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09/17/2022
« Un Bestiaire Fabuleux »
Musiques de Jean‑Baptiste de Bousset, Louis de Caix d’Hervelois, François Campion, Nicolas Chédeville, François Couperin, Jean‑Baptiste Dutartre, Jacques Hotteterre et Marin Marais

Romain Falik (guitare baroque, théorbe), Faenza : Sarah Lefeuvre (chant, flûtes), Olga Pitarch (chant), Françoise Enock (basse de viole, colascione), Hermine Martin (flûtes, musette), Ayumi Nakagawa (clavecin, ottavino), Nicolas Rosenfeld (basson et flûte), Marco Horvat (chant, archiluth, guitare baroque, vièle, direction)
Enregistré au théâtre du château de Valençay (juin 2021) – 59’35
Hortus 212 – Livret de 35 pages (en français)


Sélectionné par la rédaction





Fondé et dirigé par Marco Horvat, musicien aux multiples talents (violiste, théorbiste, magnifique chanteur), l’ensemble Faenza se produit aussi bien dans les campagnes que sur les grandes scènes internationales. Il donne à entendre aussi bien les musiques que l’on pourrait qualifier d’exigeantes pour l’auditeur que les répertoire plus grand public, comme c’est le cas ici, avec un bestiaire qui porte bien son titre. Originale, légère et ludique, cette découverte animalière nous emmène loin de la langue parfois un peu alambiquée de La Fontaine ou des poètes du XVIIe siècle pour nous offrir la splendeur du rythme et l’ingéniosité des instrumentations.


Commençons par l’objet. L’image de la couverture illustre parfaitement ce bestiaire. Au premier coup d’œil, nous sommes dans le beau, le fabuleux, le divertissement, et l’élégance. Le livret est bien fait, un seul regret : que le sommaire soit à la fin. L’introduction de Marco Horvat est aussi distrayante qu’instructive sur la démarche artistique de la construction du programme. L’apport de Patrick Dandrey, professeur émérite à la Sorbonne et président des Amis de Jean de La Fontaine, vient éclairer sur l’humeur et l’esprit de ces textes, souvent nébuleux pour le néophyte.


Le disque commence par la fable Les Grenouilles qui demandent un roi. Petit bijou d’énergie et d’entrain, et d’humour. Ne vous attendez pas à retrouver exactement les fables de La Fontaine, les textes sont des remaniements contemporains de la musique, parfois plus proche des fables d’Esope, mais qui permettent de se plonger dans les fabuleuses histoires de ces animaux incongrus. Le mélange des langues (certaines histoires sont en italien), des tempi, des atmosphères, fait que l’oreille n’a pas le temps de s’habituer et de décrocher.


Les arrangements sont très ingénieux, comme pour L’Aigle et la Tortue, qui commence avec le chant (dessus et basses) et l’accompagnement en bourdon (ou muzette), qui part ensuite en canon avec la basse chantante, puis un autre canon avec une voix de dessus, pour revenir en échos se répondant. Le tempo, lui aussi, suit les déboires de cette tortue qui souhaite apprendre à voler.


Les quelques pièces sorties du Manuscrit Boerez (du nom de son propriétaire) sont tout à fait bienvenues, et ont été sélectionnées judicieusement. Le Pourquoi, doux Rossignol et le Non, je ne croirai pas apportent une très jolie touche de mélancolie qui vient apaiser et reposer l’auditeur avant de l’inviter à danser La Petite Passacaille de Marin Marais ou la brunette L’Amant le plus fidèle. Ces pièces créent un lien de douceur avec ce qui les précède et ce qui les suit, et viennent changer du registre ironique, ridicule, drôle en somme, dans lequel les animaux sont pris, comme autant de caricatures des travers humains.


Les airs Dans ton léger Badinage et d’Enchanté du beau feu ramènent un peu de virtuosité et donnent à entendre un air de cour proche du style de Rameau. Quant à Hanneton, vole !, il se situe dans la droite ligne des brunettes légères et sans enjeux autres que le plaisir simple de la vocalise à deux voix.


On peut regretter par moment le mixage qui est un peu mat, comme pour Enchanté du beau feu, qui aurait mérité que la basse de viole ait un peu plus de profondeur, ce qui est flagrant dans la pièce La Sauterelle. Mais cela est vraiment anecdotique en comparaison du plaisir de l’écoute et de la découverte de cette musique fraîche et légère. Les variations des accompagnements tantôt des basses en bourdon au théorbe, ou à la vièle, parfois un ostinato aux castagnettes, confèrent à cet enregistrement un charme incomparable.


La Fourmi et La Sauterelle vient clore très plaisamment cet album à avoir absolument pour découvrir ce répertoire d’airs sérieux et à boire, ponctué de pièces instrumentales bien choisies. Et si l’on est un mélomane féru de musique ancienne, ce disque changera des couleurs habituelles et apportera une touche d’originalité et une bonne accroche pour initier les enfants. On ne s’ennuie pas une seule seconde, c’est un répertoire dont on peut considérer qu’il est trop peu exploité et trop peu enregistré alors qu’il permet énormément de fantaisies et de liberté aux musiciens.


On pourra enrichir ou compléter ce répertoire des fables mise en musique par l’enregistrement de l’ensemble Almazis, plus ancien, mais tout aussi rafraîchissant. Beaucoup de fables communes, mais des couleurs bien différentes.


Le site de l’ensemble Faenza


Apolline Croche

 

 

 

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