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11/05/2006
Giuseppe Verdi : La Traviata
Joan Sutherland (Violetta), Miti Truccato Pace (Flora), Dora Carral (Amina), Carlo Bergonzi (Alfred), Robert Merrill (Germont), Piero de Palma (Gaston), Paolo Pedani (le Baron), Silvio Maionica (le Marquis), Giovanni Foiani (le Docteur), Orchestre et Chœurs du Mai florentin, John Pritchard (direction).
Enregistré à Florence (novembre 1962) – 2h 12’23
2 CD Decca 475 7922 (synopsis trilingue, livret en italien et en anglais)


On connaît des versions de La Traviata plus incandescentes – à commencer, évidemment, par celles de Maria Callas. Mais on en trouvera peu de chantées avec une telle perfection. En 1962, Joan Sutherland et Carlo Bergonzi sont rayonnants, de jeunesse et de raffinement, rebelles à tout effet facile sous prétexte d’émotion. L’émotion, ici, se sublime dans la beauté du chant – on est encore, avec eux, dans l’authentique bel canto, ce qui rattache plus cette Traviata au passé qu’à l’avenir, comme toujours d’ailleurs quand la Stupenda aborde Verdi. Ce chant sur le souffle, ces trilles, ces vocalises, ces couleurs… Quant à lui, qui a jamais phrasé et nuancé ainsi « Parigi o cara » ?
Des chanteurs plus que des interprètes, comme on l’a dit, avant tout soucieux de pureté stylistique ? Une version pour esthètes, trop belle pour être vraie ? Oui et non. Réécoutons plutôt. Au premier acte, oui, de toute évidence, avec pour finir cette cabalette éblouissante de perfection. Mais ni Violetta ni Alfredo ne peuvent prendre alors la mesure de ce qu’ils vont vivre. Les choses, ensuite, évoluent. Elle, par exemple, qu’on dit si froide, l’est moins au fur à mesure que Violetta entre dans le drame - même si l’on n’a jamais le sentiment d’écouter une tragédienne, même si cette Traviata a tendance à subir son destin : son « Dite alle giovine » dit la noblesse de son sacrifice, son « Amami Alfredo » a bien l’élan de la passion, son « Addio del passato » la montre déjà passée de l’autre côté, son « Ah ! gran Dio ! morir » trahit bien l’impuissant désir de vivre. Quant à Robert Merrill, qui passe toujours pour solide et rien que solide, brillant et rien que brillant, il campe un père plus nuancé qu’on ne l’a affirmé, notamment dans le grand duo du deuxième acte. L’élégant John Pritchard, enfin, joue avec bonheur la carte du premier romantisme, bien en phase avec les options choisies par les deux protagonistes.
Rééditée à l’occasion des 80 ans de la cantatrice australienne, cette Traviata - la première à être intégrale, avec les deux cabalettes du fils et du père – reste une des plus belles de la discographie. Quand elle récidivera, dix-sept ans plus tard, avec Luciano Pavarotti – très inférieur à Bergonzi - et son mari Richard Bonynge, elle sera plus investie dramatiquement, mais vocalement moins lumineuse. La Traviata de Sutherland, c’est celle-ci.


Didier van Moere

 

 

 

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