait mieux pour Loge; extraordinaire Hunding de Josef Greindl, timbre rocailleux mais sens de la caractérisation incontestable. Un an auparavant, Knappertsbusch dirigeait une Brigitte Nilsson sublime dans la «Liebestod», après un Prélude de Tristan étiré mais habité. Le son accuse son âge mais l’image présente une définition convenable. A chérir surtout pour ce premier acte haletant (DVD 109212 ou Blu-ray 109213). SF




Chefs oubliés: Paul Kletzki et Antonio Pedrotti


          


De récentes publications remettent à l’honneur deux chefs nés au tournant du XIXe et du XXe mais aujourd’hui quasiment oubliés.
De fait, on ne souvient plus guère de Paul Kletzki (1900-1973), sinon peut-être pour une intégrale Beethoven avec la Philharmonie tchèque (Supraphon). Né à Lodz, actif à Berlin dans les années 1920, il a été contraint de fuir l’antisémitisme de l’Allemagne nazie puis de l’Italie fasciste pour rejoindre brièvement l’Union soviétique avant, en 1939, de s’installer, enfin en sécurité, dans le pays de son épouse, la Suisse, dont il acquit la nationalité en 1947. A l’image d’un Markevitch, il cessa son activité de compositeur après la guerre, durant laquelle une partie de sa famille fut exterminée dans les camps et certaines de ses œuvres furent perdues. En poste à Liverpool (1954-1955) puis à Dallas (1958-1961) et Berne (1965-1968), il succéda brièvement à Ansermet à l’Orchestre de la Suisse romande (1967-1970). Grâce à sa rencontre avec l’incontournable Walter Legge, qui ne pouvait encore faire jouer Furtwängler, en attente de dénazification, Kletzki se produisit au festival de Lucerne en 1946: Audite publie la bande originale, jusqu’ici inédite, d’un concert de bienfaisance donné en clôture de la manifestation, le 7 septembre. L’orchestre du festival, notamment ses pupitres de bois, n’est guère flatté par un son de qualité médiocre, caractérisé par un bruit de fond aussi constant qu’élevé: dommage, car le chef, intense et énergique, intransigeant et sans complaisance, donne des interprétations très contrastées d’un programme donné dans un ordre assez déroutant: la Quatrième Symphonie de Brahms, enregistrée par Legge dans les jours précédents, la Symphonie «Inachevée» de Schubert et l’Ouverture Léonore III de Beethoven.
Si les discophiles les plus avertis ont pu rencontrer le nom d’Antonio Pedrotti (1901-1975) comme accompagnateur de Benedetti-Michelangeli dans le Concerto de Schumann ou à la tête d’un «Orchestre Haydn de Bolzano», cela ne suffit assurément pas à assurer sa célébrité ou simplement sa réputation. Assistant de son maître Molinari à l’Académie Sainte-Cécile de 1938 à 1944, il n’a jamais occupé de fonctions permanentes, même en Italie, ce qui explique peut-être pourquoi il aurait aujourd’hui complètement disparu de la mémoire collective si son nom n’avait été donné en 1989 à un concours de direction d’orchestre dans sa ville natale de Trente, dont il dirigea le conservatoire (et que la notice, dans un français trop souvent approximatif, appelle «Trident»), et s’il n’avait réalisé de nombreux enregistrements à la tête de la Philharmonie tchèque. Cette collaboration remonte curieusement à l’époque où la Tchécoslovaquie commençait à subir l’emprise soviétique et où Kubelík (1942-1948), après avoir succédé à Talich (1919-1941), fit le choix de l’exil et laissa la place à Ancerl (1950-1968), qui, après la répression du «printemps de Prague», quitta à son tour son pays et fut remplacé par Neumann (1968-1989): de 1950 à 1972, Pedrotti fut régulièrement invité à Prague, et pas seulement par la Philharmonie tchèque, qu’il conduisit même en tournée en Suisse et en Angleterre. Rassemblant des gravures effectuées entre février 1951 et septembre 1971, les trois disques édités par Supraphon témoignent d’un répertoire assez varié, de Mendelssohn à Respighi (qui avait été son professeur de composition): il ne s’agit pas d’une intégrale du legs discographique tchèque du chef italien – il manque par exemple le Concerto pour violon (avec Oïstrakh) et la Quatrième Symphonie de Brahms ainsi que le Triptyque botticellien de Respighi – mais le troisième disque comprend des enregistrements jusqu’alors inédits en CD: Quatrième Symphonie «Italienne» de Mendelssohn, Tableaux d’une exposition de Moussorgski/Ravel, Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et Seconde Suite de Daphnis et Chloé de Ravel. Les prises de son sont un peu datées et l’orchestre – les bois, parfois même les cordes – montre parfois ses limites, mais conserve une couleur inimitable. Plus jeune que Sabata, Pedrotti était en revanche l’aîné de Ferrara, Galliera et Giulini: généreuse et lyrique, engagée et captivante, narrative mais jamais décousue, sa direction n’exclut pas pour autant la précision et l’attention portée aux détails, tout à fait frappantes dans le Triptyque romain et la Suite de La Boutique fantasque de Respighi. Certes, le trait peut sembler plus épais qu’à l’accoutumée dans la Pavane pour une infante défunte ou Ma mère l’Oye de Ravel, mais ce n’est jamais au détriment de la transparence. Dans les Nuits dans les jardins d’Espagne de Falla, l’improbable attelage entre un chef italien, un pianiste – Jan Panenka (1922-1999) – et un orchestre tchèques pour défendre une musique espagnole mâtinée d’impressionnisme français donne un résultat aussi fascinant qu’inattendu, certes plus proche de Puccini que de Bartók mais d’une puissance de conviction assez irrésistible. La tradition germanique – Italienne de Mendelssohn et Variations sur un thème de Haydn de Brahms – est servie de façon plus traditionnelle, mais sans routine ni surcharge, avec davantage d’allant et de conviction que de profondeur (coffret SU 4199-2).
SC




