About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

10/04/2015
«British Works for Cello and Piano, volume 3»
Edmund Rubbra : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, opus 60
Alan Rawsthorne : Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur
Ernest John Moeran : Sonate pour violoncelle et piano en la mineur

Paul Watkins (violoncelle), Huw Watkins (piano)
Enregistré à Dunwich (30 octobre-1er novembre 2013) – 59’05
Chandos Records CHAN 10818 – Notice trilingue de Calum MacDonald





A la suite de deux premiers volumes, Paul et Huw Watkins poursuivent leur exploration des œuvres pour violoncelle et piano de leurs compatriotes avec un troisième volume qui, comme le deuxième, réunit trois œuvres très proches dans le temps, celles-ci composées entre 1945 et 1948 dans un climat encore marqué par le souvenir tourmenté des temps de guerre. Edmund Rubbra (1901-1986), Alan Rawsthorne (1905-1971) et E.J. Moeran (1894-1950) font partie d’une génération délaissée après guerre parce qu’encore ancrée dans la tradition à une époque où l’espoir renaissait dans un souhait de renouveau résolument tourné vers un avenir qui se devait d’être autre. Leur musique est peu souvent à l’affiche, y compris outre-Manche, malgré une excellente facture, un chromatisme travaillé et une urgence intérieure d’une évidence émouvante.


La Sonate (1945-1947) d’Edward John Moeran est dédiée à son épouse, la violoncelliste Peers Coetmore, qui la créa et qui en laisse une prestation (Lyrita, 1969) que certains estiment toujours de premier plan. Paul Watkins en donne cependant une prestation ardente, l’accompagnement de Huw Watkins tout aussi intense et efficace. Les thèmes mélodiques et certains rythmes de la Sonate s’imprègnent d’une fragrance irlandaise teintée de mélancolie à plusieurs reprises au cours des trois mouvements, le premier tendu mais lyriquement ample et énergique, l’Adagio sombrement dramatique et le finale d’une agitation mouvementée assez inattendue, fougueuse et percussive avant sa conclusion plus sereine.


Les longues lignes du violoncelle comme celles du piano alternent entre la vocalité et la précision véloce d’une pluie de notes motorique: la Sonate (1946) d’Edmund Rubbra, malgré la modernité parfois syncopée de l’approche et un développement organique, ne laisse oublier le grand intérêt que le compositeur portait à la musique polyphonique de la Renaissance européenne et de la période baroque. Les deux instruments s’épanouissent individuellement, l’un mettant l’autre en valeur dans un contrepoint étudié et d’un bel effet, qu’il soit mené au tempo plus rapide des deux premiers mouvements ou soumis au délicat alanguissement du fin Adagio, le thème ensuite soumis à un lent crescendo impressionnant au cours de six variations accelerando, la septième une fugue majestueuse qui amène petit à petit une pleine ampleur.


La troublante Sonate (1948) d’Alan Rawthorne reflète sans doute le plus sûrement la violence et la désolation des temps de guerre. De forme classique à la tonalité enrichie, aux motifs serrés et aux contours mélodiques intensément expressifs, la composition privilégie les contrastes de tempos et de rythmes au cours de chacun des trois mouvements qui passent d’une passion effrénée à l’élégie et d’une lumière aveuglante de violence aux ténèbres, le sentiment plus positif qui ouvre le finale déviant aussitôt. Le ton élégiaque, qui domine jusques aux instants les plus vigoureusement musclés, sied tout particulièrement bien au violoncelle de Paul Watkins, que l’on sent en phase avec cette œuvre. Son frère Huw, affrontant avec souplesse le contrepoint athlétique et la variété de toucher, passe comme il se doit d’une transparence fluide et délicate à une puissance féroce.


Paul Watkins (né en 1970) est actuellement membre du Quatuor Emerson, principal chef invité de l’Orchestre d’Ulster et directeur musical de l’Orchestre de chambre anglais. Huw (né en 1976) est pianiste et compositeur. Leur prestation bénéficie de la finesse d’une prise de son Chandos mais ils y apportent un engagement sans faille, toute leur intelligence musicale et une entente que l’on peut penser instinctive. C’est un programme tout à fait convaincant.


Le site de Paul Watkins


Christine Labroche

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com