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09/21/2016
«Tramages»
Martin Matalon : Trame IV – Trame VII – Trame I – Trame VIII
Philippe Hurel : Interstices (*)

Julien Weber (hautbois), Guillaume Tétu (cor), Anne de Fornel (piano), Lucie Antunes (percussion), Ensemble Mesostics, Jean Geoffroy, Renaud Déjardin (*) (direction)
+ 1 DVD
Enregistré du 8 au 11 juillet 2010 – 72’03 (+71’17 DVD contenant les sessions de répétition et d’enregistrement ainsi que des entretiens avec Martin Matalon, Jean Geoffroy, Anne de Formel et Bernard Cavanna et extraits du Concerto pour violon de Cavanna)
Hortus 104 (distribué par AVM) – Notice bilingue


 Sélectionné par la rédaction







A l’heure où les subventions diminuent comme une peau de chagrin et où la musique dite contemporaine semble toujours à la marge des programmes, l’émergence d’une nouvelle formation vouée à la création est à saluer. Fondé en 2010, l’Ensemble Mesostics s’attache «à faire interagir compositeurs, écrivains, artistes plasticiens, danseurs et réalisateurs». Sa vocation parallèle de transmission et de pédagogie transparaît à travers le DVD accompagnant son premier enregistrement audio: y figurent des extraits des répétitions, des commentaires des compositeurs sur leurs œuvres ainsi qu’un bref entretien avec le chef Jean Geoffroy et la pianiste Anne de Fornel, directrice artistique de cet ensemble constitué de vingt-trois jeunes musiciens.


N’étaient la pièce de Philippe Hurel (né en 1955) et les extraits, dans le DVD, du Concerto pour violon (1999) de Bernard Cavanna (né en 1951) dans une transcription pour ensemble de quinze instruments, il s’agit d’un disque monographique consacré à Martin Matalon (né en 1958) dont est exploré le cycle des Trames comparable, par la variété des pièces et des effectifs qu’il requière, aux Assonances de Michael Jarrell ou aux Strathclyde Concertos de feu Peter Maxwell Davies. Dans un mouvement de balancier dont l’histoire est coutumière, c’est moins l’idée du concerto romantique, avec ce rapport conflictuel entre le «moi» du soliste et le «multiple» de l’orchestre, que l’esprit chambriste (revisité) des Concertos brandebourgeois qui régit les quatre Trames ici proposées.


Trame IV (2001) pour piano et onze instrumentistes donne la sensation d’une poussée de sève continue ou, formellement parlant, d’un final de concerto auquel manqueraient les mouvements principaux. Une pièce virtuose, scintillante, aux allures de toccata. A Trame I (1997) pour hautbois et cinq instrumentistes, pièce la plus ancienne du programme un rien démonstrative dans ses intentions, on préfère la fascinante Trame VII (2010) pour cor et quinze instruments: il s’agit presque d’un mini-concerto, aux mouvements segmentés et contrastés visant à explorer le principe de la narration «en raison de la multiplicité de possibilités qu’elle génère par son évitement, sa disruption et son atomisation» (Matalon). La recherche sur le son va de pair ici avec une certaine hospitalité pleinement assumée (des différents moyens d’articuler ou d’émettre le son), en totale opposition avec la première manière de Helmut Lachenmann (né en 1935), lequel concevait ainsi la composition: «agir de façon négative, éliminer dès le départ ce à quoi on est habitué, de découvrir ce qui est d’abord implicite pour le supprimer et ainsi révéler ce qui avait été éliminé au départ. Rien n’est plus constructif qu’une telle destruction.» On reconnaît là un discours ancré dans l’époque de la table rase... Dans Trame VII, le cor, à l’approche de la nuit, dispense ses appels lointains sur les sonorités cristallines de l’ensemble. Une pièce fascinante – remarquablement interprétée par le corniste Guillaume Tétu – qu’on rapprochera du vers «Un coucher de soleil dont le rouge perdure sur un vase de Crète» tiré du poème éponyme du cycle La Trame de Borges.


Toujours maître dans l’«écriture de processus», Philippe Hurel extrapole dans Interstices (2010) pour piano et trois percussionnistes les virtualités timbriques de l’instrument, sollicité par le biais d’une partie labile et exigeante, quoiqu’assez idiomatique (dédiée à Françoise Thinat, la partition fut écrite pour le IXe Concours international de piano d’Orléans). Peu de «quiétude» dans cette pièce, ainsi qu’en convient Philippe Hurel lui-même, qui va jusqu’à la mener à son terme en répétant de manière obstinée une même formule comme l’on se cognerait la tête contre un mur.


«Un ensemble de très haut niveau» affirmait Martin Matalon à l’issue des séances d’enregistrement: un avis auquel on ne peut que souscrire en souhaitant un avenir radieux à l’Ensemble Mesostics.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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