Barbirolli dans Brahms: le retour





Parmi les toutes récentes rééditions économiques chez Warner (voir par ailleurs ici), les enregistrements de la musique de Brahms confiés par EMI en décembre 1966 et décembre 1967 à John Barbirolli (1899-1970) retiennent l’attention. Alors qu’il dirigeait en août 1967 le (New) Philharmonia Orchestra dans les deux Concertos pour piano avec Daniel Barenboim, le chef anglais retrouve ici le Philharmonique de Vienne: l’intéressante notice de Tully Potter (en anglais et en allemand) et de Rémy Louis a bien raison de se concentrer sur l’histoire de ses relations avec la phalange viennoise et non sur ces œuvres (les quatre Symphonies, les deux Ouvertures et les Variations sur un thème de Haydn) qu’il n’est évidemment plus besoin de présenter. Fidèle à son style généreux, voire excessif et spectaculaire, plus éloquent que spéculatif, Barbirolli propose un Brahms lent: comme dans ses gravures straussiennes (Une vie de héros) et mahlériennes (Sixième Symphonie) de la même époque, les choix de tempo poussent certes parfois la partition et l’auditeur dans leurs derniers retranchements (Scherzo de la Quatrième), mais il faut avant tout en retenir une noble solennité, qui tient peut-être d’Elgar, et une direction inspirée qui, par de puissantes progressions dramatiques, ne manque pas de souffle et, grâce aux Philharmoniker, dispense davantage de somptuosité que d’épaisseur (coffret de trois disques 0825646767717). SC




