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05/22/2017
Ivan Fedele : Phasing – Pulse and Light – Wood-skin tracks – Two Moons Two
Maria Grazia Bellocchio, Aldo Orvieto (pianos), Simone Beneventi, Dario Savron (percussions), Alvise Vidolin (directeur du son), Luca Richelli (électronique en temps réel)
Enregistré à l’Auditorium Pollini de Padoue (2014 et 2016) – 69’40
Stradivarius STR 37050 – Notice en italien et en anglais


 Sélectionné par la rédaction





S’il ne se découpe pas en «périodes» à proprement parler, le catalogue abondant d’Ivan Fedele (né en 1953) a toutefois développé ces quatre dernières années un «Feeling» (terme du compositeur) pour la percussion, accompagné d’un intérêt renouvelé pour le piano. Ce disque monographique, entièrement constitué de premières mondiales, s’inscrit donc dans la continuité de Duals (2016), cycle éponyme de l’album publié récemment chez le même éditeur.


Phasing (2013), pour deux pianos et deux ensembles de percussions, renvoie à la fois à une notion chérie des compositeurs minimalistes (Steve Reich en tête) et au lexique de la chimie. Le début, tout en sonorités cristallines (aigu du piano et glockenspiel), se fond bientôt dans la fluidité opaque des notes répétées. La dernière section se veut un hommage à Bartók, auteur de l’emblématique Sonate pour deux pianos et percussion (1937), en citant textuellement un motif de Mikrokosmos. On est conquis par l’alacrité rythmique comme par la facture élégante de cette pièce qui ne sombre jamais dans le systématisme des principes présidant à son élaboration.


Mais le chef d’œuvre de l’album est bien Pulse and Light (2014), pour deux pianos et électronique en temps réel. La pièce se réfère à la troisième phase de l’histoire de l’univers, au moment de la formation des atomes, quand la lumière perça sous l’obscurité. Avec ses tremolos aux frontières de l’audible, qui montent subrepticement dans les aigus et baignent dans le liquide amniotique dispensé par l’électronique, le début est des plus captivant. Lors de l’apparition des radiations, toute l’étendue du clavier est zébrée de traits convulsifs. Les pianistes agissent par endroits directement dans les cordes de l’instrument. On pourra toujours regretter que la plage ne soit pas davantage segmentée, mais la forme reste perceptible à l’auditeur de bonne volonté. En seulement seize minutes, un condensé de musique et d’émotion.


Au regard de ces deux moment forts, les autres pièces du programme paraîtront moins abouties. Wood-skin tracks (2016), pour deux percussionnistes et électronique en temps réel, approfondit la relation spatiale (essentiellement stéréophonique) entre deux familles d’instruments. L’électronique (dé)multiplie les potentiels dynamiques, timbriques et aléatoires. Refonte d’Armoon (1983) pour quatre pianos, Two Moons Two (2000/2016) ne convainc pas, sans doute parce que la partie électronique, préenregistrée, fait un peu tapisserie. Cela retire un certain dynamisme à l’exécution et nous renvoie aux pièces un peu datées des années 1960 et 1970 qui s’employaient à mêler lutherie traditionnelle et bande magnétique.


Un disque recommandé avant tout, on l’aura compris, pour le motorique Phasing et l’ensorcelant Pulse and Light, ainsi que pour la maestria des interprètes.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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