About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

11/01/2019
Denis Raisin Dadre : Leonardo da Vinci, la musique secrète
Livre-disque (en français, anglais et allemand) Alpha 456 (distribué par Outhere): un livre (127 pages) et un disque (78’05)





Même s’il fut un génie universel, on n’associe pas ou, du moins, pas spontanément Léonard de Vinci à la musique. Force est de constater que, par exemple, la musique ne figure guère sur ses toiles. Hormis le Portrait de musicien (vers 1485), conservé à la Pinacothèque ambrosienne de Milan (qui représente peut-être Franchini Gaffurio, maître de chapelle à Milan dans les années 1480), et un dessin conservé au British Museum de Londres où l’on devine un joueur de trompette, on ne connaît pas beaucoup d’autres représentations de musiciens ou d’instruments de musique par le maître. Pourtant, Léonard fut lui-même un praticien. Là aussi, des témoignages iconographiques (un dessin assez célèbre de Marcantonio Raimondi conservé au Museum of Art de Cleveland nous montre Léonard jouant de la lira da braccio) attestent ce talent, un parmi tant d’autres, Léonard étant passé pour un remarquable improvisateur à la lyre notamment, lui qui inventa cet instrument si incroyable qu’on appelle la viola organista dont les sonorités mêlent paraît-il celles de la viole de gambe, de l’orgue et du clavecin...


A l’heure où vient de s’ouvrir l’immense exposition consacrée à Léonard de Vinci au musée du Louvre, le livre-disque de Denis Raisin Dadre se lit à point nommé pourrait-on se dire. Voire... Car la démarche, originale sans aucun doute (on part ici d’un tableau et on se demande quelle musique de l’époque cette toile peut nous inspirer alors que, fréquemment – souvenons-nous de l’émission d’Alain Duault L’œil écoute jadis diffusée sur France 3! – c’est plutôt la musique qui nous inspire des images et nous conduit vers une peinture), ne convainc pas toujours. Le paysage musical auquel nous sommes ici conviés manque à notre sens de cohérence, le lien (les dix toiles de Vinci) n’étant pas suffisant pour assurer un panorama logique et continu dans la musique de l’époque. Certes, choisir deux Ave Maria de Petrucci et Marchetto Cara en regard de L’Annonciation permet d’illustrer la célébration de la Vierge tout autant que la douceur qui émane de l’Archange Gabriel mais l’originalité n’est pas au rendez-vous... Soulignons néanmoins la pureté de la voix de Clara Coutouly et la très belle flûte de Denis Raisin Dadre dans la Vergine immaculata du même Cara. Les cinq voix sont réunies pour célébrer ensuite, au son de Josquin des Prés (Desprez), le Portrait de musicien auquel nous faisions allusion au début de cet article, avant que les seuls instruments ne prennent la suite dans une très belle Basse danse Vénus en regard de La Belle Ferronnière, du nom du fin ruban ceignant le front de Lucrezia Crivelli, maîtresse de Ludovic le More. Mais le très chantant Bel fiore de Domenico da Piacenza n’aurait-il pas aussi bien convenu aux côtés du Portrait de musicien que de cette superbe Vierge aux rochers? Outre le côté subjectif, que l’on admet bien entendu mais qui ne nous semble pas toujours assez idiomatique, on peut également regretter que les musiciens choisis offrent un paysage assez uniforme. Pourquoi ne pas avoir par exemple une Frottola de Petrucci ou d’Aquilano (reportez-vous pour ce faire au disque, malheureusement non réédité de Paul Van Nevel «La Favola di Orfeo» chez Seon) ou une villanelle de Leonardo dell’Arpa? Le répertoire ne manque pas et, même si l’on frémit d’aise en écoutant la voix enjôleuse de Clara Coutouly dans le très allant Non val’ acqua de Trombocino, avouons que quelques extraits purement instrumentaux auraient sans doute permis de profiter davantage de l’éventail existant à l’époque; ils auraient donc été les bienvenus.


Si ce livre-disque (magnifiquement réalisé une fois encore grâce à des illustrations de toute beauté et une notice des plus soignées) reste à notre sens à mi-chemin de l’objectif initial, nul doute néanmoins qu’il surpasse les sorties actuelles voguant sur la thématique «léonardienne» telles que The Da Vinci Sound (Warner) ou Leonardo, shaping the invisible (Coro), deux albums illustrés par le célèbre Salvator Mundi dont la paternité à Léonard de Vinci est d’ailleurs sujette à caution...


Le site de l’ensemble Doulce Mémoire


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com