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03/02/2016
«Paroles à l’absent»
Ernest Chausson : Chant nuptial, opus 15 – Chant funèbre, opus 28 – Chanson perpétuelle, opus 37
André Caplet : Messe à trois voix – Inscriptions champêtres
Lili Boulanger : D’un vieux jardin – D’un jardin clair – Cortège – Pie Jesu
Maurice Ravel : Trois beaux oiseaux du Paradis

Chœur Luce del Canto, Simon-Pierre Bestion (direction), Ensemble Europa Barocca: Cyrielle Eberhardt, Sophie Iwamura (violon), Lika Laloum (alto), Gulrim Choi (violoncelle), Aya Okuyama (pianp)
Enregistré à Boulogne (avril 2014) – 58’42
NoMadMusic NMM 008 – Notice (en anglais et français) de Simon-Pierre Bestion, incluant opportunément les textes des œuvres vocales





«Paroles à l’absent» est un disque remarquable pour sa programmation et l’hommage rendu à des œuvres composées autour de la Première Guerre mondiale. Raffinement des textes aux confins du romantisme finissant et du symbolisme naissant, élévation spirituelle et ferveur religieuse, mis en musique avec le plus grand raffinement dans cette esthétique française si bien représentée par Chausson, Caplet, Ravel et Lili Boulanger, dont la musique reste encore à explorer.


Avec une prise de son en halo sonore, sans relief, où ne transparaissent ni émotion ni ferveur, l’ensemble s’apparente à un sympathique chœur de nonnes, dont on peine à comprendre les paroles. Il ne suffit pas de «faire joli». La Chanson perpétuelle – que l’on ne se lasse pas d’entendre par Géori Boué, accompagnée par le Quatuor Pascal et Raymond Trouard – qui devrait être si naturelle, si simple, si frémissante, se voit ici boursouflée par une soliste qui prend systématiquement les notes par en dessous et les pousse avec le vibrato, sans grande conviction poétique. Les pièces religieuses, Messe à trois voix de Caplet, Pie Jesu de Lili Boulanger, magnifiques au demeurant, déçoivent également par une interprétation qui se veut transparente, lisse, où là encore, les sons sont attaqués de manière crue et parfois approximativement justes, suivis d’un vibrato pour compenser.


La pianiste japonaise Aya Okuyama, qui se spécialise dans l’enregistrement sur pianos anciens, ne semble pas avoir été très inspirée par l’accompagnement de ces pièces. On a peine à croire, notamment, qu’on laisse passer à l’enregistrement une introduction et des commentaires pianistiques aussi plats et désinvestis dans le Chant funèbre de Chausson, sans aucun phrasé, sans nuances, sans ambiance... On se laissera séduire par les pièces de Lili Boulanger, mais on ne rêvera pas, comme on le fait en écoutant Eve Beroux, à un vieux jardin ni à un jardin clair.


A trop vouloir «provoquer des rencontres, tisser des liens, mélanger les gens et les genres», selon les propos très à la mode du chef Simon-Pierre Bestion dans les notes de programmes, cet ensemble a perdu de vue l’essence même de la musique vocale française de cette époque, sa technique et sa spécificité liées aux textes. Quel dommage!


Christian Lorandin

 

 

 

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