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07/03/2022
« Il Mondo al rovescio »
Antonio Vivaldi : Concertos en ré majeur « Per la Solennità di S. Lorenzo », RV 562, en ut majeur « Per la Solennità di S. Lorenzo », RV 556, en fa majeur, RV 571, et en fa majeur « Il Proteo ò sia Il Mondo al rovescio », RV 572 – Concerto pour flûte en mi mineur, RV 432 – Concerto pour violon et hautbois en sol mineur, RV 576 – Concerto pour violon en la majeur, RV 344 – Concerto pour deux hautbois en la mineur, RV 536

Gli Incogniti, Amandine Beyer (violon solo et direction)
Enregistré à l’auditorium du théâtre Espai Ter de Torroella de Montgri, Espagne (avril 2021) – 76’34
Harmonia Mundi HMM 902688 – Notice (en français, anglais et allemand) d’Olivier Fourès


Must de ConcertoNet





Lorsqu’on évoque l’ensemble Gli Incogniti, on est généralement habitué à entendre quelques cordes sous la houlette d’Amandine Beyer, soutenues par un clavecin ; en l’espèce, c’est à un orchestre conséquent que nous avons à faire de presque vingt‑cinq musiciens requérant cordes mais aussi cors, timbales, hautbois, clarinettes... Mais il faut bien ça pour interpréter certains des concerti con molti istromenti composés par Antonio Vivaldi (1678-1741) !


Faut‑il pour autant voir dans ces concertos des « précurseurs de la symphonie » comme l’écrit Olivier Fourès dans la très intéressante notice d’accompagnement ? C’est peut‑être aller un peu vite en besogne car si l’on quitte certes le modèle classique du concerto au sens où un seul soliste dialogue avec un orchestre, la forme ce ces concertos demeure cantonnée à trois mouvements, les dimensions restent modestes (même si les trois mouvements du Concerto RV 562 atteignent presque le quart d’heure, soit plus du double que ne dure le Concerto pour deux hautbois RV 536), les développements restent assez « standards » par rapport à la multitude de concertos composés par le Prêtre roux.


Mais ce qui est certain, c’est que Vivaldi profite de ces compositions pour faire appel à une multitude d’instruments qui dépassent de fait la classique opposition entre soliste unique et orchestre. Et pour quel résultat ! Le Concerto « Per la Solennità di S. Lorenzo » RV 562, dont on ne connaît guère les circonstances de la composition (dans l’ouvrage de Sylvie Mamy que nous avons fréquemment cité dans ces colonnes, publié chez Fayard, les éléments relatifs à ce concerto sont rares et hasardeux surtout lorsqu’on souhaite comparer cette œuvre au Concerto « Per la Solennità di S. Lorenzo » RV 562a qui en est la copie conforme mais qui apparaît pourtant dans les compositions de Vivaldi vingt ans plus tard que le précédent...), est formidable. Dans la réjouissante tonalité de  majeur, la verve et la profusion instrumentale de ce concerto (superbes cors naturels tenus par Théo Suchanek et Cyril Vittecoq) font merveille, rehaussés par les solos d’Amandine Beyer (que l’on peut apprécier comme soliste en plusieurs occasions sur ce disque, notamment dans les Allegro concluant les Concertos RV 344 et RV 572). Peut‑être peut‑on avouer une légère préférence encore pour la version du Concerto RV 562a cette fois‑ci par le Combattimento Consort Amsterdam (Challenge Classics, novembre 2001) mais la présente version est magnifique !


Et c’est d’ailleurs le cas pour l’ensemble de ce disque. Les concertos faisant appel à de nombreux et divers instruments distillent une joie et une énergie incroyables à l’instar du premier mouvement du Concerto RV 571 (une des nombreuses compositions de Vivaldi à évoquer le thème de la chasse, comme les Concertos RV 97 ou RV 538 entre autres) ou du troisième mouvement du même (mouvement à trois temps superbement marqués, les vents et les cordes y étant parfaits). Les concertos plus classiques, qui font appel à un effectif « solistique » plus modeste (un ou deux instruments, deux groupes de deux instruments le cas échéant), bénéficient également là d’une interprétation des plus convaincantes. Que l’on écoute les clarinettes (excellents Roberta Cristini et Renaud Guy‑Rousseau) dans le Concerto RV 556 (une composition des plus originales, divisée en deux chœurs et requérant donc deux claren, ces clarinettes dont on sait que Vivaldi fut un des premiers utilisateurs de renom), l’improvisation de la flûte dans le mouvement lent du Concerto RV 556 (dont l’introduction orchestrale du premier mouvement n’est pas sans rappeler celle du premier mouvement du Concerto pour basson RV 484), la virtuosité du hautbois et du violon soutenus par le jeu toujours aussi recherché d’Anna Fontana au clavecin dans le mouvement conclusif du Concerto RV 572, l’auditeur est transporté de bout en bout.


Car ce ne sont pas seulement les jeux parfois étonnants de la partition qui séduisent mais bien cette alchimie entre des musiciens au sommet de leur art pour servir une musique que l’on ne cesse de redécouvrir. Pour tout amoureux de Vivaldi et, plus largement, de la musique baroque, voici un disque à acquérir les yeux fermés et dont le maître‑mot n’est autre que : réjouissance !


Le site d’Amandine Beyer
Le site de l’ensemble Gli Incogniti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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