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CD, DVD et livres: l’actualité d’août
08/15/2013


Les chroniques du mois




Must de ConcertoNet


   D. Barenboim dirige Bruckner




 Sélectionnés par la rédaction


   P. Kopatchinskaja et P. Eötvös


   M. Jansons dirige Mahler


   I Dodici Giardini


   Y. Nézet-Séguin dirige Bruckner


   Falstaff à Glyndebourne (1976)






 Oui!

Maurice Ohana ou la musique de l’énergie
Emile Naoumoff interprète Tchaïkovski
Mariss Jansons dirige Beethoven et R. Strauss
Marek Janowski dirige L’Or du Rhin
Hommage à Devy Erlih
Marek Janowski dirige Bruckner
Nikolaus Harnoncourt dirige Beethoven
Documentaire sur le Ring de Buenos Aires (2012)
Falstaff à Florence (2006)
Renée Fleming à l’Opéra de Paris
Le quintette à vent de la Philharmonie de Berlin
Cinq œuvres de Bruno Mantovani
Le trompettiste Romain Leleu
Piotr Beczala chante Verdi
Les «Night Sessions» du «Dowland Project»
L’Ensemble Belcanto interprète Hildegard von Bingen
Le Tour d’écrou à Schwetzingen (1990)




 Pourquoi pas ?

Nadav Hertzka interprète Tchaïkovski
Orlando furioso «1714» de Vivaldi
La pianiste Elena Rozanova
Lydia Jardon interprète Stravinski
Cinq œuvres d’Eric Tanguy
Anne Manson dirige Glass
Michael Schneider dirige G. Fritz
Debussy par Massimiliano Damerini et Marco Rapetti
Debussy par Jean-Pierre Armengaud et Olivier Chauzu
Vahan Mardirossian interprète Mulsant
Dix jeunes compositeurs anglais
Menahem Pressler interprète Mozart




Pas la peine
Olga Hoteeva et Andrej Hoteev interprètent Tchaïkovski
Don Carlo à Modène (2012)
Sarah Nemtanu interprète Tchaïkovski
Le pianiste Roman Rabinovich
Le pianiste Philippe Guilhon-Herbert
Nicholas McGegan dirige Atalanta de Händel
Nicholas McGegan dirige Beethoven
Deux œuvres de Terje Rypdal
Francesco La Vecchia dirige Clementi
Markus Schirmer interprète Mozart




Hélas!
Anthologie Alexandre Rabinovitch-Barakovsky






Le match du mois


    
Falstaff en DVD: Ponnelle ou Ronconi?







En bref


Les quatre saisons des vents berlinois
L’ami (Gaspard) Fritz
Le Tour de la question
Renée Fleming à l’Opéra de Paris: petits trésors à moindre prix
L’intemporalité de Hildegard
Concertos de Mozart: M. Pressler vs M. Schirmer
Deux visages différents de Philip Glass
Un nouveau regard sur Clementi
Piotr Beczala: Piekny Verdi z Polski!
«Sur la route» avec Romain Leleu
Compositeurs français d’aujourd’hui (1): E. Tanguy
Compositeurs français d’aujourd’hui (2) : B. Mantovani
Les étranges nuits du «Dowland Project»
Vahan Mardirossian face à Florentine Mulsant
Dix jeunes compositeurs anglais
Debussy à deux pianos et à quatre mains
Terje Rypdal à la frontière des genres
Nicholas McGegan: routine beethovénienne
Rabinovitch-Barakovsky, «expérience spirituelle» ou supplice musical?





