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05/09/2017
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour violon n° 1, K. 207, n° 2, K. 211, n° 3, K. 216, n° 4, K. 218, et n° 5, K. 219 – Sinfonia concertante pour violon et alto, K. 320d [364]
Domenico Nordio (violon), Danilo Rossi (alto), Respighi Orchestra, Federico Ferri (direction)
Enregistré en public à la salle Bolognaise d’Il Conte (26-29 septembre 2002) – 147’35
Album de deux disques Concerto Classics CD 2100-2 – Notice (en italien et en anglais) d’Andrea Nigromontano





Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 5 en la majeur, K. 219 [1]
Hans Werner Henze : Concerto pour violon et orchestre n° 1 [2]
Frank Martin : Magnificat (version de 1968) [3]

Wolfgang Schneiderhan (violon), Irmgard Seefried (soprano), Swiss Festival Orchestra, Paul Hindemith [1], Ferdinand Leitner [2], Bernard Haitink [3] (direction)
Enregistré en public au Kunsthaus, Lucerne (13 août 1952 [1], 26 août 1964 [2], 14 août 1968 [3]) – 65’27
Audite «Lucerne Festival - Historic performances» 95.644 – Notice en anglais





Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622 [1]
Jörg Widmann : Drei Schattentänze [2]
Carl Maria von Weber : Concerto pour clarinette n° 1 en fa mineur, opus 73 [3]

Jörg Widmann (clarinette), Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Peter Ruzicka (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie (4 mai 2013 [1]), à la Grosser Saal Nalepastrasse (10-11 juin 2014 [3]) et à la Kleiner Sendessaal RBB (9 mars 2015 [2]), Berlin – 59’34
Orfeo C 897 151 A – Notice (en allemand et en anglais) de Jörg Widmann et Lennart Schneck





Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour flûte et harpe en ut majeur, K. 297c [299] – Concerto pour flûte n° 1 en sol majeur, K. 285c [313] – Andante en ut majeur, K. 285e [315]
Emmanuel Ceysson (harpe), Orchestre de chambre de Paris, Philippe Bernold (flûte et direction)
Enregistré en l’église Notre-Dame du Liban, Paris (7-10 juillet 2015) – 56’
Aparté AP 115 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (en français et en anglais) de Philippe Bernold et Geneviève Geffray





Mozart. Encore et toujours Mozart pourrait-on dire. Le fait est que chacun souhaite se frotter à sa musique comme en témoignent ces divers disques, intégralement ou partiellement consacrés à l’œuvre concertante du divin compositeur, avec, comme on va le voir, des réussites très diverses.


Commençons donc par les cinq Concertos pour violon et la Symphonie concertante interprétés par Domenico Nordio. Etait-ce indispensable d’éditer aujourd’hui cet ensemble dont l’enregistrement date d’il y a désormais quinze ans? On peut se le demander compte tenu du jeu du soliste... Car, côté orchestre, c’est plutôt pas mal. Le début du Premier Concerto et l’accompagnement dans le premier mouvement du Cinquième témoignent d’une approche vive, l’orchestre allégé étant conduit avec entrain et justesse (le mouvement lent de la Symphonie concertante) par Federico Ferri. En revanche, Domenico Nordio ne peut que susciter l’énervement, l’auditeur ayant très rapidement envie de passer à la plage suivante du disque puis, à la fin, à définitivement autre chose. Si le Premier Concerto est globalement bien fait, avec finesse et panache à la fois (excellent Presto conclusif), c’est bien le seul. Pour le reste, l’affectation semble être le mot d’ordre interprétatif, le soliste se sentant obligé d’en rajouter là où c’est inutile, jouant notamment des cadences caricaturales (le premier mouvement des Quatrième et Cinquième Concertos!), s’avérant incapable de tenir le moindre tempo (le Rondo. Tempo di menuetto du Cinquième Concerto), multipliant les glissandi de mauvais goût (dans le même mouvement notamment)... L’écoute du dernier mouvement du Troisième Concerto s’avère insupportable en raison des boursouflures que Nordio nous impose à 1’06 ou à 5’; de même pour le premier mouvement du Quatrième, presque défiguré par le soliste. La Symphonie concertante s’en sort mieux parce que Nordio doit composer avec Danilo Rossi à l’alto; pour autant, on percevra sans difficulté, ici ou là, quelque note traînante, quelque ralenti pour mieux accélérer ensuite, donnant ainsi l’impression d’un dynamisme qui aurait pu par ailleurs exister sans ces artifices. On oublie donc bien vite cet enregistrement pour retourner aux classiques signés notamment Isaac Stern (Sony) ou, pour qui souhaiterait une interprétation sur instruments d’époque, aux magnifiques gravures données par Thomas Zehetmair et l’Orchestre du XVIIIe siècle dirigé par Frans Brüggen, dont on avait déjà dit qu’elles méritaient d’être pleinement réhabilitées.


