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12/14/2019
Antonio Vivaldi: Farnace, RV 711: «Gelido in ogni vena» – Juditha triumphans, RV 644: «Armatae face et anguibus» & «Veni, veni me sequere fida» – Concerto pour basson en sol mineur, RV 495 – Nisi Dominus, RV 608: «Cum dederit» – Concerto pour violoncelle en sol mineur, RV 416 – Il Giustino, RV 717: «Vedrò con mio diletto» – Concerto pour luth en ré majeur, RV 93 – L’Olimpiade, RV 725: «Mentre dormi, Amor fomenti» – Griselda, RV 718: «Agitata da due venti»
Lea Desandre (mezzo-soprano), Ensemble Jupiter, Thomas Dunford (luth et direction)
Enregistré au théâtre d’Arras (novembre 2018) – 78’07
Alpha 550 (distribué par Outhere) – Notice (en français, anglais et allemand) d’Erik Orsenna





Comment ne pas avoir entendu parler de l’Ensemble Jupiter qui, ces dernières semaines, a bénéficié d’une exposition médiatique assez rare pour un ensemble baroque, qui plus est lorsqu’il n’en est qu’à ses débuts? C’est donc un peu dans cette veine que s’inscrit ce premier disque, concomitant à plusieurs concerts qui ont permis d’entendre un programme quasiment identique (voir ici), où une notice assez lénifiante d’Erik Orsenna (qui a rencontré Thomas Dunford et Lea Desandre lors d’une édition des Jardins de Thiré organisée il y a un peu plus de deux ans chez William Christie) appelle ensuite l’écoute d’un paysage ô combien balisé chez un compositeur assez idéal pour attirer le grand public, à savoir Antonio Vivaldi.


Pas de grand risque donc à donner ces célébrissimes extraits de Juditha triumphans ou ce pont-aux-ânes du répertoire baroque qu’est le virevoltant «Agitata due venti» tiré de La Griselda. On n’en boudera pas pour autant notre plaisir. Qu’il s’agisse de sa puissance évocatrice dans l’air de Farnace, de ses aigus rageurs dans l’air «Armatae face et angibus» (Juditha triumphans) ou de l’émotion à fleur de peau qui innerve l’air de Giustino, Lea Desandre impose une personnalité de premier plan et un chant dont la technique et l’intelligence n’appellent que des éloges. Si elle convainc moins dans l’extrait du Nisi Dominus, c’est moins en raison de sa prestation personnelle qu’en raison de la concurrence, Andreas Scholl étant ici irremplaçable par la longueur du souffle et une noirceur que la jeune mezzo peine à transmettre ici (on se reportera donc à l’indispensable enregistrement du haute-contre allemand chez Decca). De même, le second air de Juditha triumphans nous aura semblé un peu lisse en dépit d’un très bon accompagnement orchestral (même si la présence de l’orgue est quelque peu envahissante au début) au sein duquel on remarquera, bien entendu, le chalumeau de Roberta Cristini.


Côté orchestre justement, l’impression globale est là aussi fort bonne mais, même si l’on peut comprendre l’envie de Thomas Dunford de se mettre un peu en valeur, pourquoi avoir choisi sans doute un des plus célèbres concertos pour luth de Vivaldi alors que d’autres choix, certes pour d’autres solistes, auraient été possibles? Thomas Dunford n’en prouve pas moins, une fois encore, qu’il est actuellement un virtuose de son instrument et que la délicatesse de son doigté (le deuxième mouvement!) est superlative. Mais c’est sans doute, paradoxe du disque par rapport au concert que nous avons entendu à la Ssalle Gaveau, le concerto pour basson qui est ici véritablement exceptionnel. Si Peter Whelan fait preuve d’une verve, d’une imagination mais aussi d’une liberté (qui nous avait quelque peu manquée au concert) à toute épreuve, que de détails orchestraux également qui complètent ce petit bijou! Notons surtout le clavecin de Jean Rondeau qui nous offre quelques ornementations (à 0’22 ou à 2’42 dans l’Allegro) dont la brièveté n’enlève rien à leur caractère désormais essentiel: comment écouter dorénavant ce concerto sans ces traits extrêmement brefs (quelques secondes à peine), mais qui font qu’une interprétation vous reste ensuite définitivement en mémoire? Dans le Concerto pour violoncelle RV 416, Bruno Philippe atteint également des sommets mais comment oublier le concert où il était allé encore plus haut, son interprétation ayant été à marquer d’une pierre blanche: ce qui fut fabuleux au concert n’est que superbe ici.


Un très bon disque donc, mais avouons que l’on attendait davantage de l’Ensemble Jupiter: sa jeunesse appelle davantage d’audace et on a hâte de le voir sortir des sentiers battus afin de l’entendre prendre davantage de risques. Nul doute que, compte tenu des tempéraments bouillonnants qui foisonnent dans l’équipe, le prochain disque répondra à nos souhaits!


Le site de l’ensemble Jupiter


Sébastien Gauthier

 

 

 

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