Les quatre saisons des vents berlinois





Sous le titre «Les Saisons», Bis rassemble quatre albums de musique du XXe siècle enregistrés entre 1991 et 2002 par le Quintette à vent philharmonique de Berlin, fondé en 1988 et composé de Michael Hasel, Andreas Wittmann, Walter Seyfarth, Fergus McWilliam et Henning Trog. Chaque album est centré sur une saison et une thématique géographique: renforcés au besoin par quelques camarades – Nigel Shore, Gerhard Stempnik (cor anglais) Manfred Preis (clarinette basse, saxophone alto) et Thomas Clamor (trompette) –, les cinq Berlinois illustrent avec autant d’originalité que de brio ce joli «concept», comme diraient les Allemands. Pour l’esprit primesautier du «Printemps», cela ne pouvait sans doute être, vu d’outre-Rhin, que la France, avec de vraies surprises comme le Septuor (1937) de Koechlin et le sextuor avec saxophone Printemps (1963) de Tomasi, aux côtés des (un peu) moins inhabituels Trois Pièces (1930) d’Ibert, Cheminée du Roi René (1939) de Milhaud et Premier Quintette (1948) de Françaix, à la mise en place d’une précision bluffante. «Summer Music», qui commence par l’œuvre éponyme (1956) de Barber, emmène l’auditeur aux Amériques, d’abord au Nord, avec le rare Quintette (1948) du (jeune) Carter, la Suite du (tout jeune) G. Schuller et la très brève et plaisante Suite populaire américaine (1980) du corniste d’origine polonaise Kazimierz Machala (né en 1948); c’est ensuite le Brésil, avec le Quintette en forme de chôros (1928) de Villa-Lobos mais aussi le premier enregistrement mondial de partitions destinées au quintette berlinois, moins essentielles mais rythmées et colorées, la Suite populaire brésilienne (1993) et la Suite «Belle Epoque en Amérique du Sud» (1997) de Júlio Medaglia (né en 1938) ainsi qu’Ajubete jepê amô mbaê (1990/1991) – «quelque chose» en tupí-guarani – de Liduino Pitombeira (né en 1962). Bien que dévolu à l’Allemagne, le troisième volume s’intitule «L’autunno», du nom des cinq pièces (1979) dans lesquelles Henze, également représenté par son Quintette (1952), va rechercher les teintes graves d’instruments d’ordinaire relégués au second plan (flûte alto, hautbois d’amour, contrebasson, Wagner-Tuba) et adapte un air du Magnificat de Bach; en regard, deux œuvres assez peu fréquentées de Hindemith ont été choisies, la Kleine Kammermusik (1922) et Septuor (1948), incluant clarinette basse et trompette. Concluant de façon plus aventureuse, «Winter Songs» reprend le titre du vaste cycle (27 minutes) de mélodies (2000) de l’Australien Brett Dean (né en 1961), ancien altiste à la Philharmonie de Berlin, sur des poèmes d’e.e.cummings, où le rôle du ténor Daniel Norman s’apparente parfois davantage à celui d’un sixième musicien que d’un chanteur; mais pour le reste, cette saison ne pouvait évidemment être illustrée que par des compositeurs nordiques, les Estoniens Pärt – un très court Quintettino (1964) de jeunesse – et Tüür – Architectonics I (1984) –, le Letton Vasks – Musique pour une ami décédée (1981), la bassoniste Jana Barinska – et le Danois Nielsen, dont le Quintette (1922) est sans doute l’œuvre la plus justement célèbre de ce programme captivant, sortant des sentiers battus et impeccablement réalisé. Un compte rendu en anglais de cette parution a précédemment été publié dans nos colonnes (C5163). SC




L’ami (Gaspard) Fritz





Le méconnu Gaspard Fritz (1716-1783), violoniste et compositeur suisse, trouve en Michael Schneider et en son ensemble La Stagione (Francfort) des interprètes de tout premier plan. N’ayant laissé que peu de compositions derrière lui, Fritz, qui étudia le violon en Italie avant de faire quelques incursions en France pour jouer aussi bien dans le cadre du Concert Spirituel que devant Voltaire, a surtout enseigné et composé à Genève, où il s’est établi jusqu’à la fin de ses jours. Les cinq symphonies que nous pouvons entendre ici, enregistrées en mars 2011, sont des œuvres sans prétention mais fort agréables à écouter. Les plus belles à entendre sont les Première et Cinquième, cette dernière étant d’ailleurs la seule en quatre mouvements, toutes les autres n’en comptant que trois. De manière générale, les cordes font l’essentiel du travail, les flûtes et les cors, lorsqu’ils interviennent, se contentant généralement de sons filés comme dans ce beau Presto de la Symphonie opus VI n° 3. Les couleurs des symphonies que l’on entend ici – est-ce dû à la position centrale de la Suisse? – nous rappellent tantôt les saveurs italiennes de Locatelli (l’Allegro de la Symphonie opus I n° 6), tantôt les mordorés allemands de Fiels (la Symphonie opus VI n° 6). Quant à la frénésie qui s’empare de l’orchestre dans le Presto de la Symphonie opus VI n° 5, il revigorera n’importe quelle oreille! Bref, un beau condensé de ce que pouvaient écrire les compositeurs non dénués de talent en ce XVIIIe siècle, décidément riche en surprises (cpo 777 696-2). SGa




Le Tour de la question





Voici une version idéale pour découvrir Le Tour d’écrou de Britten. Bien que l’image accuse son âge, cette production du Festival de la SWR de Schwetzingen de 1990 passe bien à l’écran. La mise en scène de Michael Hampe préserve l’ambiguïté de la pièce tandis que le décor restitue l’ambiance cosy, british et terrifying du manoir de Bly. La Gouvernante classe et digne de Helen Field domine une distribution fiable et équilibrée, bien que le Quint de Richard Greager et la Miss Jessel de Phyllis Cannan marquent moins les esprits que la Miss Grose parfaitement caractérisée de Menai Davies et le Miles touchant de Samuel Linay. Comme c’est souvent le cas de ce rôle malaisé à distribuer, Machiko Obata paraît trop âgée pour Flora mais elle tire son épingle du jeu. Steuart Bedford dirige à la pointe sèche, mais avec sensibilité, un Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart formidable de précision et d’expressivité (Arthaus 102 303). SF




