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06/19/2006
Philippe Hersant : Concerto pour violon – Der Wanderer – Streams (#)

Augustin Dumay (violon), Alice Ader (piano)
Chœur de Radio France, Michel Tranchant (direction), Orchestre national de France, Orchestre symphonique de la Radio danoise (#), Jonathan Darlington, Thomas Dausgaard (#) (direction)
Enregistré à Paris (janvier-février 2004) – 62’16
Densité 21 DE001



Nouvelle collection parrainée par Radio France, l’INA, la SACEM et Naïve, Densité 21 vise, dans une présentation sobre et élégante, à tirer parti de la richesse des archives radiophoniques afin de publier des monographies de compositeurs français. Témoignant d’une grande diversité de styles et de générations, la première livraison, dans laquelle apparaissent les noms de François-Bernard Mâche (voir ici) et de Pascal Zavaro (voir ici), comprend également deux volumes consacrés à Philippe Hersant, dont la personnalité était au centre de l’édition 2004 du Festival Présences, au cours duquel les enregistrements rassemblés sur le présent disque ont été effectués.


Toutes trois de conception récente, ces œuvres constituent une excellente introduction à l’univers de Philippe Hersant, traduisant son intérêt pour le principe de la variation et, surtout, son jeu subtil sur la mémoire et les réminiscences, sur les citations et les références, marqué par une prédilection pour le romantisme allemand. Bien sûr, ces partitions auraient sans doute pu être écrites voici cinquante ou même cent ans. Mais qu’importe? Au-delà de ces querelles esthétiques, il faut admirer en effet une constante qualité d’écriture et – c’est le plus important – une voix éminemment personnelle, immédiatement identifiable dans son inconsolable mélancolie et qui, sans imiter ou se contenter de capter des héritages, entretient un dialogue fructueux avec le passé, car celui-ci est filtré par la subjectivité du souvenir.


Les demi-teintes et le romantisme frémissant du Concerto pour violon (2003), en vingt-trois minutes d’un seul tenant, conviennent parfaitement à son dédicataire et créateur, Augustin Dumay. Rhapsodique et extérieurement peu virtuose, même s’il ménage une cadence finale, il conserve une tenue et une réserve expressive qui le situent dans la grande tradition française.


Le goût d’Hersant pour la littérature germanique apparaît clairement dans Der Wanderer (2002) pour chœur d’hommes et orchestre de chambre: comme imprégné par le climat et par l’époque, il entoure le poème de Trakl d’une aura impressionnante et envoûtante qui semble provenir tout droit des Gurrelieder de Schönberg ou du Concerto pour piano de Busoni.


Comme le Concerto pour violon, Streams (2000) est interprété ici par sa dédicataire, la fidèle Alice Ader (voir ici), et n’offre pas davantage de concessions à l’ego du soliste. Le titre de ce concerto d’assez vaste ampleur (vingt-sept minutes) renvoie, via des vers de Milton, aux fleuves de l’enfer, notamment le Léthé. Un enfer labyrinthique, froid et répétitif, dans lequel Hersant renonce à une certaine couleur postromantique pour une manière plus contrastée et acide, mais toujours porteuse d’une énigmatique tristesse.


Le livret (en français et en anglais), comprenant, pour chacune des pièces, un bref propos introductif de l’auteur, aurait gagné à être enrichi de sa biographie ainsi que du texte du poème de Trakl mis en musique dans Der Wanderer.


Le site de Philippe Hersant


Simon Corley

 

 

 

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