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04/15/2017
Louis Spohr : Symphonies n° 3 en ut mineur, opus 78 [1], n° 6 en sol majeur «Historische Sinfonie im Stil und Geschmack vier verschiedener Zeitabschnitte», opus 116 [2], n° 7 en ut majeur «Irdisches und Göttliches im Menschenleben», opus 121 [3], et n° 8 en sol majeur, opus 137 [4]
Státna filharmónia Kosice, Alfred Walter (direction)
Enregistré à la Maison des Arts de Kosice (26-28 mars [3], 27-28 septembre [4] et 12-16 novembre [1, 2] 1991) – 62’49 [1, 2] et 68’58 [3, 4]
Naxos 8.555533 [1, 2] et 8.555527 [3, 4] – Notices (en anglais) de Keith Warsop





La Philharmonic Society de Londres proclamait haut et fort le 6 mai 1848: «Maintenant que Mendelssohn est décédé, Spohr détient le titre de premier compositeur de son temps, sans rival possible.» Force est de constater que l’histoire de la musique n’a guère été de cet avis. Car si Spohr reste aujourd’hui connu pour ses œuvres concertantes (quinze concertos pour violon mais surtout quatre très beaux Concertos pour clarinette), le reste de son œuvre demeure encore confidentiel, qu’il s’agisse de ses pièces chorales (à l’instar de son oratorio L’Apocalypse) ou de ses dix Symphonies (dont une inachevée). Après une Quatrième (1832) récemment chroniquée dans nos colonnes, voici deux volumes issus de la même intégrale éditée chez Naxos.


Le premier disque associe les Troisième (1828) et Sixième (1839). La Troisième, comme en écho aux propos de la Philharmonic Society comporte de belles couleurs qui, dans le premier mouvement, évoquent immédiatement Mendelssohn, grâce aussi à un élan et à une petite harmonie de très bonne tenue. De manière générale d’ailleurs, ce sont les vents qui se font surtout remarquer: ainsi, du cor solo dans le Larghetto (à partir de 6’10), mouvement qui bénéficie également de la belle ampleur du pupitre de violoncelles, ou du jeu global des vents dans le mouvement conclusif même si celui-ci ne révèle guère de fol imagination. Pour autant, l’ensemble est bien conduit par la baguette un peu raide d’Alfred Walter (1929-2004). Plus originale, la Sixième Symphonie, dont le sous-titre constitue à lui seul l’explication de ce que l’on entend: «Symphonie historique dans le style et le goût de quatre époques différentes»! Et effectivement, le premier mouvement se veut résolument «baroque», le deuxième affichant des options plus «classiques», le troisième étant d’obédience préromantique (très original en raison notamment d’un important jeu de timbales), le dernier mouvement étant également assez spécifique. L’exercice de style est intéressant mais est-il pour autant pleinement convaincant? On entend beaucoup de longueurs, notamment dans le premier mouvement («Epoque de Bach et de Händel»), mais on a tendance à se prendre au jeu du compositeur; le deuxième mouvement («Epoque de Haydn et de Mozart») est très beau, bien construit et l’alternance adroite entre cordes et bois ne pèse en aucune manière sur ces plus de dix minutes de musique.


Le second disque, consacré aux Septième et Huitième Symphonies, laisse une impression plus mitigée. Car l’intérêt pour ces symphonies ne peut occulter certaines faiblesses qui demeurent plus ou moins tout au long de la symphonie: des bois un peu en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre (signalons en particulier une clarinette assez laide, la faute sans doute à une anche un peu faible, dans le premier mouvement de la Septième et dans le troisième mouvement de la Huitième), un violon solo qui lui aussi, bien que fortement sollicité, connaît de récurrents problèmes de justesse (deuxième mouvement de la Septième à partir de 3’25 et troisième mouvement de la Huitième là encore), une direction assez routinière qui n’empoigne jamais vraiment les œuvres... C’est d’autant plus dommage que chacune de ces symphonies recèle de vraies trouvailles. Il est ainsi très original d’écouter le premier mouvement (Adagio – Allegretto) de la Septième, sous-titrée «Le Caractère terrestre et divin de la vie humaine», où le quatuor à cordes soliste dialogue harmonieusement avec le reste de l’orchestre. Le deuxième mouvement (Larghetto - Allegro moderato), très chambriste dans son agencement, est presque dansant et évoque irrésistiblement les cabarets viennois (couleurs que l’on retrouve dans le dernier mouvement de la Huitième), le dernier mouvement rappelant pour sa part les couleurs étourdissantes de l’Ouverture d’Abu Hassan de Weber.


Deux disques qui viennent donc parfaire notre connaissance de l’œuvre de Louis Spohr, à défaut de pleinement le réhabiliter faute d’une réalisation qu’on aurait pu souhaiter de meilleure facture.


Le site de la Société Spohr


Sébastien Gauthier

 

 

 

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