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09/04/2019
«Oratorio»
Antonio Caldara: La castità al cimento: «Numi offesi di furor» – Maddalena à piedi di Cristo: «Per il mar del pianto mio» – Santa Francesca Romana: «Miro che il fiumicello» – Il martirio di Santa Catarina: «Son gli strazi... lo spiro e volo»
Giovanni Bononcini: La conversione di Maddalena: «Cor imbelle à due nemici», «Al sibilar tremendo» & «In tepidi fiumi»
Francesco Gasparini: Atalia: «Ombre, cure, sospetti» & «Terrori d’Averno»
Nicola Antonio Porpora: Il Trionfo della Divina Giustizia: «Vanne o Sol d’eterna luce» & «Ecco già l’orrenda tromba» – Il martirio di San Giovanni: «Vanne nel vicin tempio» & «Fremer da lunge io sento»
Alessandro Scarlatti: San Casimiro rè di Polonia: «Miei spirti guerrieri» – Giuditta: «Del pianto vostro» & «Posso e voglio» – Il giardino di rose: «Mentre io godo»

Blandine Staskiewicz (mezzo-soprano), Les Accents, Thibault Noally (violon solo et direction)
Enregistré en l’église luthérienne Saint-Pierre, Paris (24-27 octobre 2017) – 68’10
Aparté AP 178 – Notice (en français et en anglais) de Thibault Noally et Olivier Rouvière


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L’oratorio est né romain. Il est intrinsèquement lié à la personnalité de Philippe Néri (1515-1595) dont la congrégation, qu’il a lui-même fondée en 1575, s’installe dans une église (la Chiesa nuova) au sein de la ville de Rome où Néri organisait des sessions musicales destinées à instruire le peuple autant qu’à le divertir, les paroles de l’Ancien Testament (qui fut la source privilégiée des oratorios) lui étant délivrées sous une forme artistique facile à suivre et aisément compréhensible par tout un chacun. Si l’oratorio nait fin XVIe et si le terme ne s’impose guère avant la seconde moitié du XVIIe, c’est surtout à la fin de ce siècle et au XVIIIe qu’il s’impose d’où le choix judicieux des compositeurs représentés dans ce disque. Comme l’explique très justement Olivier Rouvière dans l’excellente notice d’accompagnement, opéra et oratorio sont nés contemporains. Il ne faut donc guère s’attacher à la dénomination de l’œuvre, l’oratorio ne manquant pas de susciter des émotions très contrastées au point, parfois, de nous faire totalement oublier l’arrière-plan religieux: les cantates d’Alessandro Scarlatti ne sont-elles d’ailleurs pas de véritables mini-opéras?


Quel que soit le morceau (il y en a ici dix-sept dont, excusez du peu, neuf en première mondiale!), Blandine Staskiewicz fait montre d’une perfection au sein de laquelle on ne sait par quel mérite commencer. La prononciation, toujours parfaitement intelligible, se met au service du texte et de l’atmosphère requise. Verve jubilatoire dans le «Numi offesi di furor» de Caldara, lamentation à fleur de peau dans le bouleversant «Vanne o Sol d’eterna luce» de Porpora, légèreté arcadienne du merveilleux «Miro che il fiumicello» de Caldara, climat rêveur dans le délicat «Mentre io godo» de Scarlatti: la voix de la jeune soprano s’adapte à chaque grille de lecture requise avec une facilité et une force de conviction irréprochables. Il faut dire que sa technique lui permet également de s’abandonner totalement, les agilités vocales nécessitées par tel ou tel extrait («Posso e voglio» de Scarlatti!) ou la longueur du souffle imposée par le climat de déploration souhaité ne prenant jamais le devant. Le voyage musical auquel Blandine Staskiewicz participe met tout bonnement la musique, et elle seule, en évidence, témoignant de la richesse de ce début de XVIIIe siècle.


Mais, justement, que serait ce disque sans Les Accents, dirigés comme toujours du violon par Thibault Noally? Car cet ensemble, dont nous avons plusieurs fois eu l’occasion de saluer les mérites, nous enchante de nouveau de la première à la dernière seconde. Les solistes sont admirables de justesse, à commencer par Emmanuel Laporte au hautbois, qui, dans le dialogue instauré avec la chanteuse dans l’air «Miro che il fiumicello», se hisse sans difficulté au niveau de Blandine Staskiewicz, cet extrait justifiant à lui seul l’acquisition du disque. Ecoutez ces échanges, sur fond de douces ondulations des cordes qui, tour à tour, peignent le ruisseau ou la brise auquel le texte fait référence... De même, comment ne pas citer le trompettiste Serge Tizac (quels échanges avec la voix dans le flamboyant «Ecco già l’orrenda tromba» de Porpora!) et, bien sûr, Thibault Noally dont les talents de violoniste ne sont plus à démontrer? A ce titre, l’extrait de l’oratorio de Bononcini La Conversion de Madeleine («Cor imbelle à due nemici») témoigne de l’influence de Corelli sur toute cette génération de compositeurs, le violon se pâmant de virtuosité dans des échanges d’une beauté stupéfiante avec la voix. Au-delà des solistes, ces compositeurs réussirent sans peine à faire de l’orchestre un protagoniste à part entière, son rôle dépassant largement celui de simple faire-valoir. Comment ne pas éprouver ce sentiment en écoutant la verve de l’ensemble (les archets tressautant sur les cordes avec une jubilation de chaque instant) dans l’air «Fremer da lunge io sento» ou l’ostinato des cordes, tout en lenteur et en profondeur, qui sert de véritable écrin à la voix dans l’air «Per il mar del pianto mio», un des extraits les plus marquants de cette anthologie?


On l’aura compris: pour la chanteuse, pour le chef et pour l’orchestre, un maître-disque!


Le site de l’ensemble Les Accents


Sébastien Gauthier

 

 

 

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