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CD, DVD et livres: l’actualité de février
02/15/2015



Les chroniques du mois



Must de ConcertoNet


   Theodore Kuchar dirige Liatoshinski




 Sélectionnés par la rédaction


   L’Europakonzert 2007


   La concordia de’pianeti de Caldara


   Chelycus interprète Rosenmüller


   Iolanta avec Anna Netrebko


   Vêpres de la Vierge Marie d’Hersant


   Brokeback Mountain de Wuorinen




 Oui !

Gotthold Schwarz dirige Telemann
Le Quatuor de Bâle interprète Veress
Patricia Kopatchinskaja interprète Oustvolskaïa
L’ensemble Het Collectief



Pourquoi pas?

Ariane à Naxos à Glyndebourne (2013)
Le Quatuor Authentic interprète Végh



Pas la peine

L’Europakonzert 2008
L’Enlèvement au sérail à Salzbourg (2013)




En bref


Het Collectief et les Viennois
La puissance audacieuse de Galina Oustvolskaïa
Ariane à Naxos durant le Blitz
Quatuors hongrois: J. Végh et S. Veress
Enlèvement en direct du Hangar 7


Het Collectief et les Viennois





Reinbert de Leeuw et l’excellent ensemble flamand, le Het Collectief proposent un riche programme – viennois, en somme – qui remonte aux premières années du siècle dernier. Dans l’esprit de la Société d’exécutions musicales privées créée par Schönberg en 1918 en partie dans le but de promouvoir la musique contemporaine, toutes les pièces pour ou avec orchestre, sont présentées dans des réductions pour neuf instrumentistes comprenant flûte, clarinette, harmonium, piano, quatuor à cordes et contrebasse. Si on peut préférer le plein orchestre des versions originales, on ne peut qu’apprécier l’adresse des arrangements ainsi que la musicalité et la fine sensibilité chaleureuse des exécutants. Deux pièces purement orchestrales viennent en ouverture et clôture de programme, d’abord, dans l’arrangement d’Erwin Stein, la mystérieuse et touchante Berceuse élégiaque (1911) de Busoni, sur le fil du rasoir d’une tonalité ambiguë, et enfin, la transcription par le chef néerlandais de la splendide Passacaille (1908) de Webern, dont les sonorités travaillées compensent par une coloration subtile – Het Collectief ici augmenté d’un hautbois – ce qu’elles perdent en souffle et en ampleur. Deux cycles de lieder, plus rares, occupent la partie centrale interprétés par Katrien Baerts (née en 1982), qui distille avec une finesse expressive les belles couleurs de sa voix puissante et sensuelle. Orchestrés en 1928 par Berg lui-même, arrangés par de Leeuw, les Sept Lieder de jeunesse (1905-1908) démontrent les dispositions de la jeune soprano belge pour ce répertoire raffiné aux climats exaltés. Transcrits ici par Erwin et Leonard Stein et Reinbert de Leeuw, les Six Chants d’après Maeterlinck (1910-1914) de Zemlinsky se déploient dans un clair-obscur intense et finement poétique. L’interprétation des deux cycles est instrumentalement et vocalement belle. Serait-ce pour cela que la première de couverture de la pochette n’annoncent que Berg et Zemlinsky et la quatrième les quatre compositeurs dans un programme uniquement de lieder? (Zig-Zag Territoires ZZT 345) CL




La puissance audacieuse de Galina Oustvolskaïa





Défendue par Chostakovitch aux pires heures des sévices soviétiques, Galina Oustvolskaïa (1919-2006) n’a pourtant jamais pu s’imposer après la période stalinienne et, peut-être à cause de la radicalité originale de son style hautement personnel, n’a pas bénéficié par la suite du retentissement international d’un Schnittke ou d’une Goubaïdoulina. Alors que la compositrice russe est trop peu interprétée, à l’exception de ses œuvres pour piano, on peut savoir gré à l’aventureuse Patricia Kopatchinskaja, en compagnie de Markus Hinterhäuser, excellent pianiste expérimenté dans le répertoire contemporaine, de prêter son archet souple et généreux à trois de ses œuvres avec violon. La concentration brûlante de l’interprétation des deux musiciens virtuoses ne peut que contribuer à susciter un intérêt plus vif pour son œuvre insolite. Comme ses compatriotes, Oustvolskaïa déclare composer dans un «esprit religieux», mais la nature en est plus abstraite et se traduit par une écriture serrée, décantée, acérée et intense, la pulsion en avant rythmée de manière implacable, particulièrement sensible dans la Sonate monolithique de 1952 dont le style rend un hommage oblique à Chostakovitch, son maître admiré. Reto Bieri, les rejoint pour la douceur inattendue des longues lignes de la clarinette de l’intrigant Trio de 1949, avec ses trois mouvements à la gestuelle par ailleurs inventive. A la fois la pièce la plus austère et la plus hardie, vient en conclusion le grand Duo pour violon et piano (1964), d’un expressionnisme noir, non sans violence, le piano percussif par accords ou par clusters, les traits du violon flambant et fusant en contrepoint jusqu’à son dénouement dépouillé à l’extrême. Les deux interprètes préservent toute la puissance douloureuse de ces pages si souvent sans concession (ECM New Series 481 0883). CL