Renée Fleming à l’Opéra de Paris: petits trésors à moindre prix





Arthaus rend hommage à l’Opéra de Paris d’Hugues Gall comme à la soprano américaine Renée Fleming (née en 1959) en réunissant trois vidéos assez incontestables du début des années 2000. Le Capriccio (R. Strauss) monté à Garnier par Robert Carsen en 2004 est à marquer d’une pierre blanche (lire ici). Un spectacle dont les reprises en 2007 et 2012 ont établi le statut de «classique» de la mise en scène. La distribution d’origine brille de mille feux: la Comtesse idéale de moelleux et de classe de Fleming, la jeunesse et l’ardeur du Flamand de Rainer Trost et de l’Olivier de Gerald Finley, la justesse psychologique du Comte de Dietrich Henschel, le génie du Clairon d’Anne Sofie von Otter, le succulent La Roche de Franz Hawlata. C’est également Robert Carsen qui met en scène Rusalka (Dvorák) en 2002: un spectacle magnétique (lire notre compte rendu) – aussi symboliste que psychanalytique – et une partition où Renée Fleming rayonne comme nulle autre. Un petit miracle bastillais, porté par un orchestre (Conlon à la baguette) et une distribution (Larin, Diadkova, Hawlata, Urbanova, Sénéchal) irréprochables (pour une chronique en anglais, lire ici). Enfin la Manon (Massenet) montée par Gilbert Deflo en 1997 est captée en 2001 – une reprise dont on a déjà rendu compte, à la scénographie routinière (dans l’immense salle de Bastille) mais qui séduit pour le duo Fleming-Alvarez (lire notre chronique en anglais). Trois opéras à moindre prix (six DVD 107 529). GdH




L’intemporalité de Hildegard





Le célèbre drame liturgique Ordo Virtutum (c. 1150) de Hildegard von Bingen (1098-1179), relate les hésitations conflictuelles d’une âme errante sensible aux tentations du diable mais conquise in fine par les plaidoiries des Vertus, dix-sept voix féminines incarnées par les six voix de l’Ensemble Belcanto. Nul ne sait quelles étaient les intentions interprétatives de Hildegard, hormis le fait que le rôle du diable se devait d’être un rôle parlé, l’ange déchu étant par définition incapable d’émettre un son harmonieux. Dans le désir de révéler la modernité de la partition, Belcanto en défend, avec maîtrise et conviction, l’arrangement créatif de sa fondatrice, la mezzo Dietburg Spohr, qui tire profit de leur expérience des techniques vocales des musiques nouvelles, s’écartant en chemin du pur chant monodique de Hildegard. Les pupitres graves de l’ensemble restent proches du plain-chant, souvent en un fond sonore dominé par les autres voix qui chantent à un, deux ou à plusieurs pupitres parfois en léger décalage et aux intervalles si proches qu’ils frisent à l’occasion le frottement harmonique ou la dissonance. Le style d’émission varie entre le chant simple, la scansion, l’éclatement en phonèmes, le cri, le détimbré et le soufflé, augmenté au plus fort du drame par de courtes lignes instrumentales de nature percussive. Deux récitants assurent les voix parlées, celle du diable étrangement enfantine et d’autant plus diabolique. Onirique, surréaliste, troublant, étrange, le résultat est une restructuration dramaturgique du mystère plus épuré de la Sibylle du Rhin, mais son effet est d’une puissance indéniable. Ce ne sera pas de tous les goûts (ECM New Series 476 4633). CL




Concertos de Mozart: Menahem Pressler vs Markus Schirmer


        


Ces albums forts différents opposent deux conceptions des Concertos de Mozart. La réédition des Dix-septième et Vingt-quatrième Concertos par Menahem Pressler (né en 1923) offre un Mozart classique mais convaincant par l’évidence des tempos et des nuances, la tenue du discours, l’immédiateté et la simplicité du toucher. Malgré leur restauration, ces bandes gravées les 27 et 28 février 1967 (avec l’Orchestre de chambre de Vienne dirigé par Wilfried Böttcher) souffrent néanmoins d’une sonorité à la fois métallique et opaque (Doron Music DRC 4018). A la tête de l’ensemble de chambre américain A Far Cry, fondé en 2007 (dix-sept musiciens – «Criers» – en tout et pour tout), le pianiste autrichien Markus Schirmer (né en 1963) bénéficie, lui, de conditions optimales de captation. Gravés à Boston en mars 2012, ses Douzième et Treizième Concertos (complétés par un arrangement pour piano et orchestre de la rare Sonate d’église K 336) suscitent néanmoins vite l’ennui, plombés par le manque de naturel, la sonorité artificielle de l’orchestre et un toucher pianistique très sûr... mais sans magie (Paladino Music PMR 0038). GdH




