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01/06/2017
«Molière à l’opéra»
Jean-Baptiste Lully: Pastorale comique: Entrée des magiciens & Chaconne des magiciens – La Princesse d’Élide: «Quand l’amour à nos yeux» – Monsieur de Pourceaugnac: Entrée des Procureurs et des Sergents & Entrée des Matassins – Le Bourgeois gentilhomme: «Sé que me mueno de amor», «Ay qué locura», Ballet des Nations & «Quels spectacles charmants» – Les Amants magnifiques: «Quand je plaisais à tes yeux», Menuet, «Vous chantez sous ces feuillages», «Ah! Que sur notre cœur» & «Dormez, beaux yeux» – Psyché: «Deh, piangete al pianto mio» & Entrée de la suite d’Apollon
Marc-Antoine Charpentier: Le Sicilien: Ouverture – Le Mariage forcé: «La, la, la, bonjour»

Luanda Siqueira (soprano), Jean-François Lombard et Jérôme Billy (ténors), Virgile Ancely (basse), Les Paladins, Jérôme Correas (clavecin et direction)
Enregistré à l’Opéra de Reims (décembre 2015) – 72’30
Notice (en anglais, français et allemand) de Jérôme Correas et Elizabeth Giuliani
Glossa GCD 923509





Jean-Baptiste Lully (1632-1687) et Jean-Baptiste Poquelin dit Molière (1622-1673), «Les deux Baptiste» comme les avait surnommés Madame de Sévigné, ont collaboré le temps d’une dizaine d’œuvres: du Mariage forcé (1664) (dans Les Fâcheux en 1661, Lully n’avait composé qu’une Courante) à Psyché (1671). Ce fut l’heure de gloire de la comédie-ballet que l’on peut définir sobrement comme une «comédie mêlée de musique et de danses» (Françoise Dartois-Lapeyre, Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Fayard, page 166).


Excellent connaisseur du répertoire musical du Grand Siècle, Jérôme Correas nous livre avec ce disque un échantillon de ce que Lully a pu composer pour certaines comédies de Molière, de Monsieur de Pourceaugnac au Bourgeois gentilhomme en passant par Les Amants magnifiques, ce disque faisant suite à plusieurs représentations d’un spectacle éponyme données en province (à Reims en décembre 2015) avant Antony, Fontainebleau, Massy et, dernièrement, à Paris. Bénéficiant d’un petit ensemble instrumental (sept musiciens et quatre chanteurs), Jérôme Correas dirige un disque qui, malheureusement, s’avère finalement des plus ternes. L’implication des chanteurs ne fait pas de doute mais où est la verve requise? Où est l’humour? Où est la théâtralité de cette musique qui en est d’ailleurs la justification même? Prenons l’exemple de Monsieur de Pourceaugnac (1669), dont on arécemment entendu l’interprétation que pouvait en donner William Christie: alors que le jeu et le chant des acteurs dans l’«Entrée des Procureurs et des Sergents» faisait merveille, on entend ici des mélodies très sages, parfaitement exécutées certes (soulignons l’excellente basse Virgile Ancely) mais beaucoup trop mesurées où rien ne vient susciter l’intérêt de l’auditeur. De même, dans la Pastorale comique (1667), la «Chaconne des magiciens» est bien tranquille et les rires qui doivent couronner l’air sur «le beau jouvanceau...» sont très retenus, voire artificiels.


Une part de la responsabilité de ce tableau de la comédie-ballet échoit sans aucun doute à Jérôme Correas lui-même, ayant choisi des extraits qui frappent par leur tonalité globalement uniforme, là où un Minkowski (génial disque de février 1987 édité chez Erato!) savait diversifier les ambiances, servi au surplus par un orchestre plus étoffé (incluant Fabio Biondi, Florence Malgoire, Hugo Reyne, Marcel Ponseele et Sébastien Marcq!) où la truculence savait être bel et bien présente. Un bon exemple de ce choix peut être illustré par Le Bourgeois gentilhomme qui, avec Monsieur de Pourceaugnac, marque «l’apogée de la collaboration» entre Molière et Lully (Jérôme de La Gorce, Jean-Baptiste Lully, Fayard, page 517). Là où Minkowski avait notamment convié la célèbre «Marche» et le non moins entraînant «Chœur des Turcs» (conduit par Bernard Delétré, inégalable en Grand Mufti!), Correas préfère le plus sage «Ballet des Nations», qui se révèle moins enthousiasmant. Les onomatopées de la pièce n’en demeurent pas moins une heureuse surprise de chaque instant, rappelant à qui l’aurait oublié combien la langue de Molière était alors inventive. Même si Marc-Antoine Charpentier fut un second choix après Lully, c’est finalement peut-être l’extrait de la partition révisée du Mariage forcé qui retient le plus l’attention grâce à un trio de chanteurs des plus comiques. Un second choix donc après Minkowski pour qui souhaiterait se plonger dans l’univers de la comédie-ballet.


Enfin, chose étonnante de la part d’un éditeur aussi scrupuleux que Glossa, Le Sicilien ou l’Amour peintre est sauf erreur une œuvre de Lully et non de Charpentier comme indiqué dans la notice, ce dernier n’ayant semble-t-il pas «retravaillé» la partition de Jean-Baptiste Lully comme ce fut par exemple le cas du Mariage forcé pour lequel il composa de nouveaux intermèdes.


Le site de l’ensemble Les Paladins


Sébastien Gauthier

 

 

 

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