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11/10/2019
Ludwig van Beethoven: Les trente-deux Sonates pour piano
Igor Levit (piano)
Enregistré à Berlin (2-5 janvier et 3-5 février 2013 [28 à 32]), Neumarkt in der Oberpfalz (13-17 novembre 2017 [1, 10, 12, 21, 25], 19-23 février [4, 9, 19, 20, 24, 26], 20-23 juin [5, 17, 22, 23] et 18-19 novembre [7] 2018) et Hanovre (13-16 [2, 3, 8] et 20-22 [6, 14, 15, 27] décembre 2018, 10-13 janvier 2019 [11, 13, 16, 18]) – 606’13
Coffret de neuf disques Sony Classical 190758431826


Sélectionné par la rédaction





Igor Levit (né en 1987), qui avait enregistré les cinq dernières sonates à Berlin début 2013, est retourné dans les studios à Neumarkt puis Hanovre entre novembre 2017 et janvier 2019 pour constituer une intégrale dont les neuf disques suivent tout simplement l’ordre de numérotation des œuvres. Cette somme paraît en un automne où s’accumulent déjà nouveautés et rééditions destinées à marquer les deux cent cinquante ans de la naissance de Beethoven: nul doute, cependant, que toutes ces publications, revenant une fois de plus sur des œuvres pour lesquelles abondent les versions «définitives», ne s’imposeront pas avec autant d’éclat que celle-ci.


Car la difficulté, dans un tel répertoire, est double. Elle consiste d’abord à essayer de faire entendre une voix personnelle. De fait, dans la partie de la notice (en allemand et en anglais) consacrée à un entretien avec Anselm Cybinski et intitulée «Du devoir de dire je», le pianiste revendique explicitement cette originalité comme un élément central de son approche: «Je suis celui qui éveille la musique à une vie sonore. A mes yeux, dire "je" n’est ni répréhensible ni faire acte d’autorité à l’égard du compositeur. Non, dire "je" est la condition d’un dialogue ouvert entre deux êtres humains, pour communiquer avec le public.»


Plus difficile encore: cette originalité doit éviter de nombreux écueils et impasses – extravagance, provocation, superficialité... Or Levit parvient le plus souvent à dire «je» sans pour autant que ce «moi» soit haïssable. On le voit dans la manière de s’approprier des «tubes» tels que la Huitième «Pathétique» et la Dix-septième «La Tempête», ménageant d’opportuns effets de surprise, offrant de nouveaux éclairages et produisant des sonorités inouïes. Il fait preuve en outre d’un sens du mouvement éminemment beethovénien, rendant justice à cette manière si typique du compositeur d’aller droit au but.


Son approche ne saurait pour autant être qualifiée d’intellectuelle, tant le plaisir de jouer y est omniprésent, mettant en valeur les contrastes, montrant une avidité à se jeter sur le clavier pour se saisir de la matière et virevoltant dans des facéties et espiègleries encore haydniennes (Dixième). Volontiers mordant et jubilatoire (Allegro molto et con brio de la Quatrième), il réussit également dans les demi-teintes (Andante de la Quinzième «Pastorale») et, bien sûr, ne néglige pas la face plus sombre (ainsi du Largo et mesto de la Septième). Les moyens techniques, cela va sans dire, sont à la hauteur des ambitions conceptuelles et digitales: variété du toucher, virtuosité infaillible, puissance maîtrisée.


Dans le lot, forcément – quelle intégrale, du juvénile Opus 2 à l’ultime Opus 111, pourrait prétendre être parfaite? –, la tension ou l’intérêt paraît parfois retomber un peu (Vingt-troisième «Appassionata», Vingt-huitième, Vingt-neuvième «Hammerklavier»). Mais à 32 ans, Levit aura bien évidemment l’occasion d’y revenir...


Le site d’Igor Levit


Simon Corley

 

 

 

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