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11/11/2001
Beethoven
Sonates n° 13 op. 27 n° 1, quasi una fantasia, n° 14 op. 27 n° 2, Clair de Lune et n° 30 op. 109.

Maria Joao Pires (piano).
Deutsche Grammophon 453457-2




Bien qu'elle joue régulièrement Beethoven en concert et qu'elle ait remporté en 1970 le premier prix du Concours international Beethoven à Bruxelles, Maria Joao Pires n'a plus consacré de disque à ce musicien depuis des années. Et c'est dans un contexte particulier qu'elle y revient, à un tournant symbolique de son existence et de sa carrière. Une sorte de retrait, un peu à la Glenn Gould, sauf que dans son cas, c'est surtout un refus d'une certaine conception de la carrière de soliste -voyages intercontinentaux et solitude- au profit d'une expérience passionnante et très ouverte sur les autres et sur le monde. Elle vient en effet de fonder à Belgais au Portugal un centre culturel multidisciplinaire qui accueille des artistes, des scientifiques et des techniciens, ainsi que des jeunes et des enfants, dans le but de stimuler leur activité créatrice. Le lieu comporte une salle de concert et un studio d'enregistrement.
C'est dans ce studio de Belgais précisément que la pianiste a enregistré ce disque Beethoven. Elle a choisi les deux sonates de l'opus 27, écrites dans les années 1800, donc relativement tôt, et toutes deux notées, par Beethoven, quasi una fantasia alors même que la seconde est plus connue comme la Sonate au Clair de Lune selon le titre qui lui fut donné par un certain Rellstab et qui joua peut-être un petit rôle dans son immense notoriété. L'opus 109, première des trois dernières sonates, composée en 1821, vient compléter cet intelligent programme.
Il faut le dire d'emblée : Maria Joao Pires signe là un disque sans concessions et qui ne cède en rien à la facilité. Un disque qui recèle d'immenses bonheurs d'interprétation et parfois quelques surprises. Le premier mouvement de la sonate au Clair de Lune est ainsi pris sur un tempo très lent, pas vraiment andante sostenuto, beaucoup plus lent que celui d'un Yves Nat mais tout proche de celui d'Arrau, avec le parti d'une mise en valeur du motif lancinant des croches comme une sorte d'ostinato d'où émerge un chant magnifique tandis que les grands accords de main gauche sont jouées au contraire "lointains". La pianiste est ainsi tout à fait en phase avec l'appréciation de Berlioz qui parlait à propos de ce mouvement de "l'efflorescence mélodique de cette sombre harmonie". Le final presto agitato est en revanche tout à fait presto et parfaitement agitato, fiévreux et fougueux à souhait. On s'étonne toutefois que dans les deux sonates de cet opus, Maria Joao Pires ne suive pas l'indication explicite de Beethoven qui à plusieurs reprises demande l'enchaînement immédiat des mouvements, dans l'esprit de la fantasia: attacca subito… que Pires remplace par un grand silence. On peut le regretter. Comme on peut regretter certaines attaques un peu dures, la relative sécheresse de certains thèmes qu'on aimerait plus dansants ou plus expressifs et la sonorité parfois métallique de l'instrument. Mais après tout, dans la mesure où elle sait le faire chanter comme personne, sans doute a-t-elle raison, dans Beethoven, de ne pas chercher systématiquement le beau son, ce qui est relativement simple mais plutôt le sens, ce qui est une toute autre affaire. Un disque qui se mérite et qu'il faut écouter plusieurs fois pour en goûter la beauté.


Florence Trocmé

 

 

 

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