Deux visages différents de Philip Glass





Voici réunies, en un trop bref album assorti d’une notice réduite à la seule biographie (en anglais) des interprètes, deux œuvres assez différentes de Philip Glass, par l’Orchestre de chambre du Manitoba et Anne Manson, qui en est la directrice musicale et chef principal depuis 2008. Fidèle interprète du compositeur depuis quatre décennies, le pianiste et chef Michael Riesman (né en 1943) a tiré de la musique écrite pour le film The Hours (2002) de Stephen Daldry une Suite en trois mouvements pour piano, cordes, harpe et célesta: 24 minutes d’un néoromantisme affadi à la Richard Clayderman, bien attristant de la part de l’auteur d’Einstein on the Beach. Pour cordes seules, respectant la forme traditionnelle en quatre mouvements, la Troisième (1995) de ses dix Symphonies est nettement plus intéressante: on ne prétendra certes pas que le style, si caractéristique, se renouvelle considérablement, mais le néoclassicisme astringent du deuxième mouvement, qui tient lieu de scherzo, et la poésie du troisième, avec un solo qui n’est pas sans évoquer le Premier Concerto pour violon, se situent au meilleur niveau d’inspiration de Glass (Orange Mountain Music 0086). SC




Un nouveau regard sur Clementi





On connaît davantage Muzio Clementi (1752-1832) pour ses sonates pour piano que pour ses compositions orchestrales ou lyriques: c’est bien dommage! Dans un style qui le rapproche de Cherubini ou même de Schubert, voici trois œuvres – une Ouverture en ré majeur et ses deux premières Symphonies – dont la genèse a semble-t-il été difficile et que Clementi aurait lui-même souhaité détruire de son vivant, n’étant pas satisfait du résultat comme le précise la brève mais intéressante notice de Marta Marullo. Sur les quatre Symphonies aujourd’hui connues de Clementi, voici donc les deux premières: les WoO32 en ut majeur et WoO33 en majeur. La Première, en quatre mouvements, ne manque pas d’atouts, qu’il s’agisse des riches sonorités, des mélodies entraînantes, du jeu entre cordes et bois... Pour autant, à la tête d’un honnête Orchestre symphonique de Rome, Francesco La Vecchia ne séduit guère. Une flûte poussive dans le Larghetto du premier mouvement, un tutti orchestral brouillon dans l’Allegro molto qui le suit, un manque d’humour dans le jeu des bois au sein du troisième mouvement (Minuetto: Allegretto), le tout handicapé par une prise de son quelque peu étrange (on se croirait presque dans les années 1960 alors que l’enregistrement a été effectué à la fin du mois de décembre 2011): autant d’éléments qui rendent cette interprétation plus que perfectible. La Deuxième Symphonie, également en quatre mouvements, s’avère de meilleure facture bien que la partition semble moins riche en effet et en dynamiques même si l’Allegro concluant le premier mouvement a fière allure. Le morceau le plus intéressant est finalement cette belle Ouverture en ré majeur, qui n’est pas sans évoquer Schubert: une énergie de tous les instants et une finesse dans la partition que transmettent parfaitement l’orchestre et son chef. Pour autant, on préfèrera à ce disque ceux gravés par Mathias Bamert (Chandos), pour la seule Première Symphonie et, même si son intégrale commence à être quelque peu ancienne (1979), par le délicieux Claudio Scimone (Erato), qui allient avec bonheur perfection de l’interprétation et enthousiasme (Naxos 8.573071). SGa




Piotr Beczala: Piekny Verdi z Polski!





Voici un récital Verdi 100% polonais, qui confirme le talent du ténor Piotr Beczala (né en 1966), armé d’une voix ronde et au métal clair – manquant peut-être de densité naturelle dans l’aigu, mais d’une pureté scintillante et d’une clarté rafraîchissante. Le style convainc pleinement – larmoyant mais sans excès (Rigoletto, Requiem), vaillant mais sans boursouflure (Macbeth, Traviata, Un ballo in maschera). Seuls quelques effets piquent l’oreille – telle cette dernière note inutilement démonstrative dans le duo (acte II) de Don Carlo avec Posa (poussée à l’extrême dans l’aigu), tel encore le choix de chanter à pleins poumons la fin du «Celeste Aida». Plus incontestable en italien qu’en français – dans l’air d’Henri des Vêpres siciliennes (trop sombre pour sa voix de lumière) –, Beczala se présente fort bien accompagné par l’Azucena d’outre-tombe d’ Ewa Podles (Il trovatore)... davantage que par le Posa bien chantant mais un peu paresseux de Marius Kwiecien (Don Carlo), et plus encore par la baguette pleine de vivacité et de fraîcheur de Lukasz Borowicz, qui offre (à la tête de l’Orchestre symphonique de Radio polonaise) une lecture anguleuse de ces extraits verdiens... donnant envie d’en entendre davantage (Orfeo C 865 131 A). GdH




