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07/14/2019
Gabriel Fauré: Requiem, opus 48 (version de 1893) [1]
Francis Poulenc: Figure humaine, FP 120 [2]
Claude Debussy: Trois Chansons de Charles d’Orléans [3]

Roxane Chalard (soprano) [1], Martial Pauliat (ténor) [3], Mathieu Dubroca (baryton) [1], Louis-Noël Bestion de Camboulas (orgue)
Ensemble Aedes, Les Siècles, Matthieu Romano (direction)
Enregistré à La Seine musicale, Boulogne-Billancourt (mai 2018 [2, 3]) et en public en l’abbaye de Lessay (août 2018 [1]) – 59’21
Aparté AP201 (distribué par Harmonia mundi)


Sélectionné par la rédaction





L’ensemble vocal professionnel Aedes s’est fait une spécialité du répertoire français qu’il a beaucoup enregistré. Son directeur, Mathieu Romano, dirige pour la première fois au disque un programme avec orchestre, en l’occurrence Les Siècles de François-Xavier Roth, dans le Requiem de Fauré, le reste du programme étant a cappella.


Dans la notice qui accompagne cet enregistrement Mathieu Romano, le directeur fondateur d’Aedes, explique son choix de la version 1893 du Requiem de Fauré, la version initiale à petit effectif (sans violons sauf un violon solo dans le Sanctus) comme lors de la première exécution à la Madeleine le 21 janvier 1893. Ce souci d’authenticité s’accorde aussi avec le fait d’utiliser des instruments d’époque comme ceux des musiciens des Siècles et un chœur d’environ une trentaine de chanteurs. A cela s’ajoute également l’emploi de la prononciation dite gallicane du latin utilisée en France jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.


Ce parti pris donne en fin de compte un Requiem de Fauré non sans qualités, mais qui souffre aussi de certaines limites. Ainsi le spectre des nuances semble-t-il parfois resserré, la polyphonie vocale trop souvent dominée par les voies aiguës, l’articulation, même si le sens de la ligne est le plus souvent là, semble paradoxalement parfois hachée du fait de surprenantes césures. Les solistes issus du chœur ne déméritent pas ni n’impressionnent. On se surprend à redécouvrir la magnifique partie d’orgue et les superbes parties d’alti et violoncelles mais on aime moins le solo de violon dans le Sanctus. En somme, un Requiem présumé authentique d’une belle transparence et de belle facture mais qui n’émeut à aucun moment comme si trop de contrôle nuisait sur ce point.


Aucune réserve en revanche sur la pièce de Poulenc, hormis l’aigu final sans doute inchantable. On connaît le contexte de la composition, pendant la guerre, sur des poèmes de Paul Eluard et la création à Londres en 1945. Chaque mot est ici audible et habité, le sens de la ligne est à chaque instant construit et la polyphonie, autrement plus complexe que celle de Fauré, plus équilibrée et donc plus perceptible. La quatrième pièce, «Un loup», à l’atmosphère nostalgique magnifiquement rendue et la cinquième, «Première marche la voix d’un autre», avec son fortissimo final, sont sans doute parmi les plus réussies.


Aedes a déjà enregistré les Trois Chansons de Charles d’Orléans de Debussy en 2011. Mais il nous propose ici les versions originales de 1898 de la première («Dieu! qu’il la fait bon regarder!») et da la troisième («Yver, vous n’estes qu’un villain»), la deuxième chanson («Quant j’ai ouy le tabourin») ayant été ajoutée en 1908. Debussy, qui utilisait une voix de ténor soliste dans cette deuxième chanson dans la version de 1908, est finalement revenu ultérieurement à la voix de mezzo. Mais c’est bien un ténor qui est entendu dans cet enregistrement. Ici aussi, Aedes impressionne par son sens de la ligne, sa maîtrise du texte, de la polyphonie et se montre apte à de belles nuances. La comparaison avec les pièces définitives permettra à chacun de faire son choix.


Au total, un bel enregistrement avec un Requiem de Fauré qui ravira les amateurs d’authenticité mais qui se révèle surtout convaincant dans le répertoire a cappella. Ce n’est pas une surprise pour un ensemble et un chef dont c’est le cœur de répertoire.


Gilles Lesur

 

 

 

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