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07/27/2006
Christoph Willibald Gluck : Aristeo et Bauci e Filemone
Ann Hallenberg (Aristeo, Una pastorella), Magnus Staveland (Ati, Giove), Ditte Andersen (Cirene, Bauci), Marie Lenormand (Cidippe, Silvia, Filemone)
Choeur de Chambre de Namur
Jean Tubéry (direction)
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset (direction)
Ambroisie, 2Cd, enregistrement du 8 au 10 janvier 2006 à Bruxelles.

Au début de l’année 2006, Christophe Rousset et son ensemble Les Talens Lyriques ont organisé une tournée pour redécouvrir deux oeuvres de Gluck Bauci e Filemone et Aristeo. Ce double disque en est aujourd’hui le reflet et on ne peut qu’être séduit par la fine musicalité du chef et par la solide équipe de chanteurs, homogènes et pleins d’enthousiasme.



Ann Hallenberg tient le rôle d’Aristeo avec un certain aplomb et cette chanteuse, remarquable d’expressivité à la scène, y est tout à fait convaincante dramatiquement parlant. Les récitatifs sont particulièrement soignés: elle ouvre l’opéra avec un récit poignant dans lequel elle pose les bases de l’histoire. Elle interprète avec brio l’air “cessate, fuggite” en nuançant les couleurs de sa voix pour lui donner plus de douceur dans “speranze gradite” et plus de fermeté dans “afetti tiranni”. Les aigus y sont lumineux tout comme les notes tenues dans lesquelles la musicienne dose à bon escient le vibrato. Elle apporte également une élégance au trio final avec des notes plus sombrées et plus graves.
Magnus Staveland est un nom à retenir car ce jeune ténor possède un instrument gracieux et une musicalité qui ne demande qu’à se développer. Il paraît encore bien appliqué mais, avec davantage d’assurance, il pourra rapidement se mesurer aux plus grands. Il n’y a qu’à écouter son délicat “quell’alma agitata” dans Aristeo pour s’en convaincre: son phrasé est sensible, son timbre est élégant et très mozartien…Il est moins convaincant dans Giove, surtout dans le premier air “il mio nume”: la voix est toujours belle mais la conduite de son chant n’est pas toujours très stable et il ne semble pas très assuré dramatiquement. Son deuxième air “Pe’gravi torti miei” le met réellement en difficulté car la tessiture est trop grave pour lui. Dommage car il se sentait davantage habité par le personnage…
Marie Lenormand est une très douloureuse Cydippe surtout lorsqu’elle tente d’éloigner Aristeo d’elle dans “tu sei madre”. Elle chante cet air avec grande attention en faisant bien ressortir les mots et en essayant de marquer une progression dans son discours.
Ditte Andersen déploie sa virtuosité et ses aigus solaires dans “nocchier, che in mezzo all’onde” (air repris dans Orphée). Elle se lance dans une séries de vocalises avec une sécurité technique qui frise l’admiration et un souffle inépuisable. Si les aigus sont magnifiques, le grave demande à être un peu plus étoffé.
On retrouve Ditte Andersen et Marie Lenormand, respectivement Bauci et Filemone, dans un savoureux duo qui ouvre l’opéra Bauci e Filemone: les deux voix se mêlent harmonieusement et se répondent dans une douceur toute amoureuse. Elles se rejoignent encore à la fin de l’ouvrage pour un duo d’amour où elles rivalisent de virtuosité mais aussi de beauté vocale. Marie Lenormand est un amant bien tendre surtout dans l’air “la fiamma del mio petto” et Christophe Rousset se fait ici un accompagnateur subtil grâce à un charmant pupitre de cordes. Ditte Andersen prête sa voix fraîche à Bauci et montre, dans le terrible air “Mio Pastor” ses grandes qualités dans les vocalises et dans le suraigu, même si certaines notes extrêmes sont un peu décharnées. Elle montre également un medium mieux fourni que dans Aristeo.


La direction de Christophe Rousset est, comme toujours, précise et imagée. Dans l’ouverture d’Aristeo il rythme l’ensemble à l’aide du clavecin apportant ainsi une bonne dynamique et une énergie. Cette impression persiste encore plus dans l’air de Cirene “nocchier, che in mezzo all’onde” où les cordes doivent composer avec un clavecin très présent. Il parvient à créer une atmosphère inquiétante dans le deuxième air de Giove de Bauci. Le choeur dirigé par Jean Tubéry est également précis et expressif: ils soulignent fortement les “s” dans “Lodi eterne” ce qui apporte une jolie couleur aux voix.



Ces deux oeuvres, assez originales par rapport au Gluck que l’on connaît mieux, sont véritablement à découvrir et cet enregistrement en est un excellent moyen. L’interprétation, autant vocale qu’orchestrale, est de premier ordre! A noter également la grande qualité du coffret puisque le livret propose une petite introduction à l’oeuvre ainsi que le texte et la traduction.

Manon Ardouin

 

 

 

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