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05/12/2017
Walter Zimmermann : Voces abandonadas – The Missing Nail at the River – Blaupause – Blueprint – Romanska Bågar – AIMIDE
Nicolas Hodges (piano)
Enregistré à la Klaus-von-Bismarck-Saal, Cologne (février 2009) – 75’46
Wergo WER 7356 2 (distribué par Distrart) – Notice en allemand et en anglais





Dans la famille Zimmermann, je demande Walter (né en 1949). Au jeu des sept familles, pas sûr que cette requête obtienne un franc succès. Quitte à promouvoir un membre de la dynastie «Charpentier» (traduction littérale de «Zimmermann»), Bernd Alois (1918-1970), voire Udo (né en 1943) recueilleraient davantage de suffrages. C’est le grand mérite de ce disque Wergo que de combler nos lacunes.


Nicolas Hodges joue ici des œuvres pour piano composées entre 2001 et 2006. Découpé en deux séries, le cycle Voces abandonadas s’appuie sur une collection d’aphorismes du poète argentin Antonio Porchia. Il est constitué de deux plages, l’une de 23’05, l’autre de 15’23, segmentées par d’envahissants silences. Plutôt qu’une fusion des influences pleinement revendiquées par Zimmermann, on y perçoit surtout la coexistence de deux figures tutélaires – une main semble appartenir à Anton Webern (voire à György Kurtág), l’autre à Morton Feldman (celui de l’expansif For Bunita Marcus). S’invitent par endroits quelques formules idiomatiques pour l’instrument (d’allures schumaniennes). A la différence du Lachenmann (à qui est dédiée la première série) de Guero (1970) et ses sonorités fricatives ouvrant un espace vierge, Voces abandonadas demeure dans l’ensemble fidèle aux modes de jeu traditionnels. Il y a une dimension intuitive, voire ludique, dans l’approche de l’instrument, comme serait celle, vierge de tout a priori, d’un enfant confronté pour la première fois aux 88 touches. En dépit du jeu nuancé de Nicolas Hodges et de l’éclairage dispensé par la (savante) notice, cette musique particulièrement exigeante pour l’écoute nous a semblé bien ennuyeuse; il est vrai que l’absence des aphorismes dus à Antonio Porchia n’en facilite guère l’appréhension.


Les compléments n’infléchiront pas, hélas, le ressenti de départ. Hommage à Charles Ives, The Missing Nail at the River pour piano et piano jouet fait référence aux hymnes religieux chers à l’auteur de la Sonate «Concord» sans s’élever au-delà de l’anecdotique; on y chercherait en vain l’intense poésie insufflée au travers d’un instrumentarium semblable par un George Crumb (né en 1929) dans son émouvant Ancient Voices of Children (1970). On espère pouvoir entendre au concert la musique – encore rarement jouée de ce côté-ci du Rhin – de Walter Zimmermann pour nous déjuger.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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