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10/07/2019
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Robin Ticciati (direction)
Enregistré à la Philharmonie de Berlin (10-12 février 2018) – 51’30
Linn Records CKD 620 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais et en allemand) de Benedikt von Bernstorff





Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur
Altomonte Orchester St. Florian, Rémy Ballot (direction)
Enregistré en public à la Stiftsbasilika de Saint-Florian (17 août 2018) – 73’15
Gramola 99189 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Laczika





Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie am Gasteig, Munich (13 et 17 janvier 2014) – 57’10
BR-Klassik 900173 – Notice (en anglais et en allemand) de Jörg Handstein



Anton Bruckner, encore et toujours, ne cesse de susciter concerts et disques à l’instar de ces trois nouvelles gravures qui donnent la primeur au chef le plus expérimenté, les chemins pour parvenir au faîte de cette musique n’étant pas forcément les plus spectaculaires ou les plus originaux...


La Sixième par Robin Ticciati se veut à l’image (au sens propre si l’on se réfère aux photos illustrant la jaquette d’accompagnement du disque) du jeune chef: ébouriffante! On pourrait y percevoir une vraie justesse de propos, Bruckner ayant lui-même qualifié cette symphonie d’«effrontée»: là où le bât blesse, c’est que l’on reste ici totalement à la surface des choses et que l’on ne trouve jamais tout ce qui fait le charme et, osons le mot, la saveur de ce qui rend Bruckner si intéressant. Première observation, Ticciati est rapide! Plus rapide que Jansons, qui avait pourtant adopté un tempo très allant avec Amsterdam (53’11) ou Jochum (55’07 avec l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise ou 55’45 avec Dresde), plus rapide que Haitink (57’01 si l’on prend son enregistrement dresdois) ou Karajan (57’36) sans parler de Celibidache qui, avec Munich, dépasse allégrement l’heure (63’49)! Le premier mouvement est sans doute le plus atypique en l’espèce, la vitesse choisie par le chef conduisant, et ce sera la deuxième observation, à ce que certaines progressions ne soient guère convaincantes (de 3’40 à 4’ par exemple). La partition perd de fait la grandeur inhérente à certains passages (à 7’35), certaines dynamiques étant par ailleurs assez étranges sans que l’on sache d’ailleurs à qui incombe la responsabilité (chef ou placement des micros?). L’Adagio - Sehr feierlich est plus convaincant, notamment grâce au superbe passage nimbé de couleurs mahlériennes à 4’30, mais on est bien loin du désespoir incroyable que certains chefs (revenons notamment au miracle livré par Mariss Jansons en concert avec Amsterdam!) savaient y mettre. Le troisième mouvement retrouve la rapidité initiale (notamment le Trio, véritablement mené tambour battant alors qu’il est pourtant marqué Langsam dans la partition!) avant que Ticciati et son excellent orchestre ne nous conduisent dans un dernier mouvement plus classique.


Rémy Ballot et son Orchestre Altomonte de Saint-Florian poursuivent pas à pas leur intégrale, toujours captée au fil de concerts enregistrés en l’église de Saint-Florian, somptueux édifice baroque où Bruckner était lui-même organiste. Alors que nous n’avons pas toujours été séduit par ses précédents enregistrements (qu’il s’agisse de la Huitième, de la Neuvième ou de la Sixième symphonie), certaines gravures méritaient en revanche une oreille attentive à l’instar d’une très belle Troisième. Avouons que, avec ce premier mouvement de la célèbre Septième Symphonie, Rémy Ballot partait là encore sur une très bonne note: bel orchestre, tempo adéquat, équilibre entre les pupitres plus que convaincant... Or, assez rapidement si l’on ose dire, l’allure ralentit et le discours s’alanguit franchement. Les cordes distillent çà et là quelques notes un peu aigres (l’Orchestre Altomonte n’a certes jamais prétendu se situer au niveau des plus grandes phalanges), plusieurs instruments bénéficient d’un éclairage un peu étrange (la flûte à partir de 15’16) mais, surtout, le discours finit par tourner à vide: on ne sait plus très bien si Rémy Ballot opte pour un simple contentement sonore ou s’il souhaite exprimer tous les détails de la partition, mais sans veiller à la cohérence d’ensemble qui fait la marque des symphonies de Bruckner. Après que le premier mouvement s’est terminé de façon on ne peut plus caricaturale (à partir de 20’18), voici venir l’Adagio, à notre sens le plus beau mouvement de la symphonie. Or, là aussi, en dépit d’un orchestre plus qu’honnête, certains passages étant même vraiment très beaux (entrée des cordes à 0’36), le discours s’avère plus laborieux que séduisant, la lenteur n’empêchant pas la fascination comme l’a si bien prouvé Sergiu Celibidache, le modèle de Ballot aux dires de ce dernier. Le Scherzo est très bon: sans être mené tambour battant (alors que la partition est pourtant marquée Sehr schnell), Ballot nous convainc grâce à un ostinato de belle facture, l’orchestre faisant parfaitement ressortir le caractère noir et haletant de cette pulsation qui nous prend à la gorge. Malheureusement, le dernier mouvement, trahissant de temps à autre une évidente fatigue de l’orchestre, retrouve les travers initiaux de la symphonie et sa caractérise avant tout par un côté pompeux qui finit par disqualifier cet enregistrement, la Septième bénéficiant au surplus d’une concurrence pléthorique au sein de laquelle un choix définitif demeure toujours redoutable.


Entre ses deux jeunes collègues, le vétéran Mariss Jansons établit dans la Neuvième une sorte d’équilibre idéal, même si l’interprétation ne nous convainc pas pleinement, en raison peut-être d’un caractère globalement lisse où la perfection instrumentale prend le pas sur l’émotion. Au risque de rabâcher, il faut bien reconnaître que l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise est une fois encore somptueux. Entendre notamment (car il ne faut bien sûr pas oublier les cuivres et les bois) de tels pupitres de cordes est totalement voluptueux: les violons à 4’51 dans le premier mouvement ou le pupitre de violoncelles font montre d’une plénitude et d’une cohésion remarquables. Or, avec un tel instrument qui lui permettrait sans doute d’être plus audacieux, Jansons nous donne à entendre un Feierlich, misterioso assez contemplatif voire, de temps à autre, distant, le discours avançant néanmoins inexorablement vers la magnifique coda conclusive. Le Scherzo est très bon même si le tutti suivant les pizzicati introductifs des cordes s’avère un tout petit peu lourd dans ses attaques; peu importe car la suite du mouvement nous entraîne dans un climat sombre et aride où surnage un hautbois enjôleur (les bois dans le Trio sont tout bonnement magiques). Le troisième mouvement est particulièrement réussi même si l’on ne ressent pas l’élévation quasi mystique que l’on peut percevoir chez d’autres chefs (Giulini, Bernstein ou Karajan, tous trois en concert avec Vienne pour les micros de Deutsche Grammophon). A la faveur d’un orchestre aux timbres suscitant une incroyable variété de couleurs (les cuivres à partir de 2’48), parfois presque mahlériennes comme au tout début du mouvement, Mariss Jansons dirige cet Adagio avec un art consommé des transitions, signant néanmoins un très bon disque, reflet d’un concert datant déjà de plusieurs années et dont il est évident qu’on aurait aimé y être...


Le site du l’Orchestre symphoniquee allemand de Berlin
Le site de l’Orchestre Altomonte de Saint-Florian
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise


Sébastien Gauthier

 

 

 

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