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11/19/2022
« Ensaladas »
Mateo Flecha « El Viejo » : El Fuego – El Toro – La Guerra – La Justa – La Bomba – El Jubilate – Gloria... pues naçió
Cantoría : Inés Alonso (soprano), Oriol Guimerà (alto), Jorge Losana (ténor, direction artistique), Valentín Miralles (basse)
Enregistré à l’Espace culturel Claude‑Joseph Bonnet de Jujurieux (février 2022) – 54’17
Ambronay Editions AMY315 – Notice en anglais, français et allemand
 Sélectionné par la rédaction
L’ensemble vocal Cantoría, composé de quatre jeunes chanteurs – une femme et trois hommes –, constitué en 2016 et spécialisé dans l’interprétation de la polyphonie ibérique de la Renaissance, nous propose ici des Ensaladas, soit une « salade », une sorte de fricassée, un quodlibet, un mélange de pièces de Mateo Flecha « l’Ancien » (1481?‑1553?), né à Prades, qui fut maître de chapelle dans plusieurs cités dont Valence et qui termina sa vie comme moine cistercien au monastère de Poblet. Il porte le nom d’Ancien pour le différencier de son neveu, Mateo Flecha « el Joven » (1530‑1604), également compositeur et éditeur d’œuvres de son oncle en 1581. Les sept pièces sélectionnées, extraites d’un corpus des onze ensaladas à quatre ou cinq voix parvenues jusqu’à nous et glanées dans différentes bibliothèques catalanes, ont une vocation morale – elles se terminent par une sentence en latin, à part le Gloria figurant à la fin du disque. Leur style n’est pas sans évoquer celui de Clément Janequin. La notice, très précise, en fournit le texte original et la traduction en anglais et en français. On en saisit ainsi encore plus l’humour.
Certaines avaient déjà été enregistrées. ConcertoNet avait par exemple commenté en son temps l’approche de l’Ensemble Huelgas chez Sony. Ici, Cantoría reprend les plus connues mais révèle aussi pour la première fois au disque une autre chanson, El Toro, où Lucifer est comparé à un taureau qu’il faut abattre sans pitié. Il est naturellement fait appel, conformément au genre, aux imitations (fifres, tambours, canons, guitares, trompettes et même meuglements, selon) et à la chanson populaire pour donner le maximum de vie, de couleurs, aux évocations souhaitées. Et, en dehors du Gloria, les pièces racontent toutes des histoires absolument délicieuses, pleines de malice, voire d’ironie mordante. Elles sont parfaitement mises en valeur par un ensemble vocal vraiment remarquable. On admire la clarté de sa diction, la qualité de sa prononciation de l’ancien castillan – il n’y a pas de jota, apparue au dix‑septième siècle ; les « x » sont prononcés « ch » ; les « ç » « ts » – et surtout l’homogénéité des voix. L’ensemble évite la caricature et fait montre d’une finesse et d’une musicalité constantes. Le disque est ainsi des plus plaisants. C’est pétillant et on se prend à sourire plus d’une fois. Une belle réussite que l’on ne peut que recommander chaudement.
Le site de Cantoría
Stéphane Guy
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