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02/14/2017
«Shakespeare Songs»
Mario Castelnuovo-Tedesco : Shakespeare Songs, opus 24
Hector Berlioz : La Mort d’Ophélie, opus 18 n° 2, H. 92a
Ernest Chausson : Chansons de Shakespeare, opus 28
Camille Saint-Saëns : La Mort d’Ophélie
Johannes Brahms : Fünf Ophelia-Lieder, WoO 22
Franz Schubert : An Silvia, D. 891 – Ständchen, D. 889
Francis Poulenc : Fancy, FP 174
Ivor Gurney : Under the Greenwood Tree – Orpheus
Gabriel Fauré : Shylock, opus 57: 1. «Chanson»
Jean Sibelius : Deux Mélodies de «La Nuit des rois» de Shakespeare, opus 60
Hugo Wolf : Lied des transferierten Zettel
Robert Schumann : Lieder und Gesänge, opus 127: 5. «Schlusslied des Narren»
Erich Wolfgang Korngold : Songs of the Clown, opus 29: 1. «Come away, death» – Four Shakespeare Songs, opus 31: 1. «Desdemona’s Song» & 4. «When birds do sing»

Isabelle Druet (mezzo-soprano), Anne Le Bozec (piano)
Enregistré au Théâtre-Auditorium de Poitiers – 67’41
NoMadMusic NMM038 – Livret et textes en français, anglais et allemand


 Sélectionné par la rédaction





La célébration en 2016 des 400 ans de la disparition de William Shakespeare est le prétexte à cet enregistrement de mélodies inspirées par le dramaturge et poète anglais réalisé par deux artistes françaises. Il est à rapprocher du magnifique disque publié récemment par Warner Classics et on ne sera pas surpris que certaines des œuvres choisies soient communes aux deux enregistrements, même si la connotation francophone et féminine (Ophélie, Desdémone), interprètes obligent, y est ici plus importante.


Les pièces de Mario Castelnuevo-Tedesco (1895-1968), compositeur italien qui étudia auprès d’Alfredo Casella avant d’émigrer en 1939 aux Etats-Unis, seront sans doute pour beaucoup une belle découverte. Marquée par la poésie, l’œuvre de Castelnuevo-Tedesco est aussi empreinte d’ibérité (il rencontre en 1932 Andrés Segovia), ce qui est flagrant dans l’avant-dernière pièce («La Grâce d’Apemantus») de ce magnifique recueil. La deuxième pièce, pleine de grâce et d’émotion, est ici magnifiquement servie par les interprètes.


La Mort d’Ophélie de Berlioz figure ici dans sa première version pour voix et piano de 1842. En 1848, Berlioz en donnera une version pour chœurs de femme et orchestre qui deviendra la deuxième partie de Tristia, triptyque trop rarement donné: on avouera préférer cette version postérieure, qui met plus en valeur l’inventivité de Berlioz, à la première entendue ici. Les pièces de Chausson sont trois superbes adagios tristes. Le premier, véritable chant funèbre, le deuxième, chant de l’amour perdu alors que le troisième voit Ophélie pleurer son frère.


Dans La Mort d’Ophélie de Saint-Saëns, on goûte véritablement chaque mot de l’interprétation d’Isabelle Druet. En revanche, les cinq très courtes pièces de Brahms qui suivent ne sont sans doute pas parmi les plus intéressantes de son auteur. De par son texte, A Silvia de Schubert est sans doute plus adapté à une voix d’homme mais ici encore Isabelle Druet l’interprète avec goût. La Sérénade qui suit est un autre beau succès et l’accompagnement d’Anne Le Bozec très réussi.


Comme dans le disque d’Ian Bostridge, on retrouve ensuite le séduisant et très réussi Fancy de Poulenc. Ivor Gurney (1890-1937) est un compositeur anglais, aussi poète, qui fut très marqué par la Première Guerre mondiale et finit sa vie interné en milieu psychiatrique. Ses deux pièces, À l’ombre de l’arbre de la forêt et Orphée, sont de belles découvertes. La «Chanson» de Fauré baigne quant à elle dans une belle ambiance poétique et champêtre.


Les mélodies de Sibelius, chantées en suédois, résistent plus à leurs interprètes, même si la seconde («Hé! Ho!») est interprétée avec un entrain communicatif. La pièce unique de Wolf dédiée aux oiseaux est un petit bijou. La courte pièce de Schumann est elle aussi une belle réussite entraînante. Si deux des pièces de Korngold de ce disque sont également présentes dans celui de Bostridge («Va, ô mort», «Chanson de Desdémone»), la troisième («Quand les oiseaux chantent») n’y figure pas. Elle illumine la fin de ce disque d’un enthousiasme rayonnant.


Tout au long de ce bel enregistrement, les deux artistes font preuve de vraies qualités d’interprètes. La diction d’Isabelle Druet est claire dans toutes les langues, l’intonation précise, le style adapté et le jeu d’Anne Le Bozec de qualité. On remarquera simplement que certaines pièces sont moins réussies que d’autres. Quant à la trop courte brochure qui accompagne ce disque, plus centrée sur les interprètes que sur le programme, elle n’aide pas à découvrir des œuvres et/ou des auteurs dont certains, au moins, auraient mérité présentation et mise en perspective.


Gilles Lesur

 

 

 

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