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10/29/2023
Johann Sebastian Bach : Partitas pour violon n° 1, BWV 1002, n° 2, BWV 1004, et n° 3, BWV 1006
Back to Bach

Gidon Kremer (violon), Daniel Finkelnagel, Alexander Lück (réalisation)
Enregistré en la Pfarrkirche St. Nikolaus, Lockenhaus (septembre 2001) et réalisé en 2006 – 132’
Blu-ray EuroArts 2055633 – Image Full HD 16:9 – Son PCM Stereo – Region Code : All – Sous titres en allemand, anglais, français espagnol, japonais et coréen


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Retour attendu à Bach pour Gidon Kremer, avec les trois Partitas pour violon seul qu’il avait enregistrées en studio il y a un quart de siècle mais jamais jouées en public avant cet enregistrement réalisé à Lockenhaus en 2001, suivi d’un passionnant documentaire résumant la carrière de cet immense artiste d’origine estonienne.


On décrit souvent ces trois Partitas de Bach composées en 1720 comme l’Himalaya de la musique pour violon seul, tant leur difficulté technique et d’interprétation est un défi même pour les musiciens les plus expérimentés. La longue Chaconne qui couronne la Deuxième de ces partitas, chef d’œuvre de musique pure et méditative qui a été maintes fois transcrite, en est le sommet absolu.


Le violoniste Gidon Kremer, né en Lettonie il y a 76 ans et très récemment récipiendaire du Prix Beethoven pour les droits humains, les avait enregistrées en studio pour Philips en 1975 (le documentaire montre un étonnant montage entre les deux époques, le violoniste ayant une chevelure différente...!). Réputé pour sa sonorité parfois un peu dure et acide il n’avait à l’époque pas fait l’unanimité pour cet enregistrement. En 2001, il a éprouvé le besoin d’y revenir « car elles sont la source de la musique » avec une sonorité qui s’est adoucie, une virtuosité intacte et même plus grande si cela est possible, et de les enregistrer pour la vidéo à l’occasion d’un concert donné dans la magnifique église baroque Saint‑Nicolas à Lockenhaus, où il a fondé en 1981 un festival international de musique de chambre dont il est resté le directeur artistique jusqu’en 2011. Aujourd’hui dirigé par le violoncelliste franco-allemand Nicolas Altstaedt, ce festival connu sous le nom de Kremerata Musica, qui a convoqué dans ce coin reculé du Burgenland autrichien autrefois hongrois, un nombre incroyable d’interprètes et où furent créés tant d’œuvres chambristes contemporaines (ses archives publiées sur CD par ECM sont un véritable trésor), est aujourd’hui encore un des rendez‑vous de la musique de chambre les plus célèbres du monde.


Ainsi cette vidéo permet non seulement d’entendre ces pièces jouées divinement devant le spectaculaire autel de marbre rose et bois doré de l’église baroque de Lockenhaus du XVIIe siècle dédiée aux Augustiniens, mais d’observer les émotions et le travail méticuleux du violoniste confronté à ces sommets musicaux. Si la sonorité est devenue plus douce et les phrasés sont moins anguleux qu’autrefois, l’ensemble reste singulier et le style si libre reconnaissable immédiatement. S’il est capable d’attaques brutales et des effets les plus véhéments comme dans la Chaconne, il peut aussi jouer avec la plus grande délicatesse; la nuance pianissimo du Double de l’Allemande de la Première Partita, joué comme un soupir, est proprement hallucinante tout comme l’est la virtuosité du double de la Courante qui suit.


Le film Back to Bach de Daniel Finkelnagel et Alexander Lück, qui complète ce programme musical, n’est pas seulement un de ces banals bonus ou making of de circonstance, mais une réalisation particulièrement soignée grâce au travail d’archives notamment sur les débuts difficiles du violoniste en Union soviétique. Il propose deux longues interviews (en allemand, apparemment sa langue maternelle), qui permettent de découvrir un homme d’une grande douceur et gentillesse ayant sur son parcours artistique et sur son art un discours intelligent. Rien d’intellectuel, mais les propos sincères d’un artiste avec des réflexions profondes et justes sur sa place dans la société et surtout une compréhension brillante de l’œuvre de Bach (« musique nourrie par la Foi » ) et sur la supposée authenticité de l’interprétation. En cela, il convoque Glenn Gould, document à l’appui, pour tenter d’expliquer ce qu’il y a d’illusoire dans la recherche absolue d’un bon tempo.


S’agissant des Partitas, il explique avec beaucoup de clarté la structure formelle de ces pièces dans lesquelles chaque mouvement possède un « double » qui en fait est une variation de la danse le précédant. La célèbre Chaconne tient une grande place dans ce documentaire et Kremer explique comment il a doublé Richard Berry dans le film Le Joueur de violon réalisé par Charles Van Damme en 1994.


Sont évoqués aussi son apprentissage auprès de David Oïstrakh et ses débuts difficiles quand, couvert de prix et que Herbert von Karajan l’ayant désigné comme étant le « meilleur violoniste au monde », il fut vite demandé dans le monde entier et obligé de quitter l’Union soviétique.


Passionnant aussi l’épisode qui narre la rencontre avec la compositrice alors soviétique Sofia Goubaïdoulina, qui a composé pour lui son œuvre concertante Offertorium, inspirée par L’Offrande musicale de Bach, à l’occasion d’un concert à Berlin sous la direction de Simon Rattle avec d’importants extraits de répétition.


Le film s’achève par des réflexions sur l’interprétation et la seule façon de faire passer un message étant d’avoir une « voix personnelle ». Il cite pour cela Dietrich Fischer‑Dieskau, Glenn Gould encore, Sviatoslav Richter et Jacques Brel, qu’il admire et par lequel se termine ce très beau film, avec sa légendaire interprétation d’Amsterdam à l’Olympia de Paris en 1964.


Olivier Brunel

 

 

 

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