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04/15/2017
Manuel de Falla : Cuatro piezas espanolas – Homenaje: Le Tombeau de Claude Debussy – El sombrero de tres picos: Danza de la molinera, Danza de los Vecinos, Danza del molinero – Canto de los remeros del Volga – El amor brujo: Pantomima, Escena, Canción del fuego fatuo, Danza del terror, Romance del pescador (El circulo mágico), Danza ritual del fuego – Pour le tombeau de Paul Dukas – Fantasía baetica
Wilhem Latchoumia (piano)
Enregistré à Cahors (26-28 mars 2016) – 63’27
La dolce volta LDV 27 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (en français, anglais, allemand et japonais) sous forme d’entretien avec Wilhem Latchoumia


 Sélectionné par la rédaction





A la suite d’Albéniz et de Granados, l’esprit nationaliste de toute une époque cristallisé dans l’enseignement de Felipe Pedrell, inspira à son tour un jeune Manuel de Falla (1876-1946) dont les compositions, toujours imprégnées d’une essence andalouse, passent rapidement d’un relatif premier degré folklorisant à une expression créative et à une grande clarté de forme et de structure, sans doute en partie grâce à l’influence de ses amis français, Debussy, Dukas et Ravel.


De ce premier degré tout relatif, Wilhem Latchoumia ne retient que les Quatre Pièces espagnoles de 1906-1908, commencées en Espagne mais terminées en France où Falla résida jusqu’en 1914. Le programme du récital de Latchoumia s’en éloigne progressivement, en plaçant judicieusement la transcription de trois danses du Tricorne (1919) avant celle de six volets contrastés de L’Amour sorcier (1915-1925), avec en apothéose l’éclat transcendant de la Fantaisie bétique de 1919, dédiée à Arthur Rubinstein et fruit de la sensibilité extrême et de toute la science stylistique acquise du compositeur espagnol. Trois pièces à part jalonnent l’ensemble: la fine transcription pour piano de l’Hommage pour le tombeau de Claude Debussy (1920) écrit à l’origine pour la guitare la même année, la très curieuse transcription assez dépouillée du Chant des bateliers de la Volga (1922) et la solennité austère mais émouvante du Tombeau de Paul Dukas (1935).


William Latchoumia n’a plus à prouver sa maîtrise pianistique et il met en valeur avec une acuité intense et une générosité souple et agile les sept œuvres de Falla qui représentent presque la totalité de sa production pour piano seul. Sur les sept, trois seules sont composées directement pour le piano, mais les différentes transcriptions sont toutes du compositeur et le piano donne un autre relief à ces partitions dont on peut apprécier pleinement les versions originales pour orchestre tout en restant sensible à leur «nouvelle» mais bien réelle profondeur musicale qui garde en parallèle sa grande beauté propre.


Latchoumia fait ressortir les fines différences de couleur entre les quatre Pièces espagnoles, de la grâce fluide d’«Aragonesa» et des rythmés syncopés de «Cubana» aux scintillements de «Montanesa» et à la passion d’«Andaluza», annonciatrice des climats des grandes pièces orchestrales à venir. Les trois danses du Tricorne prennent admirablement la suite, proches des Piezas tout en étant de structure et de facture plus subtiles. La transcription accentue les contrastes entre les différents volets de L’Amour sorcier. Les volets plus lyriques s’imprègnent d’un charme mystérieux et, au piano, la frappe percussive de la «Danse de la frayeur» sonne bien. La «Chanson du feu follet» sans orchestre et sans cantaora devient tout à fait autre et les rythmes ornés moins sauvages filent d’un pas léger, délicieusement capricieux. Latchoumia garde une certaine distance vis à vis de la «Danse du feu», toujours fougueuse mais plus belle et plus noble sous ses doigts que dans certaines interprétations plus intempestives.


Le joyau reste le souffle âpre et violent de la Fantaisie bétique, que Latchoumia livre avec une précision diabolique. La teneur du récital mène petit à petit à ces hauteurs permettant aux impressionnantes sonorités, innovatrices quoique toujours andalouses, de se déployer avec une logique musicale suprême qui séduira sans doute certains mélomanes peut-être encore peu sensibles à cette œuvre sublime. Le pianiste français en marque les contrastes et la grande variété de palette avec une grâce mordorée ou avec l’énergie burinée d’un soleil noir, le toucher ferme et les voix secondaires toujours limpides à l’égal de Jean-François Heisser (Mirare) ou d’Alicia de Larrocha (EMI).


«Je ne peux pas être au piano sans penser à un orchestre, cela détermine une part essentielle de mon jeu, de ma sonorité: il me faut des couleurs, la profusion des harmonies et des polyphonies. J’espère y être parvenu.» Les auditeurs, curieux, pianistes ou mélomanes, ne pourront écouter le récital de Wilhem Latchoumia sans lui donner une réponse affirmative.


Le site de Wilhem Latchoumia


Christine Labroche

 

 

 

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