«Sur la route» avec Romain Leleu





Avec ce nouvel enregistrement, Romain Leleu (né en 1983) confirme qu’il tient une place privilégiée au sein de l’élite française de son instrument. Le titre de son album, «Sur la route», témoigne de la variété géographique d’un programme, qui, dans un esprit grand public mais sans concession à la facilité, couvre en outre un spectre très large, de Bartók à Michel Legrand: œuvres d’inspiration folklorique (dont trois tangos de Piazzolla), pages de virtuosité, mélodies célèbres et musiques pour le cinéma (Les Temps modernes, Le Magicien d’Oz, La Strada, Cléo de 5 à 7). Associé à l’Ensemble Convergences – un quintette à cordes issu de l’Orchestre philharmonique de Radio France, où son épouse est violoniste – et dans des arrangements de Manuel Doutrelant (né en 1984), le jeune trompettiste suscite une fois de plus l’admiration: précision irréprochable, phrasé au cordeau, sens de la couleur, accru par le recours à des instruments frères ou cousins – la ductilité du cornet à pistons dans la Fantaisie sur la «Norma» d’Arban – quelle performance dans «Casta diva»! –, la douce nostalgie du bugle dans l’Andante cantabile de Tchaïkovski et Les Chemins de l’amour de Poulenc, la sonorité acérée de la trompette piccolo dans la «Danse du sabre» de Gayaneh de Khatchatourian et la «Danse rituelle du feu» de L’Amour sorcier de Falla (Aparté AP052). SC




Compositeurs français d’aujourd’hui (1): Eric Tanguy





Créé le 22 juin 2007 à Reims, In terra pace d’Eric Tanguy (né en 1968) a été repris quelques jours plus tard salle Pleyel lors d’un concert en hommage à Rostropovitch. Même s’il se laisse écouter, cet ouvrage de nature rhapsodique pourrait être abrégé de dix minutes tellement son auteur se répète. Les autres œuvres (Evocations pour violoncelle et piano, Invocation pour violoncelle seul, Quattro Intermezzi et Poème pour piano), enregistrées le même jour aux Flâneries musicales de Reims en 2010, manquent également de force créatrice: elles ne laissent pas indifférent mais elles s’oublient vite. Cette musique plus expressive que cérébrale se distingue toutefois par sa poésie, son lyrisme et ses moments méditatifs qui la rendent d’un abord aisé. Nul doute qu’elle trouvera son public. Contrairement à Igor Levit, qui interprète les pages pour piano, et à Claire Désert, qui l’accompagne dans Evocations, Anne Gastinel a le privilège de figurer, pieds nus, sur la couverture à côté du compositeur, lui aussi déchaussé (Transart TR172). SF




Compositeurs français d’aujourd’hui (2) : Bruno Mantovani





La musique de Bruno Mantovani (né en 1974) est-elle plus «moderne» que celle d’Eric Tanguy (cf. supra)? Pour autant qu’il reflète fidèlement la pensée du musicien, cet album incite à formuler une réponse positive, bien que débattre de la modernité reste hasardeux. Conçues pour un, deux ou trois instruments, les œuvres qu’il réunit se caractérisent par un langage plus sophistiqué et riche en détails, ce qui leur confèrent du relief et du caractère. Ce compositeur en vue, également directeur du CNSMD de Paris, joue habilement sur les effets sonores (Suonare) et imagine de remarquables alliages de timbre comme dans D’une seule voix pour violon et violoncelle, qui évoque immanquablement la Sonate de Ravel pour la même formation. Ces œuvres s’inscrivent dans un univers propre qui les rend personnelles, mais les réfractaires à la musique contemporaine pourraient justement les taxer d’académisme. Il appartient donc à chacun de se forger sa propre opinion. Mantovani peut se réjouir que des interprètes aussi remarquables que le Trio Wanderer et Claire Désert défendent sa musique avec autant de rigueur que de conviction (Mirare MIR159). SF




Les étranges nuits du «Dowland Project»





