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02/21/2005
Edition Celibidache de EMI
Bach : Messe en si
Verdi : Requiem
Mozart : Requiem
Tchaikovski : Symphonie n° 4, Casse-Noisette, suite
Prokofiev : Symphonies n° 1 et 5
Chostakovitch : Symphonies n° 1 et 9
Barber : Adagio pour cordes
Ouvertures : Le Carnaval romain de Berlioz, Les Hébrides, Le Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn, Rosamunde de Schubert, La Moldau de Smetana, La Chauve-souris de Strauss
Orchestre Philharmonique de Munich, Sergiu Celibidache (direction)
EMI






Quatrième et dernière (a priori) édition Celibidache de EMI, voici l'événement du début de l'année 2005 ! Après un panorama de divers compositeurs, les symphonies de Bruckner, de Brahms et de Beethoven (lire ici), voici des pièces sacrées et diverses symphonies et ouvertures dont nous parlerons ici en quasi-totalité. Comme toujours à propos du démiurge roumain, les avis sont partagés, de toute façon les univers musicaux réunis ici sont très variés et ne peuvent bien sûr pas susciter une appréciation unique.


Commençons par le plus problématique : la Messe en si de Jean-Sébastien Bach. L'orchestre est moderne mais de format réduit et avec des coups d'archet "baroques" (courts, sans vibrato), résultat, on perd sur les deux tableaux, celui de la force et de l'ampleur du grand orchestre (comme le réussit magnifiquement Klemperer avec le Philharmonia, EMI 1967) et celui des couleurs des instruments baroques. Pas convaincant.


Retour au grand orchestre avec le Requiem de Verdi. On peut admirer le formidable travail sur le son réalisé avec l'orchestre ainsi qu'avec le splendide Chœur Philharmonique de Munich (qu'il faisait répéter lui-même, ne laissant pas ce soin au chef de chœur). Un résultat malheureusement gâché par un ténor (Peter Dvorsky) qui chante véritablement comme une casserole ! Heureusement Elena Filipova, Reinhild Runkel et Kurt Rydl sont, eux, très bons. L'art des nuances de Celibidache fait vivre à merveille les passages intimes de la partition tandis que l'ampleur de son geste donne une force rare aux passages mobilisant toute la puissance des musiciens comme le "Dies irae" ou le "Rex tremendae". Pris sur un tempo très ample, le "Lacrimosa" aura rarement été aussi somptueux et poignant. Assurément une très grande lecture du Requiem de Verdi.


Avec le Requiem de Mozart on touche à la perfection : la profondeur du son, la richesse des timbres, la clarté des lignes sont exceptionnelles et, après un "Introitus" très ample et imposant, Celibidache sait trouver la fraîcheur de l'articulation mozartienne. Le Chœur Philharmonique de Munich et le quatuor de chanteurs (Caroline Petrig, Christel Borchers, Peter Straka, Matthias Hölle) sont splendides. Une des plus grandes versions de l'œuvre, tout simplement.


La Quatrième de Tchaikovski a-t-elle jamais aussi bien chanté ? Avec autant d'élégance, de raffinement, sans jamais de racolage et de sentimentalité ? La probité du geste de Celibidache est remarquable (salvatrice même !) dans cette œuvre qui se prête à tous les effets. Suivent les danses de Casse-Noisette, merveilleusement détaillées mais manquant d'un peu de naturel.


Dans la Cinquième de Prokofiev, son approche extatique et massive dans les mouvements lents (1er et 3e) et raffinée et presque ludique dans les mouvements vifs (2e et 4e) ne manque pas d'intérêt et dévoile des richesses insoupçonnées de l'orchestration, mais elle est trop "léchée" pour cette œuvre qui réclame un engagement plus élémentaire et plus austère comme le réalise idéalement Koussevitsky (avec Boston en 1947), la version de référence incontestable. La symphonie "Classique", comme les danses de Casse-Noisette, perd le naturel de l'articulation par une lenteur démesurée.


On ne l'attendait pas forcément chez ce compositeur, mais ce serait oublier que Celibidache le fréquente depuis ses débuts en 1945 à Berlin : Dimitri Chostakovitch. Voici peut être le plus beau disque du coffret où, dans ces deux symphonies ironiques et légères (très loin donc des 5e, 7e ou 8e) du compositeur russe, le chef roumain met parfaitement en lumière les climats versatiles, les couleurs acidulées, les variétés de rythmes. Le tout, une fois n'est pas coutume, dans un tempo vif. Un ravissement. Un sublime Adagio pour cordes de Barber vient clore cet exceptionnel CD.


Moins essentiel, terminons par un disque d'ouvertures. Celibidache n'appréciait pas Berlioz et, à l'écoute du Carnaval romain, on ne peut que regretter ce jugement tant la finesse et la légèreté de sa direction s'accordent si bien au compositeur de la Symphonie fantastique. Des qualités que l'on retrouvent et qui donnent tout leur prix aux deux ouvertures de Mendelssohn, Les Hébrides et Le Songe d'une nuit d'été. Superbe Rosamunde de Schubert ensuite, tout en rondeur et en élégance. On peut aussi admirer une Moldau de Smetana d'une douceur inégalée ainsi qu'une charmante et vive Chauve-souris de Strauss.


Chacun, suivant ses goûts, ira vers tel ou tel disque, le Requiem de Verdi, la 4e de Tchaikovski et la 5e de Prokofiev offrant des lectures captivantes à ceux qui chérissent ces pages, mais parions que le Requiem de Mozart et les 1e et 9e de Chostakovitch recueilleront tous les suffrages.



Sergiu Celibidache Stiftung



Association Celibidache




Philippe Herlin

 

 

 

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