Ariane à Naxos durant le Blitz





Cette fois, Ariane à Naxos se déroule en Grande-Bretagne durant le Blitz, dans un manoir puis dans un hôpital. Pourquoi pas, mais la mise en scène de Katharina Thomas à Glyndebourne en 2013 intéresse peu: après le Prologue, réussi, le temps s’écoule lentement. Les personnages se détachent mais le jeu scénique n’est pas toujours convaincant. Si la prestation du Compositeur (excellente Kate Lindsey) et du Maître de musique (formidable Thomas Allen) ne s’oubliera pas de sitôt, la Prima Donna et l’Ariane de Soile Isokoski peinent à convaincre tandis que le Bacchus de Sergey Skorokhodov, déguisé en aviateur, laisse un peu trop indifférent, même si tous deux chantent très bien. Laura Claycomb campe une Zerbinette pulpeuse et bien chantée mais la voix manque de chair. Vladimir Jurowski dirige un Philharmonique de Londres affûté et nuancé mais parfois terne (Opus Arte OA1135 D). SF




Quatuors hongrois: J. Végh et S. Veress


         


Les Hongrois ont apporté une contribution essentielle et variée à l’histoire du quatuor à cordes depuis plus d’un siècle, avec Bartók, bien sûr, mais aussi Kodály, Ligeti et Kurtág, sans oublier Dohnányi ou Lajtha – et bien d’autres restent encore à découvrir, comme le montrent deux parutions récentes.
Si le nom de Végh s’est imposé grâce au quatuor éponyme fondé par le violoniste Sándor Végh et actif entre 1940 et 1980, le Quatuor Authentic a sauvé de la perdition le manuscrit de trois quatuors (en fa majeur, sol mineur et majeur) d’un certain János Végh (1845-1918). Cet aristocrate, également connu en tant que Johann(es) von Végh (von Vereb), fut par ailleurs juge à la Cour suprême de son pays mais le tenir pour un simple «musicien amateur» serait par trop péjoratif et réducteur. De facture traditionnelle (chacune en quatre mouvements), les œuvres trahissent certes davantage de souci de divertir que d’inspiration et leur inépuisable charme Mitteleuropa, qui n’est pas sans évoquer le tout premier Dohnányi, fait totalement l’impasse sur ce que le XIXe a pu apporter conceptuellement au genre du quatuor, n’évoquant que de très loin la ferveur wagnérienne et lisztienne qui l’animait – il réalisa notamment un arrangement (pour deux pianos à huit mains) de la Dante-Symphonie. Mais la musique s’écoute sans déplaisir, nonobstant les surprenantes limites techniques (sur «instruments d’époque») des interprètes (Hungaroton HCD32726).
Sándor Veress (1907-1992) étudia avec Bartók et Kodály: il succéda à ce dernier à l’Académie Franz Liszt, où il eut à son tour comme élèves Ligeti et Kurtág. Emigré en Suisse en 1949, il y poursuivit une riche carrière d’enseignant et de compositeur, tout en demeurant relativement en marge – ce «sans papiers» n’obtint d’être naturalisé que trois mois avant sa mort (en même temps qu’il était décoré par son pays natal). Toujours fidèle à sa politique de raretés, Toccata Classics a demandé au Quatuor de Bâle d’enregistrer les deux Quatuors et de compléter cette intégrale avec l’Orchestre symphonique hongrois de Budapest et le chef néerlandais Jan Schultsz (né en 1965) dans une première au disque, le plus tardif Concerto (1961). C’est ici l’une des rares contributions au genre du quatuor concertant, précédemment illustré par Spohr puis Martinů, Schönberg et Schulhoff, dont Veress contourne d’ailleurs en partie la difficulté dans le premier mouvement (Le Cadenze) en mettant tour en tour en valeur les quatre instruments, entre rigueur du propos et luxuriance des sonorités. La structure n’en demeure pas moins classiquement en trois mouvements, Gli Ornamenti, subtil nocturne bartokien, faisant office de mouvement lent, puis Le Fanfare concluant vivement et spirituellement avec une petite touche de folklore – au moins aussi «imaginaire» que celui de Bartók. Quant aux Quatuors proprement dits, chacun en trois mouvements, ils s’inscrivent dans la modernité tout en parvenant en grande partie à se détacher de l’écrasante présence de Bartók, à l’époque même où celui-ci écrivait son Cinquième et son Sixième. Car si l’aîné s’impose, c’est par bien plus par l’esprit que par la lettre: le Premier Quatuor (1931), créé le Quatuor Hongrois (alors mené par S. Végh), illustre cette parenté spirituelle, par son refus des compromis comme par ses allusions à la musique populaire, par son lyrisme élégiaque comme par sa verdeur rythmique, par sa concision comme par sa qualité d’écriture. D’un langage plus contrapuntique, mais dispensant toujours un certain parfum magyar, notamment dans un Presto final d’une verve irrésistible, le Second (1937), créé à Paris par le Nouveau Quatuor Hongrois, fait vivement regretter que Veress, alors seulement âgé de trente ans, n’ait pas poursuivi plus loin son corpus (TOCC 0062). SC




Enlèvement en direct du Hangar 7





Le concept? En août 2013, une chaîne de télévision autrichienne a retransmis un Enlèvement au Sérail en direct du Hangar 7 de l’aéroport de Salzbourg: les chanteurs et le chef portent des oreillettes visibles comme un nez au milieu de la figure, l’orchestre joue à l’écart tandis que les personnages évoluent sur le tarmac et dans cet immense espace d’exposition et de restauration au milieu des avions, des voitures de sport et d’un public qui déambule plus ou moins librement, certains un verre (de champagne probablement) en main. Adrian Marthaler (oui, le frère) modernise l’histoire en la transposant dans le monde de la haute couture. L’interprétation musicale se situe dans la moyenne mais, pour une production du Festival de Salzbourg, cela ne suffit pas. De toute façon, ce n’est probablement pas pour la musique que ce spectacle tape-à-l’œil et artificiel a été conçu. Bravo tout de même pour le tour de force (Arthaus 102 183). SF

La rédaction de ConcertoNet

 

 

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