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07/05/2020
Carl Nielsen : Symphonies n° 1 en sol mineur, opus 7, FS 16, et n° 2 «De fire Temperamenter», opus 16, FS 29
Seattle Symphony Orchestra, Thomas Dausgaard (direction)
Enregistré en public à la salle Benaroya de Seattle (4, 6 et 7 avril 2019 [*], 30 janvier et 1er février 2020) – 63’05
Seattle Symphony Media SSM1024 – Notice (en anglais) de Thomas Dausgaard


Sélectionné par la rédaction





Directeur musical de l’Orchestre symphonique de Seattle, Thomas Dausgaard reste le chef principal de l’Orchestre symphonique écossais de la BBC tout en maintenant ses relations avec l’Orchestre national danois, l’Orchestre de Toscane et l’Orchestre de chambre suédois, mais c’est à la tête de la phalange américaine qu’il est en voie de compléter son intégrale des six Symphonies de Carl Nielsen (1865-1931), dont il défend l’œuvre depuis ses débuts sur l’estrade. Enregistré en public, comme le premier volet, paru en 2017 qui présente les deux symphonies médianes, la Sinfonia espansiva et L’Inextinguible, ce deuxième volet propose la Première Symphonie (1891-1892) et la Deuxième «Les Quatre Tempéraments» (1901-1902) peut-être moins universellement connues. Dausgaard enflamme ses musiciens et leur prestation permet de saisir toute l’originalité et le grand intérêt musical des débuts symphoniques d’un grand compositeur nordique, né la même année que Sibelius et, comme lui, longtemps méconnu en France.


Classiquement en quatre mouvements, la Première Symphonie est un «coup d’essai» magistral de la part d’un jeune compositeur qui participait modestement à la création de son œuvre au pupitre des seconds violons de l’Orchestre royal suédois sous la direction de Johan Svendsen. La composition se ressent encore de l’influence des aînés, si ce n’est tout simplement qu’elle s’expose à l’air du temps, car la Quatrième de Brahms la précède de sept ans à peine et Dvorák n’achevait la Symphonie «Du nouveau monde» qu’un an plus tard. L’originalité de la composition tient en la progression organique des idées mélodiques et dans le jeu de modulations adroit qui en fait une des premières partitions à terminer dans une tonalité autre que celle dans laquelle elle a débuté. Son attrait vient de la ferveur et de la fluidité dynamique du propos que les musiciens de Seattle restituent dans une interprétation ample et intense, attentifs à la direction de Dausgaard qui en souligne le grand souffle et les traits innovants, destinés à croître et embellir par la suite.


Un tableau quadripartite, inspira la Deuxième Symphonie, non par ce qui y était représenté mais par son concept. Chaque partie du tableau contenait le portrait d’un homme caractérisé par le trait dominant de sa personnalité. Les indications de Nielsen pour chaque mouvement de la symphonie correspondent à ces «quatre tempéraments»: Allegro collerico; Allegro comodo e flemmatico; Andante malincolico; Allegro sanguineo. Nielsen, l’humaniste, y trouve son élan initial mais compose selon les exigences classiques de l’écriture symphonique, toujours avec une pointe de hardiesse et de renouveau. Si personnages on imagine, ce ne sont pas des monolithes d’une seule couleur. Nielsen en montre toutes les différentes facettes, les éclats, les doutes, les hésitations et les mises en question. Les textures chromatiques vont de riches tutti à un instrument seul. Les couleurs éclatent ou se diffusent, en demi-teinte ou s’illuminent en quelques heureuses transparences. Lisses ou syncopés, les rythmes se marquent, dansent, balancent ou se perçoivent à peine. A trois reprises, le flux s’arrête pour repartir après un bref silence sous un ciel tout autre, et c’est tout à fait frappant en particulier au quatrième mouvement quand une rupture soudaine met brusquement fin à un emportement joyeusement optimiste pour lancer en douceur de longs et mystérieux appels interrogatifs aux cordes avant l’exubérance de la coda. Dausgaard soigne les complexités de couleur, de timbre, d’humeur et de climat de l’œuvre, sa touche tout particulièrement sensible lors des deux mouvements centraux: le deuxième, un peu lisse selon les versions, danse sous sa direction, léger et souriant, et, comme il se doit, la mélancolie entre calme et détresse du beau troisième effleure par moments une souffrance aiguë.


Les intégrales des Symphonies de Nielsen ne sont plus si rares mais force est de constater que, pour l’instant, elles sont toutes sous la direction de chefs nordiques ou du nord depuis Paavo Berglund (RCA, 1987-1989) jusqu’à John Storgårds (Chandos, 2012-2015), avec, parmi d’autres où le chef est à la tête d’un même orchestre, celles de Herbert Blomstedt (Decca, 1987-1990) et Michael Schønwandt (Dacapo, 1999-2000) et plus récemment celles de Paavo Järvi (RCA, 2009-2013), Colin Davis (LSO Live 2009-2011), Osmo Vänskä (BIS, 2010-2011) et Sakari Oramo (BIS, 2013-2014). La future intégrale de Dausgaard ne pâlit pas pour l’instant devant celles de ses précurseurs. S’il la mène à bien, elle est en voie de devenir une version de référence, d’autant plus que la prise de son dans la salle Benaroya à Seattle est à la hauteur de sa bonne renommée.


Le site de Thomas Dausgaard
Le site de l’Orchestre symphonique de Seattle


Christine Labroche

 

 

 

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