Bien différente est évidemment la version du Cinquième Concerto donnée par Wolfgang Schneiderhan (1915-2002) et l’Orchestre du festival de Lucerne dirigé par Paul Hindemith! Si la prise de son est plus lointaine, c’est surtout le style qui diffère par rapport à Nordio. Témoignant d’une justesse parfois sujette à discussion dans les aigus, l’ancien Konzertmeister du Philharmonique de Vienne aborde l’œuvre de façon très classique, où la figure de Mozart est plus poudrée et légendaire que jamais. Les notes s’envolent dès le premier mouvement, les cadences sont de bon aloi, l’élégance entoure chaque note (le deuxième mouvement, joué au cordeau, mais surtout le Rondo qui a valu au concerto son qualificatif de «turc»): pas de surprise donc mais, après ce que l’on a entendu précédemment, pas de mauvaise surprise, et c’est déjà très bien. Paul Hindemith, qui remplaçait là Wilhelm Furtwängler dans un concert qui comportait également l’Ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven et la Cinquième Symphonie de Bruckner (dont il a également dirigé la Septième), dirige l’orchestre avec application mais si cette gravure revêt un intérêt, c’est avant tout pour son soliste. Premier complément au concerto de Mozart, le Premier Concerto (1947) de Hans Werner Henze (1926-2012) impressionne doublement. Tout d’abord, rappelons que le compositeur n’avait alors que 21 ans quand il a écrit le premier de ses trois Concertos pour violon, témoignant d’une science de l’orchestre, d’un jeu des contrastes, d’un agencement des sonorités en tout point remarquables. Ensuite, Schneiderhan fait montre de toute l’étendue de sa technique au fil des quatre mouvements de l’œuvre: le Largamente rubato - Allegro molto donne le ton, avant le bref Vivacissimo (un peu plus de deux minutes), diabolique à souhait, qui n’est pas sans rappeler les pages les plus noires de Prokofiev ou Chostakovitch. Le troisième mouvement, qui reprend les oppositions entre soliste et grandes masses orchestrales (notamment les cuivres), file alors vers le dernier, qui s’achève de manière assez brutale: une œuvre sans conteste à (re)découvrir! Enfin, pour bien apprécier le Magnificat de Frank Martin (1890-1974), il faut se souvenir que Wolfgang Schneiderhan et Irmgard Seefried se sont mariés en 1948, leur couple ayant suscité plusieurs compositions pour violon, voix et orchestre. La présente œuvre, dirigée par Bernard Haitink, dure une dizaine de minutes: peu de choses à dire sur cette voix au début presque vociférante, parfaitement doublée par son violon de mari, l’œuvre se terminant sur une note apaisée qui contraste fortement avec la première partie de ce qui demeure une vraie curiosité.