La probité du Trio Grieg dans Haydn





Formé en 1987, le Trio Grieg aborde aujourd’hui pour la première fois la musique de chambre de Haydn avec son dixième disque. Comme pour la plupart des précédentes gravures, c’est à nouveau l’éditeur Simax qui permet à cette formation norvégienne de nous proposer un programme passionnant autour des derniers chefs-d’œuvre du maître d’Esterháza. Les quatre trios ici réunis ont ainsi tous été composés entre 1794 et 1796, période de riche fécondité et de grande maturité artistique marquée par l’émancipation accordée par les Esterházy et l’accueil enthousiaste reçu lors des deux voyages à Londres. Avec le Quarantième Trio, on reconnaîtra ainsi la transcription de l’Adagio de la Cent-deuxième Symphonie (à moins que ce ne soit l’inverse, les musicologues divergeant sur la question), un des sommets de l’œuvre de Haydn, délicatement orné par le piano sensible de Vebjorn Anvik. Les Norvégiens s’intéressent aussi à un autre mouvement bien connu, l’entraînant Presto «à la hongroise» du Trente-neuvième Trio, même si on pourra regretter ici une certaine timidité dans l’engagement des trois interprètes. C’est le principal regret concernant ce disque, qui inclut par ailleurs les Quarante-deuxième et Quarante-troisième Trios: le sens de l’épure et de la simplicité limpide séduisent dans un premier temps mais ne nous emportent guère dans les mouvements rapides. Sans vibrato, l’optique du trio privilégie le respect du tempo, avec un piano félin et portant la narration, mais avec un violoncelle trop en retrait, presque transparent. On aimerait ainsi davantage d’intensité et de clair-obscur, davantage de variations sur la longueur. Une version toute en intériorité, méditative et probe (PSC 1267). FC




Immersion dans le Grand Siècle





La collection «Château de Versailles», à laquelle on doit déjà notamment deux volumes consacrés l’un à la musique religieuse, l’autre à la musique de cour et d’opéra sous le règne de Louis XIV, et un autre consacré cette fois-ci aux Grandes eaux musicales s’enrichit d’une nouvelle parution, «Louis XIV. Les Musiques du Roi-Soleil». Vaste panorama de la musique du Siècle de Louis XIV donc, qui passe de la luxuriance du Te Deum de Charpentier aux motets beaucoup plus sobres d’Henry Du Mont tout en faisant quelques incursions dans la musique de ballet de Lully ou dans le répertoire pour clavecin des grands maîtres de l’époque. Rassemblant trois disques déjà parus sous le label Alpha, ce coffret comprend donc tout d’abord les célèbres Te Deum de Marc-Antoine Charpentier et Jean-Baptiste Lully sur lesquels nous ne reviendrons pas, ces deux œuvres ayant déjà été commentées dans nos colonnes. Un peu moins connu, Henry Du Mont (1610-1684), nommé sous-maître de la Chapelle royale en 1663, fut avec Lully et Pierre Robert le grand promoteur des petits et des grands motets. A la tête de son ensemble Pierre Robert, Frédéric Desenclos donne un bref mais fort bien fait aperçu de l’œuvre de Du Mont qui culmine dans des polyphonies poignantes (la fin du Dialogus de anima ou le Ecce iste venit) où les voix, toutes d’une très grande douceur, bénéficient d’un accompagnement minimaliste suffisant amplement à les soutenir et à les magnifier. On remarquera notamment la très belle voix de la basse Marc Labonnette dans le Dialogus de anima, son entrée bénéficiant de l’acoustique idéale de l’église Saint-Rémy de Dieppe où eut lieu l’enregistrement en septembre 2004. Desenclos nous fait également profiter de ses talents d’organiste en interprétant quelques pièces pour son instrument, qui contribuent à nous donner un bel aperçu de ce pan de la musique sacrée du XVIIe siècle. Le troisième et dernier disque, réalisé en juillet 2001, nous donne à entendre, sous le titre de «L’Ile enchantée», un florilège de musique instrumentale et de ballets de l’époque. Extraits connus (l’Ouverture de Psyché, manquant légèrement de dynamisme, la célébrissime «Marche pour la cérémonie des Turcs» tirée du Bourgeois gentilhomme) ou plus confidentiels (le très beau Prélude tiré du Divertissement II de Danglebert ou la véhémente Passacaille du Divertissement V de Louis Couperin), voilà un florilège très réussi sous la houlette de Skip Sempé avec son Capriccio Stravagante. Au lendemain des célébrations entourant le tricentenaire de la mort de Louis XIV, voici une introduction idéale à tout un répertoire qui aura autant servi que bénéficié de l’absolutisme royal de cette époque (coffret de trois disques Alpha 961). SGa




La trilogie Mozart/Da Ponte au fil des archives


          


          


