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02/28/2016
«Stabat Mater»
Gennaro Manna : Lectio VIII Defunctorum
Aniello Santangelo : Sinfonia en fa majeur
Giacomo Sellitto : Stabat Mater

Marie Lys (soprano), Maria Chiara Gallo (mezzo-soprano), Luca Cervoni (ténor), Antonio Masotti (basse), Abchordis Ensemble, Andrea Buccarella (clavecin et direction)
Enregistré en l’église catholique Saint Panthéon de Solothum (16-19 octobre 2014) – 60’05
Deutsche Harmonia Mundi 88875159722 (distribué par Sony Classical) – Notice (en allemand, anglais, français et italien) d’Andrea Buccarelli et traduction des textes chantés


 Sélectionné par la rédaction





Ce qui frappe en premier lieu dans ce disque, c’est... la photographie qui illustre la jaquette car ce Christ voilé réalisé en 1753 par Giuseppe Sanmartino, désormais visible à la chapelle Sansevero de Naples, est incroyable tant par la finesse de sa réalisation que par son réalisme. On a vraiment l’impression de voir un vrai cadavre sous un fin linceul: le décor est planté!


Or, il ne faut pas se fier totalement aux apparences car, si deux des œuvres présentées ici sont bel et bien religieuses et invitent à l’introspection, la troisième, une sinfonia pour deux violons, alto et basse continue, composée par un certain Aniello Santangelo (dont on ne sait rien si ce n’est qu’il fut professeur de violon à Naples de 1737 à sa mort, en 1771) est en revanche une pièce des plus classiques pour l’époque. Un premier mouvement à la mélodie volontariste, illustrée par un jeu des plus nerveux, offre un beau prélude à un mouvement lent et à un Presto conclusif aux accents vivaldiens évidents, le violon solo de Katia Viel s’illustrant magnifiquement.


La première pièce de ce disque est due à la plume de Gennaro Manna (1715-1779) dont Andrea Buccarella rappelle dans l’instructive notice d’accompagnement, peut-être non sans humour, que l’on a fêté en 2015 le tricentenaire de la naissance: pour être honnête, hormis les spécialistes de ce répertoire, qui s’en souvenait? Et c’est fort dommage car cette Lectio VIII Defunctorum (une de ses trois Leçons pour l’Office des morts qui nous sont parvenues) est une œuvre des plus poignantes, qui trouve ici une interprétation à la hauteur de son intensité. Outre la voix mélodieuse et d’une parfaite finesse de la soprano Marie Lys, cette pièce met en exergue une orchestration étonnamment diversifiée qui passe ainsi d’une une introduction orchestrale du «Pelli meae» typique du style de Vivaldi à un dialogue fort habile dans le «Quem visurus» entre les aigus des cordes et le grave du basson. Saisissants contrastes dans une œuvre qui révèle ici toutes ses subtilités: à quand de nouvelles découvertes chez ce compositeur?


Enfin, œuvre la plus conséquente du disque (près de quarante minutes), le Stabat Mater de Giacomo Sellitto (1701-1763), dont les affinités avec celui, célébrissime cette fois, de Pergolèse sont évidentes: il suffit d’écouter le «Stabat Mater» introductif, notamment l’orchestre, pour s’en rendre compte. Servi par un quatuor de solistes irréprochables (Maria Chiara Gallo, qu’elle chante seule dans le «O quam tristis» ou en duo avec la soprano Marie Lys, ou l’excellente basse Antonio Masotti, notamment dans l’«Inflammatus»), ce Stabat Mater recèle également un orchestre aux petits soins. Les cordes sont typiques de cette époque et offrent des couleurs que l’on a plaisir à écouter, les contrastes entre leurs aigus et les graves de la basse continue (notamment du basson) que l’on avait déjà perçus chez Manna se renouvelant ici avec bonheur (de nouveau dans l’«Inflammatus»).


Devant un tel résultat (le premier disque enregistré par l’Ensemble Abchordis), on ne peut que souhaiter la poursuite de l’entreprise de redécouverte de ce répertoire napolitain opérée par Andrea Buccarella et les siens: compte tenu des petits bijoux révélés ici, nul doute que la parure musicale de ce siècle d’or ne demande qu’à être aujourd’hui pleinement révélée.

Le site de Marie Lys
Le site de l’Ensemble Abchordis


Sébastien Gauthier

 

 

 

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