Après «In Darkness Let Me Dwell», «Care-charming Sleep» et «Romaria», John Potter poursuit, toujours chez ECM New Series, «The Dowland Project» avec «Night Sessions»: le titre vient de ce que contrairement aux trois précédentes parutions de cette série, celle-ci a été enregistrée nuitamment, en septembre 2001 (puis en janvier 2006), à l’instigation du directeur artistique, Manfred Eicher, et, en grande partie, improvisée – faute de mieux, les protagonistes se trouvant à cours de musique après les fructueuses séances de la journée consacrées à Dowland. Le quatrième volume de ce «projet» est donc l’un de ces objets musicaux non identifiés ayant contribué à établir la réputation de l’éditeur allemand, dont le talent, il est vrai, parvient à éviter les dérapages auxquels cet improbable crossover aurait pu donner lieu en d’autres mains. Le ténor anglais, qui fut membre de l’Ensemble Hilliard de 1984 à 2001, est entouré de ceux qui le suivent depuis le début de cette aventure, voici près de quinze ans – le luthiste américain Steve Stubbs (né en 1951), la violoniste suisse Maya Homburger (née en 1953), son mari le contrebassiste anglais Barry Guy (né en 1947) et le saxophoniste anglais John Surman (né en 1944). Mais cette fois-ci, dans trois des dix-sept numéros de l’album, dont deux purement instrumentaux, Potter, Surman et Stubbs sont associés au violoniste (et altiste) slovaque Milos Valent (né en 1960). Saxophone (mais aussi clarinette basse), contrebasse, voire violon ou alto – autant de présences intrigantes autour du nom de Dowland. Mais en réalité, les sources musicales couvrent près d’un millénaire de musique occidentale et un champ géographique assez étendu: une chanson d’amour de Bernart de Ventadour (XIIe), le bizarre Fumeux fume par fumée de Solage (fin XIVe), deux carols (Noël) anglais (Corpus Christi, I sing of a maiden), des chansons de pèlerinage portugaises et un chant byzantin, entre autres, sont ponctués de pièces pour luth seul de Dalza (1508) et d’Attaignant (1529). Même s’il va jusqu’à s’aventurer dans des contrées expérimentales dont on se demande parfois s’il n’y pousse pas des plantes hallucinogènes, à mi-chemin entre improvisation et musique contemporaine (Man in the moon, d’après une ballade du XIIIe au texte loufoquement macaronique, Whistling in the dark, Swart mekerd smethes), ce melting pot se révèle aussi homogène que faire se peut et va bien au-delà d’une démarche intellectuelle qui se contenterait d’être simplement séduisante sur le papier. Magique et entêtant (476 5968). SC




Vahan Mardirossian face à Florentine Mulsant





«Face à face»: le sous-titre de l’album que Vahan Mardirossian (né en 1975) consacre à Florentine Mulsant (née en 1962) suggère bien sûr l’émulation davantage que le conflit. Autre «face à face» tout aussi constructif, celui du pianiste, bien connu du public parisien, et du chef, directeur musical et chef principal de l’Orchestre national de chambre d’Arménie depuis 2010. A son Steinway, Mardirossian donne les Préludes (2011) que Mulsant a dédiés à son fils, le poète Paul Gagnaire (1990-2011), disparu peu de temps après la composition de ce cycle qui, bien que constitué de vingt-quatre courtes pièces (de 45 secondes à près de 4 minutes), plutôt que se référer à Chopin, pourtant cité dans l’ultime Prélude (Finale de la Troisième Sonate, dernier des Préludes de l’Opus 28), revendique l’ascendance de Scriabine. Mais c’est davantage Debussy ou, beaucoup plus lointainement, Messiaen, qu’on entendra dans ces pièces qui évoquent aussi la mélancolie d’un Hersant comme le pessimisme d’un Bacri. La Première Symphonie (2005), commande de Radio France pour le festival Présences, est la transcription pour orchestre à cordes du Premier Quatuor de 2002, dont la concision (12 minutes) et les cinq mouvements trahissent une conception pour l’émission «Alla Breve» de France Musique. Interprétées avec une remarquable intensité expressive, ces pages aux harmonies denses ne révolutionnent pas l’écriture pour les cordes et, malgré un hommage explicite à Dutilleux dans le mouvement central de cette structure en arche, intitulé «Ainsi la nuit», font davantage penser à une solide tradition française naguère illustrée par Landowski (Maestria Records EMV14). SC