Quatre rééditions pour les trois opéras de Mozart sur des livrets de Da Ponte: autant de témoignages aux distributions de rêve mais souffrant de captations en public techniquement décevantes.
Ainsi de ces Noces de Figaro dirigées par Carlo Maria Giulini (1914-2005) le 6 février 1961 au Royal Albert Hall avec, comme dans son enregistrement officiel deux ans plus tôt (EMI), le Philharmonia et Elisabeth Schwarzkopf (1915-2006) en comtesse toujours aussi souveraine. A ses côté, Ernest Blanc (1923-2010) se défend bien en comte. la Dix ans avant de devenir la comtesse de Klemperer, Elisabeth Söderström (1927-2009) est une Suzanne au timbre aigrelet qui ne fait pas le poids face au Figaro de Fernando Corena (1916-1984). Teresa Berganza (née en 1935), dans l’un de ses emplois fétiches (Chérubin) et des seconds rôles de luxe – Hugues Cuénod (1902-2010) en Basilio et Curzio, Heather Harper en Marcelline (née en 1930) et Piero Cappuccilli (1929-2005) en Antonio! – rendent d’autant plus frustrant que les chanteurs et l’orchestre paraissent si éloignés des micros (coffret de deux disques Walhall «Eternity Series» WLCD 0339).
En septembre 1964 au Colón de Buenos Aires, d’autres Noces, tout aussi abrégées au quatrième acte, et une distribution de trentenaires visiblement acteurs cabotins mais excellents chanteurs. Il est vrai que deux figures du Staatsoper sont en scène: Walter Berry (1929-2000) en Figaro et son épouse Christa Ludwig (née en 1928) en Chérubin. Pas de mauvaises surprises non plus avec la comtesse de Victoria de los Angeles (1923-2005) et le comte de l’Argentin Renato Cesari (1916-1992), alors que la Suzanne de Renate Holm (née en 1931) ne convainc guère. Le sens théâtral d’István Kertész (1929-1973) porte la représentation de la première à la dernière note: pas de temps mort dans la «folle journée», malgré un orchestre parfois en péril et quelques décalages ou approximations. L’éditeur étant partisan du moindre effort, presque aucune information n’est donnée sur les 26 minutes de «bonus», dans lesquelles Los Angeles, quelques années plus tôt, chante des airs des Noces – cette fois en Suzanne –, d’Ernani, de La Bohème, de Mefistofele, de Manon et de La Vie brève (coffret de trois disques VAI VAIA 1282-3).
Pour les deux autres joyaux de cette trilogie, retour aux années 1950 et direction Aix-en-Provence, en son âge d’or mozartien (et son continuo au piano), avec d’abord un Don Giovanni du 18 juillet 1952: derrière les crachotements, grattouillis et bruits divers de la scène et des coulisses – sans compter une coupure dans le quatuor du premier acte –, le dramma giocoso est empoigné par Hans Rosbaud (1895-1962), qui soutient vigoureusement une équipe, ici aussi, très jeune. Heinz Rehfuss (1917-1988) est un Don Juan au timbre clair, plus stylé que brutal. Léopold Simoneau (1916-2006) et son épouse Pierrette Alarie (1921-2011), respectivement en Ottavio et Zerlina, s’illustrent dans des rôles où leur art du phrasé fait merveille. En revanche, la toute jeune Leonie Rysanek (1926-1998) n’est pas très à l’aise en Elvira, au demeurant privée de son «Mi tradi» au second acte, Anna et de la Croate Carla Martinis (1922-2010) rencontre également des difficultés en Anna, criarde et acide, tandis que Marcello Cortis (1915-1962) campe un Leporello trop relâché stylistiquement et vocalement (coffret de deux disques Walhall «Eternity Series» WLCD 0168).
En 1957, le son est bien plus satisfaisant dans un Così fan tutte emmené avec la même énergie par Rosbaud (et déjà réédité par l’INA il y a une vingtaine d’années). La distribution est toujours aussi jeune et prometteuse mais, cette fois-ci, tient davantage ses promesses, sans véritables faiblesses dans les deux couples – Teresa Stich-Randall (1927-2007) et Luigi Alva (né en 1927), Teresa Berganza et Rolando Panerai (né en 1924) – comme leurs mentors – Mariella Adani (née en 1934) et Marcello Cortis, nettement meilleur en Alfonso qu’en Leporello cinq ans plus tôt (coffret de deux disques Walhall «Eternity Series» WLCD 0333). SC



La rédaction de ConcertoNet

 

 

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