Aussi connu pour ses talents de compositeur (signalons entre autres les créations françaises de Con brio ou de Teufel Amor) que de clarinettiste (tant dans des œuvres contemporaines de Mark Andre que dans des «classiques» comme Messiaen), Jörg Widmann (né en 1973) est une figure importante de la scène musicale mondiale. Ce disque allie les diverses cordes à son arc au travers tout d’abord de deux œuvres-phares du répertoire pour clarinette avec le Concerto de Mozart et le Premier Concerto de Weber. Après tant et tant de gravures, peut-on renouveler son approche du célébrissime Concerto K. 622? A ce véritable défi, certains répondront par un jeu classique mais terriblement bien fait où l’orchestre s’allège et le jeu charme du début à la fin: c’est l’optique relativement récente de Patrick Messina sous la baguette de Riccardo Muti. D’autres, et c’est le cas de Widmann en l’espèce, préfèreront revisiter ce discours classique par quelques apports personnels: avouons tout de suite que l’ensemble, bien fait, s’avère néanmoins parfois artificiel et globalement maniéré. Cette affectation s’impose dès les premières interventions de la clarinette, légèrement tenues, avec un goût prononcé pour un léger prolongement des notes et quelque maniérisme dans l’interprétation (le tempo à 6’40, des appogiatures à notre sens inutiles à 11’05...). Widmann développe une technique certes infaillible mais ses pianissimi sont tellement susurrés dans l’Adagio qu’ils confinent au ridicule. En dépit de liaisons à la limite de la faute de goût (à 7’30), le Rondo: Allegro termine cette version, enregistrée en public à la Philharmonie de Berlin, sur une note des plus jubilatoires. Dans le Premier Concerto de Weber, Widmann adopte au contraire un jeu très classique, fort bien fait, où domine là encore un troisième mouvement (de nouveau un Rondo: Allegro) coloré et entraînant. Dans les Trois Danses de l’ombre, Widmann allie ses talents de compositeur et d’interprète. Les atmosphères sont très différentes selon la pièce considérée: le jeu porte dans la première sur les sonorités et sur le souffle (y compris le bruit du souffle dans le corps de l’instrument), dans la deuxième sur les trilles (peut-être s’agit-il d’ailleurs du mouvement le plus réussi, parce que le plus mélodique?), dans le troisième sur les surprises et son caractère iconoclaste, à l’image de la toute fin. Widmann dévoile ici aussi un jeu coloré et impliqué qui fera peut-être la valeur de ce disque, les références habituelles des concertos de Mozart et de Weber n’étant pour leur part guère bouleversées.


Même si Mozart reste Mozart, nous en voudra-t-on d’écrire qu’à notre sens, ce ne sont pas dans ses œuvres concertantes pour flûte que son génie éclate avec le plus d’évidence? Pourtant, le Concerto pour flûte et harpe demeure un passage obligé pour tout flûtiste: Philippe Bernold en livre une excellente version. Parfaitement en osmose tant avec Emmanuel Ceysson qu’avec les musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris, il aborde ce célébrissime concerto avec un naturel et une fraîcheur bienvenus, qui font oublier les roucoulades de quelques autres versions dont les sonorités sirupeuses obscurcissent la beauté. Très bien enregistrés, les deux solistes offrent un jeu classique mais dénué donc de tout alanguissement (si facile dans le deuxième mouvement) qui, à défaut de bouleverser la discographie de l’œuvre, lui fait tout à fait honneur. Il en va de même pour le Premier Concerto pour flûte, dont l’interprétation sans atermoiement permet de renouveler l’approche: Bernold sait où il va, n’orne pas à foison et pour la seule beauté du geste (le troisième mouvement, où les notes ne sont pas, pour une fois, trop «piquées»), donnant de ce concerto une version irréprochable à défaut d’être vraiment enthousiasmante. Avouons que le complément (l’Andante en ut majeur) ne revêt qu’un intérêt limité mais il permet de garnir un disque plaisant dont le minutage aurait pu être sinon un peu court.


Le site de Domenico Nordio
Le site de Jörg Widmann
Le site de Peter Ruzicka
Le site du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Le site de Philippe Bernold
Le site d’Emmanuel Ceysson
Le site de l’Orchestre de chambre de Paris


Sébastien Gauthier

 

 

 

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