Dix jeunes compositeurs anglais





Andrzej Panufnik (1914-1991), par la volonté de sa veuve, a donné son nom à un programme, lancé en 2005 par l’Orchestre symphonique de Londres, qui commande chaque année une courte pièce à six jeunes compositeurs résidant en Angleterre. Sous le titre «The Panufnik Legacies», c’est la première fois qu’un album regroupe certaines de ces pièces (d’une durée de moins de 3 minutes à 10 minutes), conçues durant les cinq premières saisons (2006-2010) par dix auteurs (actuellement) âgés de vingt-sept à quarante-trois ans. Sous la direction de François-Xavier Roth, le programme témoigne éloquemment de ce qu’au Royaume-Uni comme dans le reste du monde, la scène musicale contemporaine se caractérise par une grande diversité stylistique: rien de commun, par exemple, entre l’entraînant et poststravinskien Incentive d’Andrew McCormack (né en 1978), issu de l’univers du jazz, et les tics – jusque dans le titre – d’une certaine avant-garde dans ... from bursting suns escaping ... de Christian Mason (né en 1984). La tentation épigonale n’est pas absente – comment ne pas penser ainsi au raffinement instrumental d’un Dutilleux dans les deux mouvements de Parallels d’Edward Nesbit (né en 1986)? – et si certaines pages attirent sans doute davantage l’oreille, aucune ne se détache vraiment. Seul point de rencontre, peut-être, dans cet ensemble, une volonté de flatter l’oreille – comme dans le finalement très confortable Rude Awakening! de Jason Yarde (né en 1970), lui aussi d’abord passé par le jazz – mais aussi de se faire plaisir avec l’orchestre – opiniâtreté dynamique de Flēotan de Charlie Piper (né en 1982), virtuosité volubile de Fanfare for a Newborn Child de Martin Suckling (né en 1981). Deux des compositeurs sont respectivement d’origine canadienne et roumaine: Christopher Mayo (né en 1980), pour Therma, à la rythmique séduisante, et Vlad Maistorovici (né en 1985), pour Halo, où le travail sur les sonorités vise à évoquer divers états de la lumière. Enfin, par coïncidence, les deux femmes revendiquent une inspiration japonaise – cerisiers en fleur et shakuhachi pour Eloise Nancie Gynn (née en 1985) dans Sakura, un haïku pour Elizabeth Winters (née en 1979) dans Sudden Squall, Sudden Shadow (LSO Discovery LSO5061). SC




Debussy à deux pianos et à quatre mains


             


L’année Debussy s’est à peine achevée que deux parutions viennent offrir un aperçu sur un pan relativement méconnu de son catalogue, la musique pour piano à quatre mains ou pour deux pianos. Le duo formé par Massimiliano Damerini (né en 1951) et son cadet Marco Rapetti en offre une intégrale, incluant des réductions de partitions symphoniques réalisées par le compositeur – trois extraits (Prélude, «Cortège» et «Air de danse») de L’Enfant prodigue (1884), Printemps (1887) et La Mer (1905) à quatre mains, le Prélude à l’après-midi d’un faune (1894) et les Deux Danses pour harpe et cordes (1904) à deux pianos. D’autres sont les vestiges à quatre mains de pages orchestrales – un Intermezzo (1882) et la Première Suite d’orchestre (1883) –, dont certaines inachevées ou inabouties – les deux premiers mouvements d’une Symphonie (1881), l’Ouverture Diane (1881) et des extraits du Triomphe de Bacchus (1882) d’après un poème de Banville. Certaines, à quatre mains, ont été ensuite orchestrées par Debussy – Marche écossaise (1890/1908) – ou par d’autres – Büsser (1907) pour la Petite suite (1889), Ansermet (1934) pour les Six Epigraphes antiques (1914). Tout n’est évidemment pas aussi essentiel que l’ultime triptyque En blanc et noir (1915) ou même le rare Lindaraja (1901), mais ce coffret de trois disques bien remplis offre notamment un aperçu passionnant sur les premières années du jeune protégé de Madame von Meck et du Premier grand prix de Rome: le plaisant Divertissement (1884) pour quatre mains, par exemple, gagnerait à entrer au répertoire (Brilliant Classics 94448). Chez Naxos, le disque de Jean-Pierre Armengaud (né en 1943) et Olivier Chauzu (né en 1963) fait suite à celui consacré voici trois ans par Adrienne Soós et Ivo Haag aux œuvres de jeunesse: on n’y trouvait pas la Première Suite d’orchestre, car elle venait tout juste d’être éditée, et elle se situe donc ici, par sa durée, au centre du programme, qui, comprenant par ailleurs la Petite suite, la Marche écossaise et les Epigraphes, complète celui du duo helvético-hongrois pour constituer une intégrale – hors transcriptions – du corpus debussyste pour piano à quatre mains. Autant les Italiens ont tendance à se laisser aller au romantisme et à une certaine opulence, autant les Français ne s’attardent pas et accentuent la netteté du trait (8.572979). SC




