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10/08/2018
Gaetano Donizetti : Messa di Requiem
Carmela Remigio (soprano), Chiara Amarù (alto), Juan Francisco Gatell (ténor), Andrea Concetti, Omar Montanari (basses), Coro Donizetti Opera, Fabio Tartari (chef de chœur), Orchestra Donizetti Opera, Corrado Rovaris (direction)
Enregistré en public à Bergame (29 novembre 2017) – 69’59
Dynamic CDS7813





Voici une œuvre peu connue et qui a réussi à survivre à travers les années et les siècles passés dans des circonstances mouvementées. En 1835 meurt brutalement le jeune compositeur Vincenzo Bellini, auteur notamment de Norma, ouvrage lyrique qui fera de lui l’un des plus grands compositeurs italiens du XIXe siècle, période dominée par la figure emblématique de Giuseppe Verdi. Mais la mort de Bellini bouleverse profondément un autre compositeur, Gaetano Donizetti, tout aussi investi dans le répertoire lyrique. Donizetti est anéanti. Il est en pleine répétition de l’un de ses plus célèbres ouvrages, Lucia di Lammermoor, lorsqu’il apprend la triste nouvelle et décide alors d’écrire une Messe de Requiem à la mémoire de son ami Bellini.


Cette œuvre malheureusement incomplète sera créée bien plus tard, en 1870. Elle ne résistera pas à la postérité pour plusieurs raisons bien compréhensibles: la notoriété du géant Verdi, dont les opéras sont universellement connus et qui est l’auteur d’un célèbre Requiem, l’un des chefs-d’œuvre absolus de la musique religieuse. Et puis, Donizetti reste avant tout un compositeur «lyrique» et l’on ne sait pas assez qu’à travers sa gigantesque production, la musique religieuse représente une part importante de son œuvre, aujourd’hui totalement inconnue. Il faudra attendre 1975 pour que l’on redécouvre ce Requiem en mineur grâce aux recherches du compositeur et musicologue Vilmos Leskó, qui va être à l’origine de sa réédition.


Un premier enregistrement discographique sera publié en 1988, dans lequel on retiendra la présence de la soprano Cheryl Studer, avec l’Orchestre symphonique de Bamberg, sous la direction de Miguel Gómez Martínez. Puis elle fut donnée et très remarquée au Festival de Saint-Denis en juin 2016 par Leonardo García Alarcón avec son orchestre, le Millenium Orchestra. Enfin, vient de paraître un nouvel enregistrement de cette Messa di Requiem, captée en public lors d’un concert dans la basilique Santa Maria Maggiore de Bergame, à l’endroit même où elle fut créée.


Le parti pris esthétique de cette interprétation est de rester proche de la vision romantique du XIXe siècle, avec un orchestre symphonique fourni («Orchestre Donizetti Opera») et un chœur aux couleurs typiquement lyriques («Chœur Donizetti Operar»). C’est un choix qui se respecte mais qui est, aujourd’hui, le reflet d’une esthétique de moins en moins actuelle.


Est-ce pour cela que l’on ne s’enthousiasme pas devant cet enregistrement? Au-delà de cette impression, il est à noter que la construction de l’œuvre est singulièrement affaiblie par l’absence de trois pièces essentielles que sont le Sanctus, le Benedictus et l’Agnus Dei. Pourtant, ce concert «en direct» dégage une atmosphère et une émotion de réelle inspiration religieuse malgré la faiblesse de certains passages en manque d’inspiration, côtoyant, par ailleurs, des pages de toute beauté.


La distribution vocale est, elle aussi, inégale sachant, de surcroît, que les voix solistes féminines sont, hélas, fort peu utilisées par Donizetti. On notera cependant la couleur chaude de la voix de Carmela Remigio. Du côté des hommes, les appréciations sont contrastées. Sur le plan de l’écriture, Donizetti confie le rôle le plus important à la basse et offre au ténor des moments privilégiés. Il les réunit aussi dans un beau duo expressif («Judex ergo»). Le ténor Juan Francisco Gatell possède toutes les qualités pour défendre l’aria la plus connue, «Ingemisco», malgré le contrepoint trop marqué du duo violon-violoncelle qui déséquilibre la partie vocale. Malheureusement, la voix d’Andrea Concetti, basse, est fatiguée et l’on ne peut accepter l’omniprésence d’un vibrato souvent laborieux avec, qui plus est, çà et là, certains problèmes de justesse. Il est vrai que les conditions du direct ne sont pas réellement confortables, mais l’importance de la partie de basse dans cet ouvrage aurait mérité que cette couleur vocale, par ailleurs très chaleureuse, ne soit pas entachée par de tels problèmes techniques.


La direction de Corrado Rovaris souligne, s’il en était besoin, l’écriture «opératique» de Donizetti et la prise de son dans ce lieu accentue le manque de définition. Mais l’émotion est palpable et cet enregistrement pendant un concert sur les lieux de la création mérite qu’on s’y intéresse et achève un parcours semé d’embûches pour la reconnaissance de cette Messa di Requiem.


Dominique Debart

 

 

 

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