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04/27/2020
«Choral Music»
William Mathias : A Babe is Born, opus 55 [1] – Jesus College Canticles, opus 53 [2] – Learsongs [3] – Y nefoedd sydd yn datgan gogoniant Duw [4] – Ave verum corpus [5] – Riddles [6] – A May Magnificat, opus 79 n° 2 [7]

David Ellis (cloches [6], carillon [7]), Glen Dempsey [3], Aïda Lahlou [3], Marie-Noëlle Kendall [6] (piano), Hugh Crook [1, 4], Shanna Hart [2, 5] (orgue), St John’s Voices, The Gentlemen of St John’s [6], Graham Walker (direction)
Enregistré en la chapelle de St John’s College, Cambridge (22-24 mars 2019) – 71’52
Naxos 8.574162 – Notice (en anglais) de Paul Conway


Sélectionné par la rédaction





C’est vers le compositeur gallois William Mathias (1934-1992) que se tournent Graham Walker et les St John’s Voices pour leur tout premier enregistrement ensemble. Pour la mise en valeur de leur talent, c’est un choix judicieux, une pointe d’audace venant de la présence au programme de deux œuvres rarement à l’affiche et jamais encore enregistrées: Riddles (1987) et Learsongs (1988). Ils les enlèvent avec panache, la dernière avec le concours des Gentlemen of St John’s, sextuor de voix d’hommes. Transcendées par le génie choral de Mathias, la beauté de leur chant et la précision expressive de la direction sur l’ensemble de leur riche programme ne peuvent que séduire et convaincre.


Les compositeurs britanniques alimentent la solide tradition chorale qui existe outre-Manche et William Mathias, gallois de surcroît, y consacre un tiers de son généreux catalogue. Les pièces retenues relèvent pour la plupart de la musique sacrée. La joie irradie du chant de Noël A Babe is born (1971), faisant sonner à merveille les harmonies très particulières du compositeur qui part ici d’une gamme modale, mais ailleurs tout aussi bien de l’octotonique que d’un mode issu de la thématique en cours. Selon son habitude, Mathias accorde son effectif vocal au sens du texte (soli, registres, divisions, tutti) et l’antienne triomphale en latin à la fin de chaque couplet tire son bel éclat de l’ensemble des quatre pupitres divisés. L’orgue ponctue le chant, alors qu’il accompagne comme un cinquième pupitre le bouleversant motet Ave verum corpus (1992) composé en arche entre mystère et splendeur, les St John’s Voices à leur plus pur et à leur plus touchant. Ils réussissent, au demeurant, encore mieux que les chœurs de St Albans (Naxos, 2015) les unissons et les frottements harmoniques des Magnificat and Nunc dimittis (1970), commande du Jesus College, Cambridge, qui en assura la création, ce qui explique le titre alternatif Jesus College Canticles. L’imposante prestation de Shanna Hart à l’orgue ajoute au faste.


L’ambitieux chant marial A May Magnificat (1978) s’interprète a cappella hormis de brèves interventions printanières du carillon. C’est une admirable mise en valeur chorale du poème de Gerard Manley Hopkins (1844-1889) et des célèbres versets en latin de l’Evangile selon Luc (1:46-50), belle, subtile et illuminée de joie, les deux chœurs antiphonaires aux harmonies subtiles contribuant à son heureuse complexité. La touche galloise vient du psaume XIX, Y nefoedd sydd yn datgan gogoniant Duw (1988), «Les cieux racontent la gloire de Dieu», élevé en chant extatique de réjouissance par le compositeur, l’orgue de Hugh Cook au diapason du chœur. En contraste total vient le mystérieux passage central tout en un effroi retenu, appuyé par d’émouvants solos successifs de baryton, de ténor, d’alto et de soprano.


Le piano accompagne les deux pièces profanes, un pour les Riddles, deux pour la gaîté effrénée des Learsongs. Edward Lear (1812-1888) était, entre autres talents, un poète très sérieusement fantaisiste. Inspiré par son langage savoureusement inventif et par ses récits fantasques, Mathias met en musique, pour soprani, alti et duo de piano, dans un style ludique et un peu jazz, cinq de ses célèbres Nonsense Songs, trois d’une vitalité sémillante en alternance avec deux d’humeur plus doucement mélancolique. Le duo de piano, brillant, installe les climats et évoque les protagonistes, leur manière d’être et leur démarche. La composition chorale met en relief les rythmes et les intonations propres au texte, les thèmes mélodiques accentuant les rimes et les assonances. Grâce à l’excellente diction des interprètes, leur musicalité et leur sens du phrasé, c’est un délice.


L’effectif diffère mais c'est avec les mêmes qualités d’écriture que Mathias aborde Riddles, énigmes poétiques écrites en vieil anglais du Xe siècle. Sur la petite centaine que contient le codaex de la cathédrale d’Exeter, il en sélectionne sept, traduits en anglais moderne, et les fait précéder et suivre d’un refrain de sa main. Le sextuor, divisé ou en close harmony, pose les énigmes, le chœur enthousiaste essaie de les résoudre, piano et jeu de cloches les accompagnent. La musique de Mathias souffle des possibilités de réponse mais reste aussi belle, mystérieuse, dramatique et ambiguë que le texte de ces poèmes intrigants qui sonnent si bien. Le tutti du refrain, énergique et enjoué, sert de repoussoir à l’élégance des couplets aux riches textures à six strates mêlées, ou émaillées des six voix solistes des admirables Gentlemen of St John’s.


Chef de chœur recherché, Graham Walker, choriste, violoncelliste et chef d’orchestre, exerce actuellement à Cambridge les fonctions de directeur musical du Magdalene College et de chef de deux chœurs mixtes, dont les St John’s Voices fondé en 2013 à St John’s College. Il dirige avec une souplesse rigoureuse tout aussi nécessaire à la fantaisie qu’au sacré. La prestation, concertée, concentrée et souvent réjouissante, bénéficie d’une prise de son aérée d’une belle présence qui rend justice en particulier au vif-argent des chœurs. C’est une réussite.


Le site des St John’s Voices
Le site des Gentlemen of St John’s


Christine Labroche

 

 

 

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