Terje Rypdal à la frontière des genres





Terje Rypdal (né en 1947), musicien norvégien de formation classique, talentueux guitariste de rock progressif et de jazz, compositeur prolifique à la frontière des genres, domine du son planant de sa guitare électrique en soliste deux compositions qui exigent, sine qua non, telle en est la difficulté d’exécution, la collaboration de musiciens plus purement classiques. Pour les neuf volets de Melodic Warrior (opus 79, 2001) sur des poèmes amérindiens (Chippewa, Navajo, Pima et Papago), Dennis Russell Davies rassembla en 2003 des forces importantes comprenant Rypdal, les quatre voix d’hommes du Hilliard Ensemble et l’Orchestre Bruckner de Linz au grand complet. Inspirée d’un poème navajo, l’œuvre concertante And the Sky was Coloured with Waterfalls and Angels (opus 97, 2009), fut créé et gravé la même année par l’Orchestre philharmonique de Wroclaw sous la direction de Sebastian Perloswki. ECM fait enfin paraître les deux pièces ensemble sous le titre de la première. Admirateur de Penderecki et de Ligeti, Rypdal compose pour orchestre depuis 1971 mais son style reflète tout autant sinon davantage son activité sur la scène du jazz-rock progressif, atteignant à l’occasion un planant psychédélique. De grande envergure, les deux œuvres, richement inventives et de sonorités travaillées, témoignent de ses talents de musicien et d’instrumentiste mais ne rejoignent pas les exigences de l’esthétique créative de la musique dite classique ou contemporaine. Telle n’en était peut-être pas son intention (372 9504). CL




Nicholas McGegan: routine beethovénienne





Avec l’Orchestre baroque Philharmonia (San Francisco), dont il est le directeur musical depuis 1985, Nicholas McGegan (né en 1950) , après un album Haydn réussi et un autre, plus décevant, consacré à Brahms, en vient à Beethoven. En public et sur «instruments anciens», le chef anglais, à la tête de musiciens de qualité assez hétérogène, déploie, dans les Quatrième et Septième Symphonies, plus de puissance que d’énergie et de vitalité, ne parvient pas à éviter les déséquilibres entre pupitres et alterne désordre brouillon et routine prudente – un comble pour ce type d’interprétations «historiquement informées» (Philharmonia Baroque PBP-06). SC




Rabinovitch-Barakovsky, «expérience spirituelle» ou supplice musical?





Sous le titre «Terza pratica», Gallo publie un coffret de quatre disques consacré à Alexandre Rabinovitch-Barakovsky (né en 1945). Originaire de Russie mais vivant en Suisse, le pianiste et chef se produit régulièrement avec Martha Argerich, mais le compositeur est nettement moins connu, ce que l’audition, particulièrement éprouvante, des cinq heures de musique ainsi réunies permet d’expliquer aisément. Evoquant lointainement Pärt par ses tintinnabulations et Glass par son caractère répétitif, avec quelque chose d’artificiel et de factice tenant du jeu vidéo ou de la fête foraine, le style assume une pauvreté à la suavité cauchemardesque et goguenarde, trois ou quatre accords tournoyant sans cesse pour narguer l’auditeur soumis à la véritable «marche du décervelage» de cette trépidation statique. Avec une constance relevant encore plus de la torture que de l’obstination, la formule est déclinée au travers de vastes formes et sans considération de l’effectif instrumental: rien ne différencie les œuvres, qu’elles soient orchestrales – La Belle Musique n° 3 (1977), Les Six Etats intermédiaires (1998), Maithuna (2005) pour orchestre de chambre –, vocales – la cantate La Prière tibétaine (1992) –, concertantes – La Triade (1998) pour violon amplifié et orchestre, Jiao (2004) pour clavinova, célesta et vibraphone amplifiés, glockenspiel et cordes –, pianistiques – Musique populaire (1980) pour deux pianos amplifiés, La Belle Musique n° 4 (1997) pour quatre pianos amplifiés – ou chambristes – Récit de voyage (1976) pour violon, violoncelle, marimba, piano et célesta amplifiés et vibraphone, Trois invocations (1995) pour quatuor à cordes et célesta amplifié, Chant du cygne à Apollon (1996) pour violon, célesta, piano et vibraphone amplifiés. Bénéficiant de la présence d’Argerich, notamment au célesta amplifié (!), le quatrième disque sort quelque peu de la catalepsie, mais ne parvient pas à sauver cette entreprise dont le prétexte fort commode est, comme souvent, une «expérience spirituelle» où se mêlent la numérologie, le tantrisme, Carl Jung, «les savoirs traditionnels (le chamanisme, la gnose, la kabbale, le soufisme, le bouddhisme, etc.)» et l’hindouisme. Il suffit de mélanger le tout et de bien secouer pour obtenir la «Terza pratica», résumée par l’expression «Laissez penser le cœur» et exprimant une «vision du cheminement spirituel et les mandalas qui illustrent de manière géométrique la progression dans le labyrinthe vers le centre de notre personnalité, ainsi que l’idée de la montée de l’énergie cosmique, kundalini, à travers les chakras, les sept centres psychiques de notre corps». Après ça, personne ne pourra plus se gausser de Scriabine, Messiaen ou Greif (CD-1375). SC




La rédaction de ConcertoNet

 

 

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