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02/23/2016
«The Complete Solo Piano Music - 4»
Felix Mendelssohn : Six Préludes et Fugues, opus 35 – Andante cantabile e Presto agitato, Wo0 6 – Lied en la majeur – Lieder ohne Worte (Fünftes Heft), opus 62

Howard Shelley (piano)
Enregistré en l’All Saints’ Church de Londres (17-19 décembre 2014) – 67’14
Hyperion CDA68125 (distribué par Distrart) – Excellente notice trilingue


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A l’instar des précédents, ce volume – le quatrième de l’intégrale en cours de la musique pour piano de Felix Mendelssohn par Howard Shelley (né en 1950) – mélange les genres. Le corpus en sort grandi quand on distribue de la sorte un (ou deux) Cahier(s) des Romances sans paroles par disque plutôt que de les enchaîner comme des perles... au risque d’un excès de sucrerie. De sucrerie on ne trouvera guère sous les doigts du pianiste britannique tant chaque pièce semble s’épanouir à sa juste mesure. Mieux: le compositeur, souvent perçu d’une manière monolithique, voit sa personnalité s’enrichir au fil du programme : l’on est habitué à Eusebius et Florestan chez Schumann, Faust et Méphisto chez Liszt, mais il y a aussi un aspect Janus chez leur aîné, qui introduit sans barguigner les galopades du farfadet dans un Prélude et Fugue (celui en si mineur). Et si l’écoute débute sous les auspices du respectable Johann Sebastian, elle se poursuit avec les suaves Romances sans paroles; preuve, s’il en était besoin, que Felix sait changer sa lyre d’épaule.


Il est des Romances historiques (Nikita Magaloff, Denon), lyriques (Murray Perahia, Sony), poétiques (Daniel Barenboim, DG): celles de Shelley sont élastiques. Non qu’il faille déplorer des tempos erratiques ou des décalages désuets entre les deux mains que certains pianistes se sentent obligés d’infliger à cette musique, mais un génie du phrasé («Andante espressivo») qui s’exprime au travers des pleins et des déliés («Chant de gondolier vénitien»), des sautes d’humeur («Allegro con anima»), du caprice de l’instant («Allegretto grazioso»). Au reste le Cinquième Cahier (dédié à Clara Schumann), que referme la célébrissime «Chanson de printemps», apparaît comme l’un des plus inspirés du recueil.


Opus majeur que le compositeur écrivit pour l’instrument, les Six Préludes et Fugues ne volent pas tous à la même altitude: souvent, l’apparat scholastique corsète l’inspiration dans une pénible rhétorique. C’est tout le mérite de Shelley que d’y introduire, lorsque la mécanique tourne un peu à vide, l’esprit du scherzo. Ailleurs (le fameux mi mineur), le jeu décanté comme le soin apporté à la fluidité du chant qui se détache d’un buisson d’arpèges concourent à souder le diptyque: du coup, les préludes n’ont rien de débraillé et annoncent, thématiquement, l’édifice contrapuntique à venir.


Sans aller à l’encontre du romantisme tempéré de cette musique en voulant lui faire dire plus qu’elle ne peut offrir, le jeu racé de Howard Shelley a su en trouver les clefs. Vivement les volumes 5 et 6!


Jérémie Bigorie

 

 

 

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