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11/04/2002 Luciano Berio : Les quatuors à cordes Quatuor Arditti Naïve MO 782155
Notturno (1993) commence presque subrepticement, «avec l’air de ne pas y toucher», se prolonge en une sorte de conversation chuchotée entre les solistes avant que n’apparaissent, au bout de cinq minutes, des gestes musicaux plus incisifs (des accords simples et fugitifs), puis des ébauches de figures, de développements, des enchaînements... Et nous voici plongés, on s’en rend compte presque par surprise, dans une atmosphère très prégnante, nocturne en l’occurrence, comme l’indique le titre. Comme souvent chez Luciano Berio, la forme musicale ne se donne pas tout de suite, on tourne autour, elle s’éclaircit progressivement, le quatuor ici sert moins à fixer la musique qu’à la capter, si l’on peut dire. Plus anguleux et volontaire, mais dans le même esprit, Glosse (1997) use d’une plus grande richesse de jeu (pizzicatos notamment). Le Quatuor n° 1 (1956) et Sincronie (1964) cèdent quelque peu à un sérialisme abscons à la mode à cette époque mais qui n’entrave cependant pas la subtilité et l’art de l’allusion qui font tout le charme du compositeur italien auquel ce disque rend un brillant hommage.
Philippe Herlin
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