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05/25/2019
Charles Villiers Stanford : Symphonies n° 1 en si bémol majeur [5], n° 2 en ré mineur, «Elegiac» [5], n° 3 en fa mineur «Irlandaise», opus 28 [1], n° 4 en fa majeur, opus 31 [4], n° 5 en ré majeur, «L’Allegro ed il Pensieroso», opus 56 [2], n° 6 en mi bémol majeur, «In Memoriam G. F. Watts», opus 94 [3], et n° 7 en ré mineur, opus 124 [4]
Ulster Orchestra, Vernon Handley (direction)
Enregistré à l’Ulster Hall, Belfast (Août 1986 [1], 7-9 septembre 1987 [2], 9-10 mars 1988 [3], 11-13 février 1990 [4] et 30 avril-2 mai 1991 [5]) – 274’53
Coffret de quatre disques Chandos 9279-82 – Notice en anglais, allemand et français





On serait bien en peine de trouver la musique de Charles Villiers Stanford (1852-1924) dans les programmes de concert de nos jours: pour autant, les notices de ces programmes font souvent référence à ce compositeur prolifique en tant qu’illustre professeur, admiré et respecté, d’une génération autrement plus prestigieuse que la sienne – le grand Edward Elgar excepté. D’Arthur Bliss à John Ireland, en passant surtout par Gustav Holst et Ralph Vaughan Williams, toute la génération active au début du XXe siècle a été, de près ou de loin, influencée par ce musicien conservateur, ancien élève de Carl Reinecke à Leipzig notamment. Son legs symphonique, enregistré par Vernon Handley à la fin des années 1980 et au début des années 1990, a été opportunément réuni par Chandos en un coffret constamment réédité depuis 1994. On regrettera cependant que les compléments symphoniques, notamment les six Rhapsodies irlandaises, doivent faire l’objet d’un achat séparé, mais là encore imparfait du fait de l’absence du Concerto pour clarinette enregistré par Handley au cours de ce cycle.


Quoiqu’il en soit, cette somme s’impose pour tout amateur de la musique de Brahms, avec laquelle Stanford entretient de nombreuses parentés. C’est particulièrement marquant dans la Première Symphonie (1877), d’une transparence et d’une légèreté diaphanes qui rappelle aussi les premières symphonies de Dvorák dans les ruptures et l’aspect séquentiel. Si Stanford n’évite pas un Scherzo assez décoratif, il convainc davantage dans la noblesse sereine de la fin du mouvement lent, placé en troisième position – une constante chez Stanford, qui fait ce choix dans pas moins de cinq de ses sept symphonies. Le finale séduit quant à lui par la sincérité de son élan et son thème resserré, concluant de fort belle manière la symphonie la plus longue de son auteur – un peu plus de 46 minutes.


La Deuxième Symphonie «Elégiaque» (1882) apparaît encore plus fluide que la précédente, se rapprochant de Schumann par la majestueuse conduite de son inspiration mélodique, tout autant que dans le caractère sous-jacent dans les différents mouvements. Avec la Troisième «Irlandaise» (1887), on découvre l’ouvrage qui fit largement connaître Stanford en Angleterre et en Allemagne, lui permettant de créer sa symphonie suivante à Berlin. Les motifs lyriques s’enchaînent naturellement à l’instar de son mouvement lent, le plus connu, inspiré d’un thème populaire irlandais également utilisé précédemment par Brahms dans sa Quatrième Symphonie. Stanford n’hésite pas à recourir à une emphase inhabituelle pour lui, annonçant la fougue d’un Holst, pour très vite revenir à un lyrisme plus proche de l’habituel modèle brahmsien. En dehors de son début qui rappelle Elgar dans la peinture en demi-teinte subtile des sentiments et des caractères, on pense encore globalement à Schumann tout au long de la Quatrième Symphonie de 1889, malheureusement un rien en retrait au niveau de l’inspiration mélodique.


Avec la Cinquième Symphonie (1895), on tient là l’une des œuvres les plus réussies de son auteur avec celle qui suit. Un souffle nordique proche de Grieg irradie les superbes deux premiers mouvements, d’une grâce mélodique inspirée qui résonne aisément dans la tête après l’écoute. Plus inégaux, les deux derniers mouvements comportent néanmoins de beaux passages. La Sixième «In Memoriam G. F. Watts» (1905) séduit quant à elle par un tempérament plus affirmé, incarné par l’usage plus vigoureux des cuivres, mais qui reste arrimé à cette volonté de séduction mélodique, fidèle en cela aux maîtres anciens. Le mouvement lent se montre une fois encore inégal, heureusement compensé par un finale superbe, au souffle romantique. Retour à Brahms dans la dernière symphonie (1912), qui ne brille donc pas par sa modernité, mais reste plaisante pour son ton lyrique, se rapprochant quelque peu des orages de la Septième Symphonie de Dvorák dans les Variations - Andante, véritable sommet de la partition.


Ce coffret hautement recommandable bénéficie avant tout de la direction constamment inspirée de Vernon Handley à la tête d’un excellent Orchestre de l’Ulster, qui respire sans jamais s’appesantir, en individualisant chaque pupitre au bénéfice d’un festival de couleurs. Le tout est parfaitement rendu par une excellente prise de son, hormis une certaine résonance pour la Troisième Symphonie, enregistrée au tout début du cycle, en 1986. Enfin, on relèvera une notice intéressante de Lewis Foreman maladroitement traduite en français.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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