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11/03/2006
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Aldo Protti (Rigoletto), Mario Del Monaco (Duc), Hilde Güden (Gilda), Cesare Siepi (Sparafucile), Giulietta Simionato (Maddalena), Fernando Corena (Monterone), Luisa Ribacchi (Giovanna), Piero de Palma (Borsa)
Orchestra e Coro dell’Accademia di santa Cecilia di Roma
Alberto Erede (direction)
Enregistré à Rome en 1954 pour Decca - 52’26 + 59’36
2 disques Urania URN 22.305


Même si la discographie de Rigoletto est presque aussi longue que le catalogue de Leporello, ce nouvel enregistrement de l’œuvre de Verdi sera accueilli avec intérêt car il permet d’entendre Mario Del Monaco en Duc et une pléiade de seconds rôles interprétés par des chanteurs exceptionnels. Sans être indispensable, cette version apporte une lecture originale de l’opéra avec une Gilda façon “oie blanche” et un Duc d’une autorité peu commune.



Rigoletto est incarné par Aldo Protti qui est un père rempli d’humanité mais également déterminé à se venger. Certes le chanteur n’est pas aussi passionnant qu’un Leo Nucci, mais il parvient à créer une ambiance et à exprimer des sentiments touchants pour sa fille (le dernier duo au troisième acte) et rageurs pour les courtisans du Duc dans “Cortigiani”: il faut souligner l’accent mis sur le “damnata”. Il réussit particulièrement les passages très intenses où il doit traduire son angoisse ou sa fureur comme dans le “damnazione” de l’air “Pari siamo”.
Hilde Güden fut excellente dans le répertoire viennois grâce à sa voix légère et à son legato très propre. Elle est nettement moins convaincante dans l’opéra italien où sa voix aigrelette sans rondeur, sans consistance, finit par énerver dans le rôle de Gilda. Elle est en revanche époustouflante dans le grand air “Gualtier Maldè” où elle peut laisser briller ses aigus lumineux. Toutefois dans ses vocalises, un peu trop joyeuses, on entend davantage la légèreté d’Adèle de la Fledermaus que le bonheur simple d’une jeune fille de bonne famille. Mais pourquoi ne pas essayer de brosser le portrait d’une jeune fille en proie à ses émotions? Le tempo assez vif adopté par Alberto Erede contribue à cette lecture. A souligner la vocalise finale jamais entendue avec des notes en mezza-voce. Du plus bel effet! La fin de l’opéra est mieux réussie et le personnage a mûri dans sa voix: ses derniers mots sont plus posés, plus douloureux dans le “V’ho ingannato”.
Mario Del Monaco est un Duc de Mantoue vaillant et sûr de lui. Pendant tout l’opéra, il ne doutera pas de sa supériorité sur toutes ces femmes et le “questo e quella” donne le ton à toute sa prestation: le duc les aura toutes! Les notes sont fermes, stables sans être pour autant perverses. Le “E il sol” est également sans appel et il glacerait n’importe quelle Gilda. Il ne campe pas un duc très séducteur même dans “Bella figlia dell’amore” où il impose son choix à Maddalena. Un Duc qui tend plus vers Otello que vers Alfredo.
La distribution est luxueuse pour les rôles plus secondaire à commencer par Sparafucile. Cesare Siepi utilise ses graves généreux pour incarner le tueur et il est presque effrayant quand, au premier acte, il donne son nom à Rigoletto en tenant la dernière note. Monterone est chanté par Fernando Corena que l’on connaît surtout dans des emplois de basse bouffe. C’est pourquoi il apporte une humanité à son personnage avec des notes plus légères, moins remplies de haine que chez les autres Monterone. La composition de Giulietta Simionato se rapproche davantage d’Azucena ou d’Ulrica que de Maddalena. Mais son interprétation très sombre, très inquiétante est également une lecture intéressante: Maddalena pourrait être une sorcière qui attire les voyageurs. La voix est très belle et contribue à envoûter le Duc.
L’orchestre de l’Académie de Sainte-Cécile de Rome est dirigé par un Alberto Erede inspiré. Dès les premières notes de l’ouverture, le chef met en place la tragédie qui va suivre avec des accents secs sur les gammes montantes du début, ne laissant aucune chance aux personnages. Il se montre attentif aux détails de la partition avec des violons intransigeants dans le début de “Cortigiani”.



Un enregistrement supplémentaire de Rigoletto qui n’est pas dénué d’intérêt. Il ne manquera pas de piquer la curiosité des amoureux de la voix de Mario Del Monaco et des lyricomanes.




Comme bon nombre d’enregistrements anciens édités dans de petites collections, le livret est plus que sommaire puisqu’il ne donne que la distribution et le découpage des plages. Il faudra donc se consoler avec une belle photo de Mario Del Monaco en couverture…

Manon Ardouin

 

 

 

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