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01/14/2023
« Āyu »
Anonyme persan : Saghi Nameh
Hildegarde von Bingen : O Virga mediatrix
Anonyme maronite syriaque : Wa Habibi
Johann Sebastian Bach : Matthäus‑Passion, BWV 244 : « Erbarme dich »
Maurice Ravel : Deux mélodies hébraïques
Arvo Pärt : My heart’s in the Highlands
Duo d’Or et de Paille : Louange improvisée
Anonyme vendéen : La Blanche Biche
Anonyme tsigane russe : Dwie Gitary
Míkis Theodorákis : To Trèno fèfgi stis okhtó
Anonyme ashkénaze : Tumbalalaïka
Georg Friedrich Händel : Giulio Cesare in Egitto, HWV 17 : « Empio, dirò, tu sei »
Girolamo Frescobaldi : Se l’aura spira
Violeta Parra : Gracias a la vida

Duo d’Or et de Paille : Clara Pertuy (chant), Jan Myslikovjan (accordéon)
Enregistré en la chapelle de Blanzey, Bouxières‑aux‑Chênes (Meurthe‑et‑Moselle) (2020‑2021) – 77’12
Psalmus PSAL042 – Notice en français avec textes des chants en langue originale et en français





Āyu est le nom sanskrit du fils d’une déesse et d’un homme et le symbole de l’union entre le ciel et la terre. C’est sous son inspiration que le Duo d’Or et de Paille propose, sur deux disques, de multiples pièces d’horizons musicaux fort différents. On passe d’un chant persan à la musique du Moyen Age, d’un chant maronite à Bach, Ravel et Pärt, d’une chanson populaire à un chant russe puis grec puis ashkénaze avant d’aborder des rivages baroques avec Haendel et Frescobaldi pour terminer par un chant populaire chilien, le tout dans des arrangements réalisés par le duo lui-même, sans que l’on sache d’où l’on part exactement, la notice se contentant de donner le texte original des chants, mélodies ou chansons et ses traductions en français.


Le programme de ce voyage ambitieux est aussi intéressant qu’inégal. L’album est tout d’abord censé comporter des « louanges sacrées et profanes du monde » mais ce n’est pas vraiment le cas par exemple de l’extrait de la Passion selon saint Matthieu (1736) de Johann Sebastian Bach (1685‑1750), de la seconde des Mélodies hébraïques (1914) de Maurice Ravel (1875‑1937), de la chanson vendéenne ou du chant de Míkis Theodorákis (1925‑2021), qui évoque le départ d’un train « à huit heures »...


Ensuite, la voix n’est pas adaptée à tout. La chanteuse, née en 1988 et formée à Bordeaux et Genève, ne paraît pas très à l’aise avec les fondus enchaînés et les modulations du chant persan. Sa voix dans le chant maronite syriaque se situe quand même un cran en dessous de celle, plus idiomatique, de Sœur Marie Keyrouz. L’approche des Mélodies de Ravel aurait gagné à plus d’affirmation. On peut déplorer également le manque de puissance ou d’énergie de la chanteuse dans l’« Empio, dirò, tu sei », extrait de Giulio Cesare in Egitto (1723) de Georg Friedrich Haendel (1685‑1759), et son articulation déficiente de l’italien dans Se l’aura spira (1630) de Girolamo Frescobaldi (1583‑ 1643) déçoit.


Enfin, certains arrangements constituent indéniablement des appauvrissements. C’est principalement le cas pour les pièces baroques. Même si Bach en a vu d’autres, la version du duo pour « Erbarme dich » n’a guère de rapport tant avec le style requis qu’avec le contenu de l’extrait de la Passion selon saint Matthieu.


La performance de la chanteuse est pourtant indéniable. Elle passe d’un univers à un autre avec audace. Elle n’a pas peur de chanter en douze langues et on ne s’ennuie pas. Si le duo n’est pas toujours convaincant, il laisse aussi de belles prestations comme dans sa version, peu éloignée de l’original, de My heart’s in the Highlands (2000) d’Arvo Pärt (né en 1935), confié initialement à la voix et l’orgue. Il se dégage un sentiment de folle liberté à l’écoute du chant tsigane, l’on goûte vraiment la souplesse de la voix tantôt rocailleuse tantôt jazzy comme les suraigus de Clara Pertuy dans la Louange improvisée du duo, et l’album se termine par une fort belle interprétation de Gracias a la vida (1966) de la chanteuse, peintre et tapissière chilienne Violeta Parra (1917‑1967). Clara Pertuy ne démérite pas dans cette chanson célèbre popularisée notamment par Joan Baez seule, avec Violeta Parra ou avec Mercedes Sosa, Nana Mouskouri et Florent Pagny.


L’accordéoniste de son côté est exemplaire. Il parvient à nous faire penser à des cordes dans le chant persan ou une trompe dans la Louange improvisée ; il participe pleinement à l’intérêt de ce double album.


Stéphane Guy

 

 

 

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